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La fête d'Halloween vire au drame à Séoul

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a promis dimanche une enquête "rigoureuse" sur la bousculade qui a fait 153 morts la veille au soir à Séoul, où des dizaines de milliers de fêtards, pour la plupart très jeunes, célébraient Halloween pour la première fois après la pandémie.

Déplorant "une tragédie et un désastre qui ne devraient pas s'être produits", M. Yoon a promis que son gouvernement enquêterait "rigoureusement" pour déterminer les causes de la catastrophe, une des plus graves de l'histoire récente de la Corée du Sud, et s'assurer qu'elle "ne se reproduise plus".

"J'ai le coeur lourd et il m'est difficile de contenir mon chagrin", a ajouté dans une adresse télévisée le chef de l'Etat, qui s'est rendu dimanche matin sur le lieu du drame, vêtu du blouson vert des secours d'urgence, et a décrété le deuil national.

Corps alignés sur le trottoir sous des couvertures ou autres linceuls de fortune, massages cardiaques pratiqués dans la rue par des passants à la demande des pompiers débordés, personnes déguisées ou en tenue de soirée courant dans la panique: la nuit a viré au cauchemar à Itaewon, quartier situé près d'une ancienne base militaire américaine et connu pour son atmosphère cosmopolite, ses bars et ses lieux de fête en tout genre dans un dédale d'étroites ruelles.

"Mon ami m'a dit: il y a quelque chose de terrible qui se passe dehors", a raconté Jeon Ga-eul, 30 ans, qui buvait un verre dans un bar au moment du drame. "Je lui ai répondu: mais qu'est-ce que tu racontes? Je suis sorti pour voir, et j'ai vu des gens qui faisaient des massages cardio-respiratoires".

L'accident s'est produit samedi vers 22H00 (13H00 GMT) près de l'hôtel Hamilton, situé sur une avenue principale entourée de ruelles en pente raide.

Le mouvement de foule, dont on ignore pour le moment ce qui l'a déclenché, a fait 153 morts, dont 20 étrangers de diverses nationalités, a indiqué le ministère de l'Intérieur, ajoutant que 134 personnes étaient blessées.

La plupart des victimes décédées sont des jeunes filles âgées d'une vingtaine d'années, selon le ministère.

Les autorités de Séoul ont par ailleurs fait état de 2.642 personnes portées disparues.

"Comme dans une tombe" 

"Les gens étaient les uns sur les autres comme dans une tombe. Certains perdaient connaissance progressivement, d'autres étaient manifestement morts", a déclaré un témoin non-identifié à Yonhap.

Lee Beom-suk, un médecin qui a administré des premiers soins aux victimes, a décrit des scènes de chaos et d'horreur.
"Lorsque j'ai tenté pour la première fois de pratiquer un massage cardiaque, il y avait deux victimes allongées sur le trottoir. Mais peu après le nombre a explosé", a-t-il raconté à la chaîne de télévision YTN.

"De nombreux passants sont venus nous aider à pratiquer des massages cardiaques", a-t-il poursuivi. "C'est difficile à décrire avec des mots (...) Beaucoup de victimes avaient le visage pâle. Je ne pouvais pas prendre leur pouls ou contrôler leur respiration, et beaucoup d'entre elles avaient le nez en sang".

Une vidéo partagée sur Twitter par une internaute déclarant s'être trouvée à Itaewon au moment du drame montre des centaines de personnes, beaucoup en tenue de cowboy, de pirate ou autres accoutrements, dans une rue bordée de bars. La scène, calme au départ, tourne brusquement à la confusion. Les passants sont poussés et tombent les uns sur les autres entre hurlements et panique. Une femme jure en anglais: "Oh mon Dieu! Oh mon Dieu!"

Première fête après le Covid 

Environ 100.000 personnes, selon les estimations des médias, étaient venues à Itaewon pour cette fête de Halloween, la première à Séoul depuis le début de la pandémie de Covid-19.

"L'importance de la foule attendue à Itaewon n'était pas très différente des années précédentes, donc je pense que le personnel déployé l'a été à une échelle similaire à avant", a déclaré le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min, ajoutant qu'un "nombre considérable" de policiers se trouvaient au même moment dans un autre quartier de la capitale pour encadrer une grosse manifestation.

De nombreux dirigeants internationaux ont fait part de leur consternation. "Nous pleurons avec le peuple de la République de Corée et adressons nos meilleurs voeux de prompt rétablissement à tous ceux qui ont été blessés", a déclaré dans un communiqué le président américain Joe Biden.

"Je suis terriblement choqué et profondément attristé" par cet accident "qui a pris trop de vies précieuses, y compris celles de jeunes gens qui avaient l'avenir devant eux", a déclaré pour sa part le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

Le président français Emmanuel Macron a exprimé "une pensée émue pour les habitants de Séoul et pour l'ensemble du peuple coréen". "C'est un triste jour pour la Corée du Sud", a tweeté le chancelier allemand Olaf Scholz.

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