Certains joueurs se liquéfient sous la pression... D’autres en retirent le meilleur d’eux mêmes... Et puis, il y a Cristiano Ronaldo. Le Portugais ne ressemble à aucun autre footballeur lorsqu’arrive le printemps européen et sa farandole de matchs décisifs. On exagère ? A peine...
Il y a deux ans, j’étais à Turin pour le match retour des huitièmes de finale de Ligue des Champions entre la Juventus et l’Atletico Madrid. A l’aller, les Colchoneros l’avaient emporté 2-0. Après la rencontre, la presse espagnole et les supporters de l’Atleti avaient copieusement chambré CR7... Souvenez vous de cette image de Ronaldo montrant ses 5 doigts de la main aux supporters moqueurs... 5 doigts comme autant de Coupes aux grandes oreilles qu’il avait emporté. Ce soir là, ce sont ses oreilles de champion qui ont sifflé. Le Portugais en avait fait une affaire personnelle.
Deux semaines plus tard, nous voilà au match retour à Turin. Dans l’air, une atmosphère électrique. Une sensation de revanche. Pendant l’échauffement, je ne quitte pas des yeux CR7. Le visage est tendu, fermé, décidé. Comme un rapace prêt à fondre sur sa proie. Il harangue ses équipiers. Il donne l’impression d’un général en temps de guerre. A la mi-temps, dans le couloir qui mène à la pelouse, il booste à nouveau ses équipiers, les motive... sous les yeux des joueurs de l’Atleti. Le match et la qualification change de camp. Ronaldo savoure. Il a inscrit trois buts, et prend sa revanche, certes de façon peu élégante, devant les supporters madrilènes. Une leçon : ne jamais provoquer CR7.
Le Portugais est un prédateur. Et la Ligue des Champions son habitat naturel. Quand arrive la phase à élimination directe, il est « à la maison », comme l’a si bien dit hier le quotidien de référence en Italie, la Gazzetta della Sport. Les chiffres ne mentent pas. Ils apportent un éclairage. En 81 matchs durant la phase à élimination directe de Ligue des Champions, Cristiano a marqué 67 buts. Personne ne fait mieux, pas même Messi, deuxième dans ce classement particulier (48 buts pour La Pulga, avec celui d’hier face à Paris).
Ce soir, CR7 est de nouveau chez lui. Pas au Portugal, mais bien dans le printemps européen. Quand les matchs comptent. Face à lui, Porto, et sa défense de fer. Dans cette Ligue des Champions, les Dragons restent sur 467 minutes sans encaisser. Une éternité et une preuve de solidité. Un défi à la taille de CR7.
A 36 ans, celui-ci n’a certainement plus ses jambes de 20 ans. Mais le mental de guerrier est toujours là. Il lui reste tant de batailles à disputer. Tant mieux pour nos yeux et nos souvenirs.

