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La passion Mourinho reste forte à la Roma mais la stratégie de la tension permanente de l'entraîneur portugais, suspendu pour le derby capital contre la Lazio dimanche en championnat d'Italie, suscite aussi quelques questions.
José Mourinho ne sera pas sur le banc au Stadio olimpico: il purgera son deuxième match de suspension après avoir été exclu à la Cremonese (2-1) le 28 février pour des protestations véhémentes. Il va rater un rendez-vous déterminant pour ses Giallorossi, 5e à deux points des Biancocelesti (3e), dans la bataille pour la Ligue des champions.
Mécontent de sa suspension, "Mou" a refait sur les réseaux sociaux son fameux geste des "menottes", qu'il avait rendu célèbre lors d'un match en février 2010, alors qu'il entraînait l'Inter Milan, pour fustiger des décisions arbitrales. Même si, cette fois, il en a aussi profité pour faire la promotion d'une montre et d'un bracelet.
Déjà absent dimanche contre Sassuolo (défaite 4-3), il a reçu le soutien des supporters romains avec de nombreuses banderoles et des mouchoirs blancs agités dans l'Olimpico.
Accueilli en rockstar à son arrivée dans la Ville éternelle à l'été 2021, l'entraîneur de 60 ans reste l'idole des tifosi romanisti et son nom est clamé à pleins poumons à chaque match.
- Déjà trois rouges -
La victoire en Ligue Europa Conférence la saison dernière, premier titre de la Roma depuis 14 ans, a contribué à entretenir cette passion, malgré les réguliers "jours sans" de la Louve en championnat.
Mais les étincelles sont de plus en plus fréquentes, souvent alimentées par l'intéressé. Fidèle à lui-même, l'ex-entraîneur du Real Madrid, Manchester United ou Chelsea veille à maintenir une tension permanente, dans une tactique éprouvée de souder ses joueurs autour de lui.
Tension avec les arbitres, bien sûr, une recette dont il a toutefois tendance à abuser avec déjà trois rouges cette saison, synonymes de cinq matches ratés sur suspension.
"Il faut plus de respect, aujourd'hui il semble qu'on n'avait pas le droit de jouer pour gagner", avait-il clamé la saison dernière, dans une de ses fréquentes sorties envers les arbitres.
Et il n'est pas rare, en match, de voir tout le banc romain se lever pour protester ou les joueurs entourer en nombre l'arbitre, comme électrisés par leur entraîneur.
Mourinho, habituellement très protecteur envers son groupe, s'en est aussi pris cette saison à certains joueurs.
En novembre, après un nul, il avait notamment accusé Rick Karsdorp d'avoir "trahi les efforts de tous les autres". Le latéral néerlandais a ensuite disparu du groupe jusqu'en février, finalement réintégré faute d'avoir trouvé un club au mercato hivernal.
- Cité pour le Portugal -
Les dernières semaines de cohabitation avec Nicolo Zaniolo se sont aussi mal passées: l'international italien avait été écarté avant de finalement partir début février à Galatasaray.
La nouvelle cible de l'entraîneur portugais a été, en février, le public de l'Olimpico, un stade qui fait pourtant le plein à chaque rencontre (65.000 spectateurs environ).
N'ayant pas apprécié quelques sifflets ayant visé certains de ses joueurs contre l'Hellas Vérone (1-0), "Mou" avait estimé que les "gens ne donnent pas suffisamment de crédit à ceux qui le méritent pour le travail que nous sommes en train de faire, dans des conditions difficiles".
Ces fréquents coups de semonce commencent à susciter des interrogations sur les envies de Mourinho, sous contrat jusqu'en 2024.
"Je pouvais partir en décembre et je suis resté", a-t-il lâché début février pour assurer que son intention n'était pas de partir plus tôt, alors que son nom a été souvent cité pour le poste de sélectionneur du Portugal.
Mais quelques semaines plus tard, il avait refusé d'être plus précis sur sa situation à la Roma: "Je parlerai à la fin, j'ai beaucoup de choses à dire."