Accueil Actu

Le nombre de jeunes mineurs radicalisés augmente: comment l'expliquer?

Le dernier rapport de l'OCAM indique que 2021 a vu un nombre de jeunes radicalisés plus important. Le constat n'est pas surprenant mais pas moins inquiétant. Plusieurs facteurs peuvent l'expliquer.

En 2021, un nombre plus élevé de mineurs ont été impliqués dans des dossiers de sécurité. C’est un constat de l’OCAM, l’Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace, dans son rapport d’activité. Des adolescents étaient spécifiquement au centre d’un certain nombre de dossiers de menaces, une tendance déjà observable dans le courant de l’année 2020. Presque tous les cas concernaient des garçons âgés de 16 à 18 ans.

Ils ne sont pourtant pas dans le profil-type des personnes radicalisées, selon Michael Dantinne, professeur de criminologie à l'ULiège "Les profils sont plutôt des hommes jeunes majeurs. Mais en réalité, qu'il s'agisse de la perception qu'on a de sa vie et du monde et toute une série d'émotions qui entrent en jeu, comme le fait de se sentir seul et de ne pas se sentir important ou de se sentir victime d'une discrimination ou d'une injustice, cela peut frapper à la fois les majeurs et les mineurs" explique-t-il.

La crise du Covid-19 s’est traduite pour de nombreux jeunes par une forte restriction de leur liberté et de leurs contacts sociaux. Cela peut être un facteur important. Cette tendance semble également constatée dans certains de nos pays voisins.

Le problème des mineurs qui s’essaient à l’extrémisme et au terrorisme n’est pas nouveau. Lors de la crise syrienne, un nombre significatif d’adolescents (garçons et filles) voulaient se rendre dans la zone de conflit. Cette tendance n’était déjà pas un phénomène typiquement belge mais plutôt européen.

Le phénomène n'étonne pas, mais inquiète : "Au plus d'individus s'engagent dans des processus de radicalisation, plus la probabilité que l'un ou l'autre transforme cela en acte violent est grande" précise Michael Dantinne.

Un facteur commun important dans ces dossiers semble être qu’une partie du processus de radicalisation a déjà eu lieu en ligne. "Cela permet d'être en contact avec des idées, des gens qui portent ou partagent ces idées. Dès lors que l'on parle des plus jeunes qui ont un rapport souvent très étroit avec Internet et différents réseaux sociaux et qu'ils s'en servent peut-être comme principale fenêtre sur le monde, ce n'est pas étonnant" explique-t-il.

L’implication de mineurs s’observe principalement dans les domaines de l’extrémisme et du terrorisme djihadistes, mais aussi dans les sphères extrémistes de droite.

Prévention et suivi

Faut-il en conclure que la prévention, depuis les attentats de 2016 est un échec ? "C'est une hypothèse, mais ce que cela montre, c'est la difficulté de cette tâche" nous répond Michael Dantinne. Mais pour Olivier Vanderhaegen, qui a été responsable de la prévention de la radicalisation à Molenbeek de 2014 à 2021, ce n'est pas le cas : "C'est un travail collectif et la première prévention qui devrait se réaliser et qui commence tout doucement à se faire, c'est au niveau de la communauté éducative", clarifie-t-il, en évoquant l'apprentissage du numérique et des réseaux sociaux.

D’après les spécialistes que nous avons consultés (un criminologue et un expert en prévention du radicalisme), la prévention doit commencer dès le plus jeune âge : dans les institutions éducatives et les lieux de loisirs. La prévention est difficile, car le phénomène de radicalisation est extrêmement bien caché. Reste alors le suivi.

L'aide à la jeunesse n'a pas constaté ces dernières années une augmentation significative de dossiers de radicalisation de jeunes.

Le CAPREV, est le Centre d’Aide et de Prise en charge de toute personne concernée par les Radicalismes et Extrémismes Violents. Il dépend des dossiers transmis par l’aide à la jeunesse. Son rôle est d’informer et de conseiller les parents inquiets et d’assurer le suivi individuel de personnes soupçonnées de radicalisation violente. 84 dossiers avaient été ouverts lors de la première année du CAPREV (2017). 60 nouveaux dossiers ont été répertoriés en 2018, 48 en 2019, 24 en 2020 et 31 en 2021. 11 personnes y travaillent.

Un numéro vert existe (0800 111 72) du Réseau de prise en charge des extrémismes et des radicalismes violents. Il est accessible lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 13h et le mercredi de 13h à 17h. Pour une prise en charge individuelle (accompagnement psycho-social et juridique) ou pour une aide à une collectivité (service culturel, sportif, écoles, etc.).

À lire aussi

Sélectionné pour vous