Accueil Actu

49 morts dans un attentat terroriste contre des mosquées en Nouvelle-Zélande: l'assaillant avait un permis de port d'armes

Un terroriste, "extrémiste de droite", équipé d'armes semi-automatiques a fait un carnage dans deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch durant la prière du vendredi, tuant 49 fidèles et blessant une cinquantaine d'autres dont de jeunes enfants. L'homme possédait un arsenal et disposait d'un permis.

Un extrémiste de droite équipé d'armes semi-automatiques a fait un carnage dans deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch durant la prière du vendredi, tuant 49 fidèles, dans une attaque qu'il a lui-même filmée et retransmise en direct sur les réseaux sociaux.

La Première ministre Jacinda Ardern a qualifié de "terroriste" cette double attaque, déplorant l'une des "journées les plus sombres" jamais vécues par ce pays du Pacifique Sud, réputé paisible. L'attentat, qui a soulevé une vague de condamnations à travers le monde, serait le plus meurtrier de l'époque contemporaine contre des musulmans dans un pays occidental. L'auteur présumé de cette attaque d'un genre inédit, un Australien de 28 ans, a été arrêté et inculpé de meurtres. Il a diffusé en direct sur les réseaux sociaux les images du carnage, où on le voit passer de victime en victime, tirant sur les blessés à bout portant alors qu'ils tentent de fuir. Il doit comparaître samedi devant le tribunal du district de Christchurch. Deux autres hommes sont en garde à vue, sans que l'on sache ce qui leur est reproché.

Je peux vous garantir que nos lois sur les armes vont changer

L'homme suspecté du meurtre de 49 personnes dans l'attaque des deux mosquées vendredi à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, possédait un petit arsenal d'armes semi-automatiques et disposait d'un permis, a indiqué samedi la Première ministre néo-zélandaise, promettant des réformes.

"L'attaquant était détenteur d'un permis de port d'armes (...) acquis en novembre 2017", a précisé Jacinda Ardern lors d'une conférence de presse. "Je peux vous garantir que nos lois sur les armes vont changer".


Il a publié un manifeste raciste avant l'attaque

Avant de passer à l'action, l'homme, qui se présente comme un blanc de la classe ouvrière aux bas revenus, a publié sur Twitter un "manifeste" raciste de 74 pages intitulé "Le grand remplacement", en référence à une théorie née en France et populaire dans les milieux d'extrême droite selon laquelle les "peuples européens" seraient "remplacés" par des populations non-européennes immigrées.

Le document détaille deux années de radicalisation et de préparatifs. Il affirme que les facteurs déterminants dans sa radicalisation ont été la défaite à la présidentielle française de 2017 de la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen et la mort de la petite Ebba Åkerlund à 11 ans dans l'attaque au camion-bélier de 2017 à Stockholm.

Les comptes Twitter, Instagram et Facebook où ont été publiés la vidéo, les photos et le manifeste ont été suspendus.


49 morts

Les deux cibles du tireur étaient la mosquée al Nour dans le centre-ville, où 41 personnes ont péri, et une seconde en banlieue, à Linwood, où sept personnes sont mortes. Une 49e victime a succombé à l'hôpital. Parmi les morts figureraient des femmes et des enfants. Environ 48 blessés par balles ont été hospitalisés à l'hôpital de Christchurch, dont de jeunes enfants avec des blessures allant de légères à graves. Selon la Première ministre, une vingtaine se trouvent dans un état grave.


Le tireur a séjourné en Turquie, Ankara enquête

L'auteur présumé de l'attentat vendredi contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande a effectué plusieurs séjours en Turquie où les autorités ont ouvert une enquête pour retracer ses activités et contacts, a indiqué un haut responsable turc.

L'individu, un extrémiste de droite australien, "s'est rendu à plusieurs reprises en Turquie et a séjourné pendant une longue période dans le pays", a déclaré ce responsable sans fournir de détails sur la fréquence, la durée ou la date de ces séjours.

"Nous pensons que le suspect a pu se rendre dans d'autres pays (depuis la Turquie) en Europe, en Asie et en Afrique. Nous sommes en train d'enquêter sur les déplacements et les contacts du suspect à l'intérieur du pays", a ajouté cette source ayant requis l'anonymat.

La Turquie a fermement condamné cette attaque, le président Recep Tayyip Erdogan y voyant le signe d'une "hausse de l'islamophobie" dans les pays occidentaux.

Plusieurs médias turcs rapportent que le tireur a proféré des menaces à l'encontre de la Turquie dans un "manifeste" publié sur les réseaux sociaux et qu'il a inscrit des dates de défaites militaires de l'Empire ottoman sur les chargeurs de ses armes.

Dans son "manifeste", il déclare notamment que la basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, transformée en mosquée par les Ottomans après la prise de Constantinople en 1453 puis devenue un musée, sera "libérée" de ses minarets.

Signe de l'émotion suscitée par cette attaque en Turquie, le vice-président turc Fuat Oktay et le chef de la diplomatie Mevlüt Cavusoglu vont se rendre en Nouvelle-Zélande dans les prochains jours, a annoncé le ministère turc des Affaires étrangères.


Enquête judiciaire sur un récent séjour du tireur en Bulgarie

L'assaillant présumé a séjourné en Bulgarie "du 9 au 15 novembre 2018", a indiqué le procureur général bulgare Sotir Tsatsarov.

Une enquête a été ouverte pour déterminer si "sa version, selon laquelle il souhaitait découvrir des sites historiques et étudier l'histoire des pays balkaniques, est correcte ou s'il avait d'autres objectifs", a ajouté le procureur lors d'une conférence de presse.

Le ministre de l'Intérieur Mladen Marinov a ajouté que l'enquête visait à élucider "les motifs" du séjour de cet homme et d'éventuels "contacts avec d'autres personnes".

Dans les premiers éléments en possession des autorités bulgares ne figurent cependant pas "de données d'activités terroristes et de contacts de cette personne en Bulgarie", a précisé le procureur.

Les enquêteurs disposent déjà d'informations précises sur le déroulé du séjour en Bulgarie: arrivé à Sofia en provenance de Dubai le 9 novembre, l'homme a loué une voiture le 10 novembre et "a visité des sites historiques" dans dix localités bulgares, selon le magistrat.

Il a quitté la Bulgarie le 15 novembre sur un vol pour Bucarest, où il a loué une voiture pour se rendre en Hongrie, a-t-il précisé.

Ce n'était pas la première fois que cet Australien se rendait dans le sud-est de l'Europe: il avait, selon les mêmes sources, effectué un court séjour dans les Balkans du 28 au 30 décembre 2016, voyageant en bus à travers la Serbie, la Croatie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine.

La Bulgarie a précisé être en contact pour cette enquête avec les autorités des Etats-Unis, de Nouvelle-Zélande, d'Australie, des Emirats arabes unis, de la Serbie et du Monténégro.


Des engins explosifs retrouvés

La police a imposé un bouclage de la ville, dépêchant des officiers en armes sur de multiples sites. Deux engins explosifs improvisés (IED) ont été retrouvés et désamorcés. Trois hommes et une femme ont été interpellés. Un homme a été inculpé pour meurtre tandis que deux autres hommes étaient toujours en garde à vue sans que l'on sache ce qui leur est reproché.

La police a demandé aux musulmans de ne pas se rendre à la mosquée où que ce soit en Nouvelle-Zélande, un pays de cinq millions d'habitants où les meurtres de masses sont rarissimes. Dans un climat de tensions, l'armée a fait exploser par mesure de précaution deux sacs abandonnés près d'une gare de Auckland. Il s'est révélé par la suite qu'ils ne contenaient rien de suspect.

 _____

Un "acte d'une violence sans précédent"

 "Il est clair qu'on ne peut que décrire cela comme une attaque terroriste", a déclaré la Première ministre Jacinda Ardern. "Sur la base des éléments dont nous disposons, (l'attaque) semble avoir été bien planifiée".

La Nouvelle-Zélande a été attaquée, car elle "représente la diversité", a estimé la Première ministre. Les assaillants de Christchurch n'étaient pas sous surveillance, a-t-elle encore précisé. "Nombre de ceux qui ont été directement touchés par cette fusillade pourraient être des migrants, ce pourrait même être des réfugiés", a ajouté Mme Ardern. "Ils ont choisi de faire de la Nouvelle-Zélande leur pays, et c'est leur pays. Ils sont nous. La personne qui a commis cette violence à notre encontre ne l'est pas. Mes pensées, et je suis sûre celles de tous les Néo-Zélandais, vont à ceux qui ont été touchés et à leurs familles", a-t-elle conclu.


L'un des tireurs, un citoyen australien selon le Premier ministre Scott Morrison

D'après le Premier ministre de l'Australie Scott Morrison, un tireur a été identifié comme étant un extrémiste de droite australien. Les fusillades sont l'oeuvre d'un "terroriste extrémiste de droite, violent", a dit le Premier ministre australien, expliquant que l'enquête était aux mains des autorités néo-zélandaises. Il a confirmé les informations de presse selon lequel l'attaquant était un citoyen australien, sans donner plus de détails sur son identité.



_____

Le terroriste a filmé son massacre, le retransmettant en direct sur un réseau social

La police indique par ailleurs qu'une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, montrant une attaque du point du vue du tireur, présente des images "extrêmement perturbantes". Les autorités s'attellent à la faire supprimer et demandent qu'elle ne soit pas partagée. Dans cette vidéo, un homme se présente comme un Australien de 28 ans. Les services de contre-terrorisme australien et néo-zélandais collaborent, selon la police de l'Etat du Queensland. Celle-ci est tenue informée par la Nouvelle-Zélande et affirme être dans une région propice à une menace.

_____

Des témoins racontent l'horreur de la scène

"J'ai entendu trois coups de feu rapides et après environ dix secondes, ça a recommencé. Cela devait être une arme automatique, personne ne pourrait appuyer sur la gâchette aussi vite", a dit cet homme à l'AFP sous couvert de l'anonymat. "Puis, les gens ont commencé à sortir en courant. Certains étaient couverts de sang".

Un témoin a raconté au site internet d'information Stuff.co.nz qu'il était en train de prier à la mosquée Masjid al Noor sur l'avenue Deans quand il a entendu des tirs. En prenant la fuite, il a vu sa femme morte devant l'édifice religieux. Un autre homme a dit avoir vu des enfants se faire abattre. "Il y avait des corps partout". Un témoin a expliqué à Radio New Zealand qu'il avait entendu des coups de feu et vu quatre personnes gisant au sol, "avec du sang partout".


Des mesures exceptionnelles ont été prises

Les forces de l'ordre avaient imposé un bouclage du centre-ville avant de lever les mesures quelques heures plus tard. La police a demandé aux fidèles d'éviter les mosquées "partout en Nouvelle-Zélande". La municipalité a ouvert un téléphone rouge destiné aux parents inquiets d'enfants qui manifestaient non loin contre le dérèglement climatique.

Toutes les écoles de la ville avaient été bouclées. La police avait appelé "tous ceux qui sont présents dans le centre de Christchurch à ne pas descendre dans la rue et à signaler tout comportement suspect". Des bâtiments publics comme la bibliothèque centrale étaient aussi fermés. L'équipe de cricket du Bangladesh, un sport extrêmement populaire dans ce pays, se rendait dans l'une des mosquées au moment de l'attaque mais aucun des joueurs venus jouer un match en Nouvelle-Zélande n'a été blessé, selon un porte-parole.

"Ils sont en sécurité. Mais ils sont en état de choc. Nous avons demandé à l'équipe de rester confinée dans son hôtel", a-t-il dit à l'AFP. La Nouvelle-Zélande, pays réputé pour sa faible criminalité, a relevé son niveau d'alerte à la sécurité de bas à élevé. Par mesure de précaution, l'armée a fait exploser deux sacs qui semblaient abandonnés près d'une garde d'Auckland.

Selon le recensement de 2013, quelque 46.000 personnes s'identifiaient comme musulmanes en Nouvelle-Zélande, soit un peu plus de 1% de la population totale. En 2017, six fidèles ont été tués dans une mosquée de Québec, au Canada. L'auteur de la fusillade a été condamné à la prison à perpétuité.

Le Conseil de déontologie journalistique a constaté une faute déontologique dans une illustration vidéo de cet article. Son avis peut être consultéICI.

À lire aussi

Sélectionné pour vous