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La PERMACULTURE a de plus en plus de succès: mode de vie ou simple technique de jardinage?

La permaculture, popularisée notamment par le film documentaire "Demain" réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, est à la mode. Les articles à son sujet se multiplient, les formations prolifèrent, si bien que la Haute école de la Province de Liège (HEPL) lance sur son campus de La Reid une formation en permaculture, intégrée au bachelier en agronomie. Une première en Belgique, selon l'école. Oui, mais la permaculture, c'est quoi? Une technique de jardinage ou un véritable mode de vie? Selon que l'on soit adepte ou non, les avis divergent.

La permaculture est "la conception consciente des activités humaines qui vise à mettre en place des projets humains calqués sur la nature, c'est-à-dire durables et résilients", explique Jonathan Leruth, coordinateur de la nouvelle formation de l'HEPL. Il s'agit d'observer la nature et d'appliquer sa manière de fonctionner aux systèmes humains. On va, par exemple, planter du basilic au pied d'un plant de tomates: les tomates donnent l'ombre nécessaire au basilic qui éloigne les insectes des tomates. Un échange de bons procédés, qui peut s'appliquer dans tous les domaines de la vie, affirment les adeptes de la permaculture.

"C'est une approche globale", souligne Jean-Cédric Jamart, paysan et formateur en permaculture. "Par exemple, on construit et on gère des habitats respectueux de l'environnement pour avoir des logements pérennes et pouvoir se chauffer sans pétrole."

Née dans les années 1970, la permaculture a été fondée par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren "à partir du constat de l'érosion et de la baisse importante de la biodiversité", explique M. Jamart. "C'est une philosophie d'aménagement basée sur le constat que la nature n'a pas besoin de l'humain mais que l'humain a besoin de la nature."

La permaculture est organisée selon une éthique et des principes. Tout d'abord, l'éthique: respects de l'homme et la Terre, répartition équitable des ressources (ce qui signifie notamment la distribution du surplus). Ensuite, elle est pourvue de 12 principes, outils conceptuels qui permettent de "réinventer l'environnement et les comportements". Il s'agit notamment d'observer et interagir, de ne pas produire de déchets, d'intégrer plutôt que de séparer ou encore d'utiliser et valoriser la diversité.

La "fleur de la permaculture" permet de mieux appréhender son fonctionnement: au cœur, se trouvent l'éthique et les principes. Les pétales représentent les domaines dans lesquels appliquer ces principes: la santé et le bien-être, la finance et l'économie, le foncier et la gouvernance, les soins à la nature et à la terre, l'habitat, les outils et la technologie, l'enseignement et la culture.

L'humain est placé au centre de la réflexion: "Comment faire pour que chacun soit à sa place en bonne santé? On ne peut être en bonne santé dans une planète malade. Avec la permaculture, on reconsidère l'économie, la manière de vivre...", souligne le formateur en permaculture.

La permaculture serait ainsi un véritable mode de vie. En tout cas, d'après les convaincus. "Comme il y a un grand flou autour du mot, tout le monde se l'approprie. En soi, c'est plutôt l'assemblage de techniques de jardinage", affirme Philippe Baret, docteur en agronomie et professeur à l'Université catholique de Louvain (UCL). "Cela signifie avoir une grande surface qui ne nourrit pas grand-monde, un peu à la Robinson Crusoé." Pour Jean-Cédric Jamart, "ceux qui pensent (cela) n'ont pas compris ce qu'était la permaculture. (...) En fait, il n'y a pas encore grand-monde qui a compris", admet-il avant d'expliquer: "C'est un mode de pensée inspiré de la nature, un art et une science qui permet de concevoir et d'intégrer des installations humaines de manière abondante, durable, résiliente et productive".

Par exemple, la permaculture se base sur la qualité des produits et non la quantité. "Aujourd'hui, on mange quantitativement et non qualitativement ce qui provoque des problèmes de santé (obésité, cancers...). (...) La solution est d'avoir un haut rendement sur de petites surfaces agricoles et être peu ou pas mécanisé. On crée de l'emploi, on fait retravailler les gens". La diversité est aussi maître de la permaculture: "Les monocultures sont fragiles, ne résistent pas aux chocs". Ce mode de pensée ne peut toutefois pas être appliqué sans patience, rigueur et une bonne connaissance de la nature et de son fonctionnement.

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