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Scandale en Flandre: un mouvement d'étudiants d'extrême droite infiltre des organismes officiels et pose aux côtés d'élus N-VA

Des propos racistes, antisémites et sexistes mettent au grand jour les activités de l'organisation flamande d'extrême droite "Schild & Vrienden". Le parquet de Gand a ouvert une enquête. Le fondateur du mouvement siegeait jusqu'à il y a peu au conseil d'administration de l'Université de Gand. Il vient d'être suspendu par l'établissement, qui a lancé une procédure disciplinaire visant à l'exclure. En toile de fonds de cette affaire: les liens troubles entre cette association identitaire flamande et certains mandataires de la N-VA.

Dans les images diffusées dans notre reportage ci-dessus, vous pouvez voir le mouvement "Schild & Vrienden" en action. "Rats de gauchistes! Allez-vous faire foutre!", peut-on notamment entendre.
 
Les membres du groupe s’attaquent ce jour-là à un mouvement de gauche qui demande l’ouverture des frontières européennes. "Des centaines de milliers d’africains veulent venir ici, mais ça ne va pas!", lance Dries Van Langenhove, président de Schild & Vrienden.

Schild & Vrienden est un mouvement identitaire flamand de droite. Un mouvement conservateur essentiellement composé de jeune gens, des hommes, des étudiants.
 
Ce mercredi soir, un document de la télévision flamande révèle des conversations racistes sur un forum privé de leur page Facebook. Des photos aussi, démontrant de la sympathie pour Hitler ou pour les armes à feu. Les commentaires racistes sont aussi lisibles sur leurs profils publics:

Des prospectus du CPAS en arabe et en turc. Ceux qui veulent profiter de notre bien-être qui a été construit avec le sang, la sueur et les larmes de dizaines de générations n’ont apparemment pas besoin d’apprendre notre langue

Des extrémistes bien infiltrés dans des organismes officiels

Le groupuscule ne date pas d’hier, mais ce qui a provoqué l’onde choc, c’est que Schild & Vrienden est bien infiltré dans plusieurs organismes. Son président fait partie du conseil d’administration de l’université de Gand, quatre autres membres siègent au conseil de la jeunesse flamand, un conseil qui travaille avec le ministre flamand de la jeunesse. "Nous avons enclenché une procédure. Les personnes concernées seront entendues. La procédure peut aboutir à leur exclusion", a expliqué Dries De Smet, président du conseil flamand de la jeunesse.

Peu après ces explications de Dries De Smet, nous avons appris que l'Université de Gand a décidé de suspendre le fondateur du mouvement,  Dries Van Langenhove, et a entamé une procédure disciplinaire pour l'exclure définitivement. "Il n'y a plus de place pour lui dans notre université", a clarifié le recteur Rik Van de Walle. "Je prends aujourd'hui une mesure disciplinaire interne et j'entame une procédure disciplinaire qui peut mener à l'exclusion de Dries Van Langenhove. Le reportage établit un lien clair entre Schild & Vrienden et l'incitation au racisme, à l'antisémitisme, au sexisme, à l'utilisation d'armes ainsi qu'à la violence".

Selon le recteur, la liberté d'expression constitue un "droit fondamental" à l'UGent, mais le reportage démontre le franchissement d'une "frontière importante". "Le discours de Schild & Vrienden n'est pas seulement répréhensible par la loi mais franchit également une frontière morale". Avec cette exclusion, le recteur souhaite envoyer un message clair aux étudiants, aux parents, au personnel et à la société en général.

Sur la télévision flamande VTM, Dries Van Langenhove a qualifié jeudi soir la décision d'"absurde". "C'est une mesure très radicale. Il est absurde que des sages prennent de telles décisions hâtives uniquement sur la base d'un documentaire diffamatoire me dépeignant comme un raciste et sans m'avoir écouté".


Des photos prises aux côtés de ministres N-VA

Schild & Vrienden développe clairement le langage et les idées de la droite extrême. En témoigne cette rencontre avec Victor Orban, premier ministre hongrois, égérie de la politique anti-immigration.
 

Depuis ce mercredi soir, tous les responsables politiques flamands condamnent ce qu’ils ont vu. Tous, y compris Theo Francken. On le voit pourtant poser sur des photos avec des membres du mouvement.

 
Aujourd’hui il condamne, tout comme la secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité des chances… qui condamne mais relativise. Un journaliste lui a demandé si elle trouvait crédible que des ministres N-VA soient en lien avec l'organisation. "Et bien, dites-moi qui est concerné?", a-t-elle d'abord répondu. Le reporter a précisé que des photos de Theo Francken et Jan Jambon avec ces personnes d'extrême droite circulaient. "Et bien, écoutez… euh, vous savez bien que les politiques sont sollicités pour faire des photos… Je ne demande pas non plus la carte d’identité des gens… Il ne faut pas s’arrêter à cela", a affirme Zuhal Demir.

Une vingtaine de jeune N-VA font partie du mouvement. Ils seront entendus et, s’il le faut, bannis et retirés des listes électorales.

Suite à la diffusion du reportage, le parquet de Gand a décidé d’ouvrir une enquête pour déterminer si des infractions pénales ont été commises.

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