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La colère de Philippe contre un poulailler industriel: "S’il y a le moindre problème sanitaire, je ne pourrai plus rentrer chez moi!"

L’affaire ne fait que commencer, mais Philippe a préféré prendre les devants. Avocat, ministres, presse, rien n’est trop fort pour empêcher un poulailler industriel de s’installer dans son jardin… ou presque. Découvrez également son histoire en images ce soir à 19h45 sur RTL-TVI, dans l'émission Images à l'appui.

"Après une porcherie l'année passée, on essaie de nous imposer un poulailler industriel à 70 mètres de nos habitations!", nous a dénoncé Philippe Moers, un habitant du petit village d’Odet, via notre page Alertez-nous. Là, à Clavier, commune rurale sise dans le Condroz liégeois, son cadre de vie bucolique comme celui de ses voisins est menacé.

37 riverains refusent les 6500 volatiles à leurs portes

"Ils ont mis les pancartes au mois de juillet", se souvient Philippe, contacté par RTLinfo.be. Ces pancartes, c’était l’avis d’urbanisme de la commune de Clavier. "Elle nous donnait la possibilité de nous prononcer sur le projet. 17 ménages, donc 37 personnes, ont écrit à la commune pour tenter d’empêcher" ce projet d’un fermier du coin d’aboutir. Il prévoit l’implantation d’un poulailler industriel "non climatisé" d’une "valeur nominale de 6500 volatiles à 70 mètres de ma maison", dénonce-t-il. "Il faut savoir qu’en dessous de 20.000 animaux, tout est beaucoup moins stricte au niveau des lois. Donc l’exploitation pourrait rapidement s’agrandir. En plus, imaginez les odeurs d’ammoniac, surtout pour moi qui ai de l’asthme, mais aussi le charroi que cela causerait. 1500 camions par jour passeraient dans le village".

La commune ne les écoute pas

Les arguments n’ont cependant pas fait mouche et le Conseil communal a donné son feu vert au dossier. Résultat: les riverains, dont M. Moers, ont décidé de porter l’affaire à un échelon supérieur car le fermier peut désormais commencer les travaux, puisqu’il a le permis. Les riverains ont donc mandaté un avocat qui a "introduit un recours auprès du ministre Henry".

"Notre maison dans le cordon sanitaire!"

Au cabinet du ministre wallon de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire Philippe Henry (Ecolo), on rappelle que la commune a dû réaliser "une étude d’incidence environnementale qui a évalué les risques sanitaires et les nuisances sonores". Mais pour Philippe, un point précis peut encore joueur en leur faveur: "L’argument le plus gênant pour eux, c’est que s’il y a le moindre problème sanitaire, comme une grippe aviaire par exemple, ils doivent imposer un cordon sanitaire de 200 mètres autour de l’exploitation. On ne pourrait même plus rentrer chez nous !"

En Wallonie, pas de règle fixe

Légalement, il est étonnant de constater qu’aucune distance minimale n’est imposée entre des exploitations industrielles et des habitations, à l’instar des 600 mètres imposés (depuis septembre) par la Région wallonne entre une zone d’éoliennes et une zone d’habitations. En Wallonie, si la commune ne prend pas d’arrêté en ce sens, tout est permis dans les limites de l’étude d’incidence citée ci-dessus. Voilà pourquoi les recours au cabinet Henry pleuvent: "C’est un flux quotidien de permis qui passe par nous. Ca va d’une cabane dans un jardin à un parc éolien, en passant par une porcherie ou un poulailler", explique l’attaché de presse de M. Henry, Pierre Castelain.

 

Les riverains gardent espoir

La procédure est donc en cours auprès du ministre Henry. "L'entièreté de l'affaire est revue en ce moment par l'expert mandaté par la Région wallonne. Il se prononcera et ça repartira chez le ministre qui devra dire "oui" ou "non". On sera alors fixés", explique M. Moers. A daté de la réception du dossier de l'expert, M. Henry "devra se prononcer endéans le mois pour confirmer le permis délivré par la commune ou le refuser", précise M. Castelain. Celui-ci souligne encore qu’en cas de litige sur la décision du ministre, l’affaire peut être portée devant le Conseil d’Etat, tant par l’exploitant que par les riverains dans ce cas-ci. Philippe Moers et ses voisins gardent donc espoir, d’autant plus que pas plus tard que l’année dernière, ils étaient parvenus à empêcher l’implantation d’une porcherie industrielle du même agriculteur sur ce même site situé derrière leurs habitations.

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