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Il tenait une sandwicherie, il allait arrêter: puis Michel, 55 ans, a rencontré Philippe, 26 ans, et leur nouveau concept est un SUCCÈS

Derrière cette petite entreprise créée il y a un an se cache un véritable coup de cœur professionnel entre Michel, 55 ans et Philippe, 26 ans. C'est le plus jeune qui a convaincu son ainé de l'importance de l'écologie dans le concept qu'ils souhaitaient développer.

Fournir des lunchs sains aux employés des sociétés installées dans les zonings du Brabant wallon, telle est la volonté des deux Louvanistes qui se sont lancés dans l'aventure d'une entreprise il y a un an. Outre l'aspect santé, il y a également toute une dimension écologique à leur concept puisqu'une grande partie des livraisons se fait à vélo, et le duo s'est lancé dans une démarche de réduction drastique des déchets. Un an plus tard, l'initiative est devenue un succès avec l'engagement de pas moins de huit personnes. "On entend trop souvent parler de fermetures et de licenciements… Nous, Befoody Company, avons un an aujourd'hui, et nous avons engagé 8 personnes. Nous proposons de la nourriture saine, équilibrée, tout en respectant la planète. Un peu d'optimisme, ça fait du bien", nous a écrit Michel via le bouton orange Alertez-nous.

Lorsque j'ai rencontré Philippe, je voulais tout arrêter : j'étais en fin de bail et je comptais arrêter ma carrière

Le parcours de Michel

L'aîné du duo a 55 ans et n'était pas du tout un fervent défenseur de l'environnement il y a un peu plus d'un an. Avant de se lancer dans l'aventure avec son associé, Michel tenait une sandwicherie dans le zoning de Mont-Saint-Guibert.

"J'ai commencé à travailler à 21 ans comme indépendant dans la restauration et j'ai fait ce job pendant 12 ans, raconte le cinquantenaire. Puis j'ai commencé à faire les marchés ou je vendais des quiches, des tartes, etc. Je travaillais chez moi mais l'atelier est devenu trop petit donc j'ai loué un atelier dans le zoning Fleming de Louvain-la-Neuve. Au départ, je continuais les marchés et j'ai lancé la sandwicherie en revenu supplémentaire pour payer mon loyer. Ça a été très dur pendant les 5 premières années. Lorsque j'ai rencontré Philippe, je voulais tout arrêter : j'étais en fin de bail et je comptais arrêter ma carrière".


Philippe, "mordu par l'entreprenariat"

Philippe, quant à lui âgé de tout juste 26 ans, a toujours eu l'âme d'un entrepreneur, mais aussi une conscience écologique.

"J'ai commencé des études en sciences économiques à l'UCL et à chaque blocus, j'avais envie d'arrêter mes études et de me lancer dans l'entreprenariat, lance-t-il. J'avais déjà eu l'occasion de lancer des petits projets sur côté mais cela n'avait jamais vraiment pu aboutir. J'étais déjà mordu depuis un petit temps par l'entreprenariat."

Au beau milieu de sa deuxième année de sciences éco, le jeune Ottintois décide de lancer un projet qu'il a en tête depuis un petit temps, qui répond à son envie d'entreprendre et sa sensibilité à l'écologie : BeFruity. Sans le savoir à l'époque, il pose là les bases de sa future collaboration avec Michel.

"Je voulais permettre aux employés d'avoir des smoothies au bureau. Donc je livrais, en vélo, des smoothies dans le parc scientifique de Louvain-la-Neuve, dans les entreprises. On est alors en octobre 2016 et en 6 mois, j'ai 200 clients qui reçoivent des smoothies chaque semaine", explique fièrement Philippe.

Permettre aux employés de bureaux d'avoir facilement leur dose quotidienne de vitamines, cela fonctionne. D'autant plus qu'ils souscrivent un abonnement puis n'ont plus rien à faire : leur smoothie leur est amené directement au bureau.


La rencontre

En août 2017, alors que le projet de Philippe est lancé depuis près d'un an, il rencontre Michel en allant s'acheter un sandwich chez le quinquagénaire. Très vite, en discutant, le contact passe entre les deux hommes. Et le jeune entrepreneur se voit offrir une opportunité qu'il ne peut décliner. "Michel m'a proposé très gentiment de venir sous-louer une partie de son atelier. Je produisais mes smoothies dans la véranda de mes parents, ce qui n'était pas super. Au niveau de l'AFSCA, ils n'étaient pas très contents", se souvient Philippe.

Il s'installe donc dans une partie de l'atelier de Michel, bien assez grand pour eux deux et la sandwicherie. C'est dans cet espace, à force de se côtoyer et discuter tous les jours, que les prémisses de leur future société sont posées : "On était souvent l'un à côté de l'autre et c'est de par cette proximité qu'on a vraiment sympathisé et où les idées ont un peu fusé, raconte le jeune homme. Et en avril 2018, on décide de s'associer, de créer notre SPRL et on fonde BeFoody, qui est la fusion de BeFruity et de la Cuisine de mère-grand (NDLR, le nom de la sandwicherie de Michel)".


Un lunch parfaitement équilibré

La volonté des deux associés est double : une alimentation saine et le respect de l'environnement. Ils veulent proposer aux employés des sociétés de Louvain-la-Neuve et des environs des "lunchboxes"  saines et qui rappellent "la boite à tartines préparée par maman, avec une petite surprise dedans", précise Philippe. "Ce petit réconfort dans la boite à tartines, on s'est dit : pourquoi ne pas le proposer à l'employé de bureau ?", ajoute-t-il.  

Pour concevoir ce lunch sain et équilibré, le duo fait appel à une diététicienne qui va les conseiller sur les bases pour un repas de midi parfaitement équilibré, "à savoir 50% de légumes, 25% de féculents et 25% de protéines". Sandwich, wraps, salades variées… Le menus changent mais l'objectif est atteint : "la lunchbox qu'on vend depuis janvier respecte parfaitement ce ratio-là", explique Philippe.


"Plus de sodas, plus de sauces grasses"

Pour le second objectif que se sont fixés les deux hommes, le respect de l'environnement, plusieurs pistes ont déjà été exploitées.

Tout d'abord, Michel et Philippe ont souhaité adapter leur lunchbox en proposant des produits de saison. La sandwicherie, qui fermera ses portes fin mai lorsque la nouvelle entreprise s'installera dans ses nouveaux locaux, a en quelque sorte servi de "laboratoire" : "Je ne voulais plus de sodas mais des boissons bio, plus de sauces grasses mais plutôt de la moutarde, de l'huile d'olive ou de lin avec un petit peu de miel par exemple", explique Michel, qui a adapté sa carte et chamboulé un peu les habitudes des clients.

En discutant avec eux, Michel se rend compte qu'ils sont prêts à payer un peu plus cher pour manger un repas vraiment équilibré : "Manger sain, ce n'est pas forcément manger plus cher : juste un tout petit peu. Les gens se sont adaptés ici", confirme-t-il.

Les premiers clients ont été un peu surpris, au départ, des quantités proposées dans la lunchbox. Mais tout a été calculé : "Au début, certains avaient l'impression qu'ils n'avaient pas beaucoup dans leur boîte. Mais on les convainc, on leur explique tous les aspects nutritionnels de leur repas. Le gros avantage, c'est qu'avec un tel repas équilibré, ils n'auront pas de coup de barre après", ajoute-t-il.  


En marche vers le zéro déchet

Au niveau des contenants aussi, le duo fait en sorte de réduire fortement sa production de déchets. Les bouteilles en verre lavables et donc réutilisables ont été préférées aux bouteilles en plastique jetables. Les boites pour les lunchs sont en carton, et le duo souhaite aller encore plus loin. "La prochaine étape pour la lunchbox, c'est un emballage en fibre de canne à sucre, 100% compostable", explique le jeune entrepreneur.

Quant aux plateaux réunion, ils sont emballés dans du tissu plutôt que du film alimentaire. Le duo a trouvé une solution lavable, réutilisable, et si possible en coton bio.

Même pour nettoyer les bouteilles en verre, les deux hommes ont trouvé une alternative au produit de vaisselle classique qui, utilisé au quotidien et en grande quantité, nuit aux nappes phréatiques. "On a commencé à travailler avec une firme pour le nettoyage des bouteilles à base d'enzymes. Ce sont les enzymes, qui sont des puissants agents nettoyants naturels, qui s'occupent de tout. C'est un produit un peu plus cher mais ça en vaut la peine", explique Michel.  De plus, cela provient directement d'une société installée à proximité de leurs locaux, à Louvain-la-Neuve.

À plus long terme, le duo souhaite aller encore plus loin concernant la réduction des déchets. "On se rend compte qu'au niveau des fournisseurs, c'est problématique. On achète encore beaucoup de matières premières qui sont vachement emballées. C'est quelque chose sur lequel on aimerait avoir plus de solutions", lance Philippe.


La livraison à vélo

Autre aspect essentiel de la démarche écologique du duo : la livraison à vélo. "Presque une livraison sur deux dans le zoning se fait à vélo, et ça, on est les premiers à le faire. On est super fiers de ça. On en attend un 3e pour arriver à 70% des livraisons effectuées à vélo", explique fièrement Philippe.

Évidemment, pour le moment, cela n'est possible qu'à Louvain-la-Neuve. Vers Wavre et Nivelles, les livraisons se font en voiture… Pour l'instant ! Le jeune entrepreneur rêve que leur société grandisse pour installer des ateliers ailleurs en Brabant wallon, afin que les livraisons puissent se faire par ce biais àl aussi : "Si on pouvait arriver à 100% de commandes livrées à vélo, ce serait encore mieux."


"Un tri très sélectif"

Dans quelques jours, les deux associés investiront leurs nouveaux locaux, actuellement en travaux. Là-bas, ils espèrent concrétiser de nouvelles idées pour réduire encore leur production de déchets.

"Quand on va déménager, on va lancer un tri sélectif… très sélectif! On va trouver des accords pour que des fermes du coin viennent chercher les restes de pain pour les animaux par exemple. Et puis, dès la première réunion de copropriété, on compte demander l'instauration du tri sélectif. De cette manière, les fermiers pourront aussi récupérer les déchets organiques pour faire du compost", explique Michel, décidément pas à court d'idées. Cela n'a pourtant pas toujours été le cas. Si Philippe a toujours été sensible à l'environnement, ce n'était pas forcément le cas de son aîné.

Je suis très fier d'avoir réussi à convaincre mon associé qui, à la base, ne voulait pas entendre parler du bio ou du réchauffement climatique

Lorsque Philippe et Michel commencent à se côtoyer, ils n'ont pas vraiment le même avis en matière d'environnement. "Je suis très fier d'avoir réussi à convaincre mon associé qui, à la base, ne voulait pas entendre parler du bio ou du réchauffement climatique. Après, c'est le premier à avoir roulé à vélo!", lance Philippe.

Car Michel était prêt à se remettre en question et à écouter le jeune homme. "Il a commencé à me parler de biodiversité, de manger sain, de me faire goûter, etc. C'est lui qui m'a inculqué toutes ces valeurs-là", reconnait le quinquagénaire, qu'on n'arrête désormais plus sur sa lancée.

"J'étais convaincu par le bien manger, j'ai toujours cherché à avoir de bons fournisseurs en nourriture, mais je n'étais pas tellement convaincu par l'écologie. Maintenant, il n'y a pas un soir où je ne suis pas sur internet en train de chercher des alternatives sur certaines choses. C'est lui, un jeune de 25 ans, qui m'a inculqué tout ça. Il me fallait peut-être le déclic."





"Pas seulement faire de l'argent pour faire de l'argent"

Et alors que Michel pensait à arrêter de travailler, le voilà lancé dans une nouvelle aventure professionnelle des plus ambitieuse, et devenu fervent défenseur de l'environnement!

"Récemment, je voulais partir en city-trip à Barcelone, puis je me suis dit : 'Mais non, je ne vais pas prendre l'avion'. Maintenant, j'y pense tout le temps et je me dis que chacun peut contribuer à la bonne tenue de la planète s'il en a envie, avec des gestes concrets, scande Michel. J'ai 55 ans et je peux encore faire quelque chose pour la planète, pas seulement faire de l'argent pour faire de l'argent".

C'est même avec une grande émotion qu'il évoque cette rencontre professionnelle qui lui apporte tant : "C'est deux générations qui se rencontrent, qui s'aident et c'est génial. C'est tout beau à voir. Quand je viens à vélo, les gens nous regardent différemment, posent des questions. C'est super chouette de pouvoir terminer sa carrière comme ça".

Philippe est quant à lui sensibilisé aux dangers du réchauffement climatique depuis de nombreuses années : "Déjà à l'école, on a été vachement conscientisés à l'environnement. Puis je me rappelle avoir vu la conférence d'Al Gore à l'époque. J'avais 12 ou 13 ans et ça m'avait marqué. Ce n'est pas juste une tendance aujourd'hui, c'est une obligation", lance le jeune homme.


Des clients séduits

Et la clientèle est très sensible à cet aspect. "Quand on discute avec eux, quand on fait de la prospection, très vite on nous demande : est-ce que vos ingrédients sont bio ? Très vite on parle des solutions zéro déchet qu'on a déjà mises en place. Il y a aussi de plus en plus de gens qui demandent des recettes végétariennes", constate Philippe.

Aujourd'hui, derrière cette petite société hyper positive, il y a 10 personnes : Michel et Philippe se sont entourés d'employés pour les aider dans les différentes tâches de livraison, production, mais aussi de marketing et d'administratif.

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