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Des habitants de Tervuren se battent pour éviter l'arrivée d'un McDonald's "près de 6 écoles et 4.000 élèves": où en est le dossier ?

Une pétition, un site web, un groupe Facebook et une rencontre avec les autorités communales: au moins 3.000 personnes s'opposent au projet de construction d'un McDo' à Tervuren, une ville cosmopolite de 22.000 habitants. La célèbre chaîne de restaurant a accepté de répondre à nos questions pour donner son point de vue.

La malbouffe est un sujet de société depuis plusieurs années. Manger trop gras, trop sucré et trop salé a des conséquences, les études à ce sujet sont concordantes. Diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, cancers: les gens qui mangent très mal, très souvent, augmentent grandement leurs risques d'être atteints par ces pathologies. Tandis que la sécurité sociale doit assumer la facture des soins de santé, gigantesque on le sait.

Autant de raisons qui ont amené des riverains de Tervuren à se mobiliser pour empêcher la construction d'un McDonald's. Dans cette commune du Brabant flamand, située juste à côté de Bruxelles, résident environ 20% francophones… et de nombreux Britanniques. La raison ? La présence, à côté du Musique Royal de l'Afrique Centrale, de la prestigieuse BSB, British School of Brussels, une école privée. C'est précisément dans cette zone que McDo' essaie de construire un restaurant, et ça ne plait pas à tout le monde.

"Après Sterrebeek, Waterloo, Braine l'Alleud et Rixensart, c'est maintenant la commune de Tervuren qui se bat aussi pour éviter un fast-food de plus à quelques centaines de mètre du Musée de l'Afrique", nous a écrit Grégory via le bouton orange Alertez-nous.

Une pétition signée par 3170 personnes

Dans le courant du mois de juillet, une pétition en ligne a été lancée. Le 25 août, elle avait récolté 3.170 signatures. Un site web et un groupe Facebook (463 membres) ont également été créés pour rassembler et informer.

A l'initiative, deux adolescentes étudiant dans l'une des écoles à proximité (il y en a 6 dans un rayon de 400 mètres, rassemblant 4.000 élèves, selon le site NietInTervuren.be). Leurs arguments contre la construction d'un fast-food à côté du Carrefour Market: les problèmes de mobilité, l'impact sur la propreté publique, la pression sociale qu'un tel établissement peut avoir sur les jeunes et bien entendu, la malbouffe.

La pétition y ajoute un brin de poésie (voir le texte complet). "Imaginez que vous vous promeniez dans le parc de Tervuren et avant même d’avoir mis le pied sur l’herbe, vous croisez plein de déchets de part et d’autre du chemin. Le son du plastique écrasé sous les roues des vélos couvre le chant des oiseaux. Vous pensez ramasser les déchets, mais vous vous rendez compte que les poubelles débordent déjà d’emballages de cheeseburgers McDonald's, et le vent les fait voler partout", peut-on lire.

Nous avons actuellement 88 restaurants en Belgique, et nous avons un plan d'expansion assez ambitieux

Que répond McDonald's ?

Les grandes entreprises font très attention à leur image. McDonald's essaie donc depuis plusieurs années de soigner la forme, à défaut de changer le fond de son commerce: hamburgers, frites et soda, le tout dans des emballages à usage unique.

D'habitude très discret lorsqu'un projet de construction d'un nouveau restaurant est en cours, McDonald's a cependant accepté de répondre à nos questions. La raison principale: "Jouer la transparence", nous a répondu Isabelle Verdeyen, actuelle porte-parole pour la Belgique.

Tout d'abord, quelques chiffres. "Nous avons actuellement 88 restaurants en Belgique, et nous avons un plan d'expansion assez ambitieux. D'habitude, nous ouvrons 4 restaurants par an (il y a aussi des fermetures, NDLR), mais pour 2020, on en a prévu 9. On n'en a ouvert qu'un pour l'instant, à Ath, car ça a pris du retard avec le coronavirus. On va encore en ouvrir 8 en novembre et décembre. Pour 2021 et 2022, on sera dans le même élan". Si McDonald's est d'origine américaine, en Belgique les restaurants sont 100% franchisés. C'est-à-dire que ce sont "22 entrepreneurs locaux" qui exploitent la franchise McDo' (en suivant des règles bien précises) et se répartissent les 88 restaurants, fournissant du travail "à 5.400 collaborateurs".

Selon McDonald's, l'opposition rencontrée à Tervuren est isolée. "Depuis l'ouverture du premier restaurant en Belgique en 1978, c'est rare, souvent les gens sont plutôt contents et demandeurs" (il y a d'ailleurs une page Facebook intitulée: "Nous voulons bien un McDo à Tervuren", avec 230 membres). Il n'y aurait donc pas de mouvement de contestation généralisé contre l'ouverture des fast-food: "c'est vrai qu'il y a (quelques mouvements d'opposition) en cours, pour le moment, mais c'est sans doute une coïncidence que ça tombe en même temps".

La filiale belge de McDonald's "ne veut rien imposer" à Tervuren, et se dit "ouverte au dialogue avec la commune et les citoyens" pour trouver des solutions, et répondre à leurs inquiétudes ("il y a une adresse email unique: McInfo@be.mcd.com"). Elle attend la décision du collège communal (voir plus bas).

Quant aux inquiétudes des citoyens, l'entreprise tente d'y répondre avec ses arguments. Les déchets aux alentours ? "C'est vrai que certains clients ne jettent pas leurs déchets à la poubelle. On travaille à la sensibilisation en communiquant sur les poubelles, le tri des déchets, etc. Mais le principal, c'est la récolte des déchets et le nettoyage aux alentours de certains restaurants, donc en plus de leur propre site". Ce périmètre dépend du restaurant (s'il est en ville, s'il a un espace drive in, etc). McDo' essaie aussi de réduire les déchets, notamment les pailles, qui ont disparu en France, et qui sont en papier depuis quelques temps dans notre pays.

Les ravages de la malbouffe ? "On est un restaurant de hamburgers, et un hamburger, c'est un hamburger. C'est comme quand on mange un steak avec frites et béarnaise au restaurant. Mais on ne le fait pas matin, midi et soir. Donc ceux qui viennent chez nous pour manger un hamburger, on leur laisse forcément le choix. Mais on leur propose des alternatives: salades, wraps, hamburger végétarien". Quant à l'origine des produits, "elle est européenne à 98%: on travaille avec des produits belges mais la Belgique est un petit pays donc il y a des ingrédients qui viennent de France, des Pays-Bas, d'Irlande, etc".

Le service Environnement & Habitat de la commune traite actuellement les objections officiellement soumises

Que dit la commune de Tervuren ?

Nous avons contacté la commune de Tervuren pour savoir où en était le projet. "McDonald's a demandé un permis environnemental il y a quelques mois. La commune a soumis cette demande, comme le prévoit la loi flamande, à une enquête publique en juillet. Cette enquête publique a été la raison pour laquelle de nombreux habitants de Tervuren se sont prononcés pour ou contre cette demande, au moyen d'objections dans le cadre de l'enquête publique, de pétitions et de communiqués de presse aux médias", nous a expliqué Bram Peters, premier échevin (Groen!) en charge de la mobilité et de l'environnement, entre autres.

Le 17 août dernier, le dossier et la pétition des opposants au projet ont été transmis de manière assez solennelle au bourgmestre Jan Spooren et à Bram Peters, comme en atteste cette publication Facebook. Les deux hommes politiques semblent assez contents du travail des deux étudiantes. "Une conversation constructive a eu lieu au cours de laquelle le maire a exprimé sa reconnaissance pour notre implication en tant que citoyens et étudiants de Tervuren", dit la légende de cette photo sur Facebook :

La suite, c'est pour le 11 septembre, au plus tard. "Le service Environnement & Habitat de la commune de Tervuren traite actuellement les objections officiellement soumises. Le conseil du maire et des échevins prendra une décision sur la base de l'avis du service. La date limite de décision est le 11 septembre 2020", a conclu Bram Peters.

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