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Présence d'insecticides détectés chez 9 Wallons sur 10: quels sont les risques pour notre santé?

Résultats plutôt inquiétants : 9 Wallons sur 10 ont des "traces" d'insecticides dans le sang. C'est ce que révèlent des analyses commandées par le gouvernement wallon. Une étude qui a aussi permis de déceler, dans les organismes, la présence de différents métaux comme le plomb ou le mercure. Alors, comment l'expliquer ? Est-ce vraiment dangereux ?

Neuf Wallons sur 10 ont des insecticides dans le sang. C'est ce que révèle la première campagne de biosurveillance wallonne. L'enquête a consisté à mesurer les traces et la quantité de plomb, de pesticides et de polluants organiques dans le sang des habitants du sud du pays.

Le résultat n'est pas très éloigné des valeurs qu'on retrouve ailleurs en Europe, mais il faut souligner trois choses:

D'abord, chez 9 Wallons sur 10, on trouve des traces d'insecticides utilisés actuellement. Et pour un quart d'entre eux, il s'agit de glyphosate, le puissant herbicide interdit pour usage privé mais pas pour les agriculteurs. On trouve plus de glyphosate chez les adolescents que chez les adultes. Face à toutes contaminations, quels sont les risques pour notre santé? "Il y a des effets neurotoxiques, par exemple pour le plomb, le cadmium et le mercure. ", informe Corinne Charlier, chef du service toxicologie au CHU de Liège. "Ce sont des métaux qui vont altérer le développement intellectuel. On a aussi un groupe de substances dont l'effet est d'être potentiellement cancérogène." 

Des pesticides anciens, interdits depuis 40 ans, et des polluants persistants sont encore détectés aujourd'hui dans le corps des Wallons. Suzanne Remy, responsable de la cellule Environnement-Santé (ISSEP), détaille: "Ce sont des substances qui ont été émises massivement, il y a plus de 40 ans. Et comme, elles sont persistantes, elles restent dans notre environnement. Elles se dégradent très peu et très lentement, et donc on y est encore confrontés malgré l'interdiction." 

Du plomb dans le sang de tous les Wallons

Enfin, 100% des échantillons de sang comportent des traces de plomb. Nos corps y sont exposés. Comment ? Ingrid Ruthy de l'institut scientifique de la santé publique, explique au micro de Fanny Dehay que ces traces peuvent provenir via "des sols tellement contaminés par l'industrie, dans des anciennes peintures au plomb; quand la peinture va s'écailler et qu'on va la respirer ou ingérer les poussières. On va retrouver du plomb via les vieilles canalisations en plomb qui commencent à être changées en Région wallonne, mais toutes les maisons ne sont pas encore équipées de ces nouvelles canalisations. On peut aussi retrouver du plomb dans l'alimentation."

Un résultat encourageant quand même : les bisphénols qu'on trouve dans certains plastiques et qui sont interdits dans les contenants alimentaires sont présents mais en concentration moindre qu'il y a 10 ou 15 ans. La ministre wallonne de l'environnement, Céline Tellier; affirme qu'elle s'inscrit dans l'objectif européen de réduire de moitié l'utilisation de pesticides d'ici 2030. On peut en conclure que les effets des politiques menées à l'égard de substances incriminées sont perceptibles mais qu'elles ne permettent pas d'éliminer totalement et/ou directement l'exposition.

Le mercure a également été relevé chez plus de 90 % des Wallons, avec des concentrations plus élevées chez les nouveau-nés. D'autres métaux lourds comme le cadmium (près de 90 %) et l'arsenic total (99 %) ont été quantifiés chez les adolescents et adultes.

Au total, 38 substances chimiques imprègneraient nos organismes. 

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