"Nous commençons à discuter avec les représentants russes. Les points clés à l'agenda sont un cessez-le-feu immédiat, un armistice et des couloirs humanitaires pour l'évacuation des civils des villes et villages détruits ou constamment bombardés", a écrit Mikhaïlo Podoliak sur Twitter, publiant une photo des membres des deux délégations à la table des négociations.
La télévision russe a également montré les membres des deux délégations se serrant la main avant de s'asseoir, les Russes en tenue formelle et les Ukrainiens en tenue militaire kaki.
Dans de nombreuses villes d'Ukraine, prises sous les bombes russes ou encerclées, la situation humanitaire s'est considérablement dégradée. Dans le sud, la ville portuaire stratégique de Marioupol est quasi-coupée du monde et subit d'intenses bombardements, la ville de Kharkiv, la deuxième du pays, subit elle aussi un pilonnage depuis plusieurs jours.
Le site retenu pour les négociations est situé dans la région bélarusse de Brest, à Belovejskaïa Poucha, une localité proche de la frontière avec la Pologne, selon le Bélarus et la Russie. Selon le négociateur russe Vladimir Medinski, ce lieu convient à la délégation ukrainienne notamment parce qu'elle s'y rend via la Pologne.
La délégation russe a confirmé que le mot de "cessez-le-feu" était placé à l’agenda de ces pourparlers
La partie russe a trois dossiers sur la table portant sur "l'aspect militaro-technique, l'humanitaire et l'international ainsi que le politique", a dit sans plus de précisions l'envoyé du Kremlin. La veille, la Russie a pourtant annoncé que les conversations porteraient sur les aspects nécessaires à "un cessez-le-feu". Que peut-on dès lors attendre de ces négociations ?
"La délégation russe a confirmé que le mot de "cessez-le-feu" était placé à l’agenda de ces pourparlers. C’est une différence par rapport à la situation rencontrée lundi. Cela ne veut pas dire évidemment que ce cessez-le-feu va nécessairement aboutir compte tenu de l’énorme déploiement militaire sur le terrain, de la tension. Mais il faut noter qu’il y a quand même une évolution progressive du contexte dans le sens où l’offensive russe est moins fulgurante, progresse moins que ce qui était attendu", analyse Nicolas Gosset, spécialiste de l'est de l'Europe, invité dans le RTL INFO 13H. "Il y a aussi eu ce vote capital hier à l’Assemblée générale de l’ONU où des pays abstentionnistes comme la Chine, comme la Turquie, comme l’Azerbaïdjan ont proposé une médiation", ajoute l'expert.
La chance que cela aboutisse dès aujourd’hui est très très limitée
Mercredi soir, l'Assemblée générale des Nations unies a en effet voté une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine" : seuls cinq pays s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation. Dans ce texte, l'ONU demande à Moscou qu'il "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" d'Ukraine et "condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires".
"On voit que dans l’environnement diplomatique de Moscou il y a de plus en plus de voix proches du pouvoir russe qui mettent véritablement la question du cessez-le-feu à l’agenda. Toutefois il faut être mesuré. On voit que le niveau des délégations de part et d’autre n’est pas très élevé. La chance que cela aboutisse dès aujourd’hui est, soyons honnête, très très limitée. Mais en tout cas il y a un processus de dialogue qui est amorcé, au moins les deux parties se parlent, malheureusement sous la pression des armes pour l’une, ce qui complique singulièrement les choses", commente Nicolas Gosset.
La première rencontre s'était terminée lundi sans avancées concrètes, mais les deux parties s'étaient entendues sur le principe d'un deuxième rendez-vous.
La Russie n'a pas précisé ses demandes, mais dit vouloir "démilitariser" et "dénazifier" son voisin, laissant donc entendre qu'elle veut sa capitulation et la fin du pouvoir en place qu'elle accuse de fomenter un prétendu "génocide" des populations russophones.
