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Michel Drucker, animateur vedette de France 2 et ex-journaliste sportif, a assisté à la finale France-Brésil en 1998, avec sa chienne Zaza, devant la télé au "son coupé" pour "commenter" le match "en direct de (son) lit".
Q : Où étiez-vous le jour de la finale ?
R : J'étais dans mon lit, avec ma chienne, Zaza, un petit lévrier, devant le poste. J'ai baissé le volume du téléviseur au plus bas et j'ai commenté la victoire de Zidane et ses copains durant toute la première mi-temps, et seulement une partie de la deuxième pour écouter un peu le commentaire de mon ami Thierry Roland.
En janvier 1998, Marc Tessier, alors président de France TV, m'avait demandé de reprendre mon micro de téléreporter de foot pour la Coupe du Monde. J'étais très tenté, mais je n'avais pas commenté depuis 12 ans. J'aurais voulu partir six mois sur tous les stades d'Europe et du monde pour me mettre dans les yeux et en mémoire toute cette génération de joueurs que je ne connaissais pas. De crainte de ne pas être prêt, j'ai refusé.
J'ai eu quelques pincements au cœur en songeant que j'aurais pu y être à ce moment-là, et réalisé que mon refus était une connerie parce ce que j'étais encore dans le coup !
Je fais ça de temps en temps pour des grands matchs. J'ai déjà prévu de commenter en direct de mon lit certains matches de la coupe cette année, et la finale bien sûr. Mais d'abord pour m'échauffer je vais commenter le premier match de l'équipe de France face à l'Australie le 16 juin. Cela me maintient en forme intellectuelle. On ne sait jamais s'ils ont besoin d'un vieux commentateur un jour. Finalement je suis prêt!
J'ai couvert cinq coupes du monde. La dernière de Pelé en 1970 au Mexique, celles de 1974 avec la victoire de l'Allemagne de Beckenbauer, de 1978 en Argentine avec l'équipe de France de Platini, et celle de 1982 en Espagne avec le drame de Battiston blessé par le gardien allemand Schumacher qui a failli le décapiter, la France aurait dû gagner et être en finale.
J'ai terminé en 1986 à nouveau au Mexique où j'ai commenté les fameuses prolongations entre la France et le Brésil en quarts de finale et Luis Fernandez nous qualifie au tir au but. J'ai fait mes adieux au football en 1986 pour me consacrer à 100% aux émissions de divertissement.
Q : Comment l'avez-vous fêtée ?
R : Je l'ai donc fêtée dans mon lit avec un thé chaud... une folie ! J'avais beaucoup donné de la voix en commentant. Ma femme (Dany Saval, NDLR) m'entendait jubiler et se demandait pourquoi. Le foot lui passe au-dessus de la tête depuis toujours.
Un jour où elle était à mes côtés, dans ma cabine de commentateur au stade Maracana à Rio avec 200.000 spectateurs, Pelé jouait pour le Brésil contre l'Uruguay. Elle m'a dit à la mi-temps qu'elle trouvait que les shorts étaient mal coupés, avant de se réfugier au bar pour la 2e mi-temps.
Q : Quelles sont les images de cette finale qui vous ont marqué ?
R : Je conserve en tête l'image de Laurent Blanc qui embrasse le crâne du gardien Fabien Barthez, elle m'a beaucoup plu, je l'ai dans mon bureau. D'ailleurs, Barthez est venu un jour dans mon émission et c'est moi qui cette fois l'ai embrassé sur le crâne. Une photo a immortalisé la scène. Sans oublier, les deux buts de Zidane évidemment.