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Nous avons essayé un système d'alarme connecté à moins de 200€: que vaut-il vraiment ?

Le kit d’iSmartAlarm ne coûte que 189€, et prétend vous prévenir en cas d’intrusion. Il est contrôlable à distance en permanence grâce à une application pour smartphone, et s’installe facilement (détecteurs sans-fil, sur piles). Mais après un mois d’utilisation, quelles sont nos conclusions ? Et celles d’un spécialiste du secteur des alarmes "traditionnelles" ? C’est ce que vous découvrirez dans notre enquête.

La maison intelligente se démocratise. Thermostat, caméra de surveillance, lumière, volet: tout peut désormais être facilement installé, puis configuré et contrôlé avec une application pour smartphone. Les coûts sont donc relativement réduits, et il ne faut plus de technicien.

Cette réalité est-elle également applicable au monde des systèmes d'alarme domestiques ? Le kit de base de iSmartAlarm, une jeune entreprise de la Silicon Valley, vendu seulement 189€ sur Amazon (une petite centrale, un détecteur de mouvement, deux détecteurs d'ouverture, deux télécommandes), est arrivé à la rédaction de RTL info.

Nous l'avons testé durant un mois, avant de demander l'avis d'un professionnel du secteur.

De quoi est composé le kit d'iSmartAlarm ?

Il existe de nombreux kits d'alarme à bas prix dans les commerces de bricolage ou en ligne. Celui d'iSmartAlarm a la particularité d'avoir été conçu et imaginé par une startup californienne. Il est donc forcément "smart", comprenez intelligent et connecté.

La base du kit, c'est le "hub", ce gros cube à relier à votre modem/routeur (la Bbox de Proximus, par exemple) avec un câble réseau. Le "cerveau" du système a trois missions: communiquer et envoyer des instructions aux différents capteurs que vous installerez dans la maison, se faire configurer et commander par l'application pour smartphone (et ensuite par les télécommandes), et bien sûr... sonner lorsque l'alarme se met en route.

Autour du kit gravite une série d’accessoires destinés à surveiller l’activité de votre maison. Le moins discret est le détecteur de mouvement, capteur de base d’un système d’alarme. Inutile de préciser son rôle : dès qu’il détecte un mouvement, sa petite lumière rouge clignote, et il prévient immédiatement le cube.

Il y a également dans le kit de base deux capteurs d’ouverture de porte ou de fenêtre (ou de ce que vous voulez, finalement). Il est composé de deux parties, l’une étant à placer sur l’ouvrant, l’autre sur l’encadrement. Elles sont aimantées : dès qu’elles sont séparées, l’une d’elles prévient le cube.

Enfin, il y a deux télécommandes, avec quatre boutons : Armer, Désarmer, A la Maison et Alerte (voir plus bas). Ces boutons, vous l’aurez compris, servent à contrôler le système d’alarme sans passer par l'application pour smartphone. Mais ces télécommandes font également office de "balise GPS" : le cube les détecte lorsqu’elles sont à proximité, et vous pouvez donc savoir qui est rentré à la maison, et à quel moment de la journée (vous pouvez donner un nom à ces télécommandes, idéalement celui de la personne qui la trimbale à son porte-clés).

L’installation est enfantine

La première préoccupation lorsqu’on achète un kit d’alarme à bas prix est la facilité d’installation du kit. Dans le cas de celui d’iSmartAlarm, les choses ont été pensées intelligemment. On sent que tout est parti de la Silicon Valley : on branche le cube, on installe les capteurs, et ensuite on lance l’application (pour iPhone et Android). Le premier reproche que l’on puisse faire au kit, c’est la qualité de cette application. L’interface n’est pas très agréable à utiliser, et les traductions françaises sont parfois approximatives. En cours de test, une mise-à-jour est venue corriger quelques bugs importants, heureusement. Elle est donc fonctionnelle, mais sans plus.

Cette application permet de nommer les différents accessoires du cube. "Mouvement hall d’entrée", "Porte de la cave" et "Fenêtre de la chambre verte" sont donc renseignés au cube et à l’application, en quelques minutes.

Préalablement, il a fallu placer ces trois capteurs. Là aussi, bonne surprise : installation facile. Ils sont tous livrés avec du double face adapté à la forme de l’objet à coller. Même le " gros " détecteur de présence s’est fixé sans problème sur un mur recouvert de papier-peint. Idem pour les capteurs sur une porte en bois ou un châssis en plastique. Tout a tenu en place directement.

Petit bémol pour les télécommandes. Il nous est arrivé plusieurs fois, en les laissant dans une poche accrochée à un porte-clés, d’activer l’alarme sans le vouloir, ce qui fait rapidement retentir la sirène si la maison n’est pas vide.


Est-ce bien efficace ?

Après avoir installé le kit assez facilement, place à l’utilisation. L’usage d’une application permet au kit de se commander de n’importe où dans le monde, pour autant que vous ayez du réseau (Wi-Fi ou 3/4G). Il y a quatre gros bouton sur l’écran d’accueil de cette application, et ce sont les mêmes que ceux placés sur les deux télécommandes.

"Armer" : tous les capteurs sont actifs, et à la moindre détection, le cube sonne. Il y a trois niveaux sonores, et même le plus puissant ne vous fera pas mal aux oreilles... Dommage de ne pas avoir poussé le son plus fort. Le but d’une telle alarme interne est de faire peur aux intrus, de telle sorte qu’ils soient un peu déboussolés et qu’ils quittent les lieux rapidement. Là, c’est un peu faible.

Cependant, les intrus sauront que vous êtes réveillés, et s’ils voulaient rester discrets, c’est raté. La plupart d’entre partiront sans doute.

Lorsque l’alarme retentit, l’application vous prévient également via une notification. Si vous n’êtes pas chez vous, elle est très utile : elle remplace la centrale téléphonique des "vieux" systèmes d’alarme qui appelait des numéros de téléphone à la chaine avec un message précis (et qui nécessitait un abonnement ligne fixe...). L’application vous dit "que le détecteur du hall d’entrée s’est déclenché" et de "ne rentrez pas chez vous avant d’avoir vérifié qu’il n’y avait pas de danger".

L’autre manière d’armer son alarme est le mode "A la maison". Les détecteurs d’ouverture de porte/fenêtre seront actifs, mais pas le détecteur de mouvement. Vous pourrez circuler librement dans votre maison, mais si vous ouvrez (ou un intrus) les portes ou fenêtres auxquelles sont placés des capteurs, alors l'alarme sonnera.

Il y a également le mode "Panique", qui fera retentir l’alarme du cube si vous appuyez sur le bouton de la télécommande ou celui de l’application. Assez inutile à nos yeux, sauf pour faire (un peu) peur aux intrus.

Le quatrième bouton est forcément le mode "Désarmer", qui désactive votre système d’alarme.


Conclusion : qu’en pense un spécialiste des alarmes ?

A 189€ (sur Amazon), le kit d’alarme d’iSmartAlarm s’adresse avant tout aux particuliers souhaitant sécuriser leur maison sans se ruiner. Notre sentiment, après un mois d’utilisation, est plutôt positif.

L’alarme fonctionne correctement, les détecteurs préviennent le "cube" faisant office de cerveau et relié à votre réseau local. Celui-ci, si l’alarme est activée, va sonner (pas assez fort, hélas) à l’intérieur de votre maison, et vous envoyer une notification sur votre smartphone. L’installation, de plus, a été facile. Quant à l’application, elle pourrait être plus agréable à utiliser, mais s’avère finalement assez stable.

Nous avons tout de même rencontré quelques situations ennuyeuses, comme l'activation accidentelle de l'alarme ou du mode "Panique" lorsqu'on sort la télécommande porte-clés de la poche, ou lorsqu'un enfant joue avec les clés. Une simple question d'habitude.

Mais iSmartAlarm a des limites. Thierry est responsable technique chez Alsec, une entreprise nivelloise qui installe des systèmes d’alarme depuis de longues années. Il se méfie avant tout "de la qualité et de la durée de vie des accessoires : c’est du sans-fil, toujours moins fiable ; de plus, le kit coûte aussi cher qu’un détecteur de présence chez nous... à quoi faut-il s’attendre au niveau de la fiabilité ?".

Selon lui, l’effet d’un tel kit "est très peu dissuasif en cas d’intrusion, car il n’y a pas de sirène extérieur : si la maison est vide, ça ne sert pratiquement à rien".

Il ajoute que "en cas de panne de courant ou d’internet, le système ne sert plus à rien", alors que les systèmes traditionnels savent y faire face.

Enfin, il doute énormément de "la qualité du service après-vente, sans doute inexistante : quid en cas de panne, comment avoir des pièces de rechange ? Elles sont compatibles entre les différents fabricants, ce qui permet de conserver son système plus longtemps, même lorsque certains appareils ne sont plus disponibles".

En conclusion, iSmartAlarm ne vaut certes pas un système d’alarme classique (facturé souvent bien au-delà des 1.000€...). Mais, au même titre qu’une porte blindée, que des volets ou que des lampes extérieures s’allumant automatiquement en cas de mouvement, c’est un frein pour les cambrioleurs. La plupart d’entre eux veulent être discrets et ne surtout pas vous réveiller ou attirer l’attention. En cas de déclenchement de la sirène, même s’ils ignorent qu’une notification vous est envoyée, les voleurs quitteront sans doute plus rapidement les lieux. Et c’est bien le but...

De plus, si vous n’êtes pas chez vous mais que vous avez des petites caméras de surveillance via smartphone (ça ne coute plus que 60€...), l’alarme se déclenchant vous donnera l’occasion de vérifier ce qu’il se passe, de prendre quelques photos des intrus puis d’appeler éventuellement la police.

A 189€, selon nous, c’est un bon rapport qualité-prix, même s’il faut changer les piles tous les ans, même s’il faut racheter un détecteur défectueux... 

Mathieu Tamigniau - @mathieu_tam

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