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Crise des réfugiés: Cazeneuve plaide pour la montée en puissance des "hotspots"

Alors que l'Europe cherche la solution face à la crise migratoire, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve est venu plaider pour la montée en puissance des "hotspots", jeudi à Lesbos où il a assuré les Grecs de la solidarité du gouvernement français.

Les hotspots "doivent représenter une étape obligatoire" et il faut que les migrants y restent "le temps nécessaire pour l'examen de leur situation", a assuré M. Cazeneuve à l'issue d'une visite du centre de transit de Moria, où les baraquements s'alignent sur l'emplacement d'un ancien campement militaire.

Ce centre a pu voir défiler entre 5 et 7.000 personnes par jour il y a deux mois. Mais à partir de janvier, le rythme s'est ralenti, la veille a été une "petite journée" avec un peu plus de 1.500 arrivées.

En ce jeudi de janvier, aucun migrant n'est arrivé. La faute au mauvais temps, indiquent des responsables du hotspot.

C'est donc une explication théorique que le ministre de l'Intérieur écoute, dans les bâtiments où des employés de Frontex ont installé leurs machines pour prendre les empreintes digitales et enregistrer les migrants.

Une fois leurs passeports vérifiés et leur identité enregistrée, les migrants reçoivent un document leur permettant de quitter le camp.

"On voit passer des familles de tous milieux, beaucoup de Syriens, des médecins, des ingénieurs, qui sont partis avec des enfants en bas âge parce que la situation n'est plus tenable là-bas", soupire un employé de l'Agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), qui l'assure: "tout le monde est identifié".

- "Task force"-

Un contrôle crucial, pour le ministre français de l'Intérieur, qui a de nouveau plaidé pour une montée en puissance du système d'information Schengen, une connexion aux autres fichiers criminels, et la création d'une "véritable task force européenne pour lutter contre la fraude documentaire".

"Si nous ne sommes pas capables de mettre en oeuvre cet agenda rapidement, il y a un risque sur Schengen. Ne pas le dire, c'est mentir aux Européens", a-t-il mis en garde.

Un message pesé alors que la Grèce se trouve montrée du doigt par ses partenaires pour ses défaillances dans la gestion de la question migratoire, et risque de se trouver isolée si les pays européens prolongent leurs contrôles aux frontières.

"On ne règle pas les problèmes dans la suspicion, dans les procès, les incriminations, mais on les règle ensemble", s'est agacé le ministre, en assurant de la "solidarité du gouvernement français".

A Moria, les employés font tous le même constat: "les migrants veulent presque tous aller en Allemagne", explique un employé de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofra).

Il est compliqué de les détourner de leur projet migratoire et de les convaincre de rentrer dans le processus de "relocalisation", ce projet de solidarité européenne visant à répartir 160.000 migrants en Europe sur deux ans.

C'est pourtant la vocation des hotspots de servir de base à ce processus. Pour l'instant, un peu moins de 400 ont effectivement été dispatchés dans les différents pays européens, et la France, avec une centaine de personnes, occupe le haut du classement.

"Le dispositif des relocalisations devrait monter en puissance dans les mois à venir", assure Pascal Brice, le directeur général de l'Ofpra, en soulignant le "coup d'accélérateur" donné en début d'année.

Les Européens savent que la crise migratoire risque de reprendre de l'ampleur au printemps, si l'amélioration des conditions météo jette des migrants plus nombreux sur la route passant par la Turquie et la Grèce.

Alors que sa visite doit l'amener vendredi à Ankara, Bernard Cazeneuve a ainsi exhorté la Turquie à se pencher sur sa politique en matière de contrôle.

"Il faut que la Turquie aligne sa politique de visa sur celle de l'Europe", a-t-il affirmé, "sinon il n'y aura pas de tarissement du flux".

Il a aussi plaidé pour qu'Ankara bénéficie de l'aide débloquée par l'UE afin de "favoriser le maintien des réfugiés dans les camps de manière à pouvoir organiser le retour dans leur pays lorsque la situation le permettra".

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