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Paralympiques-2020: Stéphane Houdet, l'or mécanique du tennis fauteuil

Position unique et fauteuil dernier cri: pour Stéphane Houdet, médaillé d'or en double à 50 ans, le tennis fauteuil est en partie un sport mécanique. Esquisses d'un porte-drapeau qui ne compte pas s'arrêter à Tokyo.

Stéphane Houdet est facile à reconnaître sur un terrain de tennis. Posé sur sa selle, le bassin ouvert plutôt que plié au fond d'un siège, il paraît voltiger sur l'acrylique des terrains de Tokyo. Son fauteuil tout carbone renvoie les autres à des reliques du passé.

A chaque changement de côté, il répète un rituel. Moins une superstition que l'illustration de son obsession mécanique: une série de virages dans une sorte de godille avec la mine inquiète de celui vérifiant le bon fonctionnement de sa monture.

"C'est un mélange de sports mécaniques et de tennis et donc il faut absolument être innovant et performant sur la partie mécanique", explique à l'AFP le porte-drapeau qui a conçu son fauteuil d'une page blanche avec une équipe de chercheurs notamment des Arts et Métiers.

"Il est vachement libre. Ca l'avantage beaucoup sur les pivots et il est très rapide en ligne droite, plus que moi", juge son partenaire de double Nicolas Peifer.

"Mon nouveau défi, c'est de fabriquer le fauteuil le plus léger du monde, se projette Houdet. Parce que ça servira à tout le monde. Le mien fait dix kilos, il faudrait le faire descendre sous les six."

"Les fauteuils sont très importants", reconnaît le N.1 mondial japonais Shingo Kunieda lancé sur le sujet du bolide de son ex-partenaire de double. "Mais au bout du compte, ce sont nous qui jouons pas les fauteuils."

Et raquette en main, Stéphane Houdet se débrouille plutôt bien aussi. Déjà avant son accident, il était treizième meilleur joueur français chez les juniors (avec un classement national jusqu'à 2/6).

"C'est bien. Pour autant, c'est loin aussi", résume-t-il. Il donne donc à l'époque la priorité à ses études de vétérinaire et lâche peu à peu le tennis.

C'est après sa blessure à moto en Autriche en 1996 au début d'un voyage planifié à travers l'Europe qu'il se replonge dans le sport.

- La rencontre avec Cruyff -

Il commence par le golf, devient numéro un européen de handigolf et rencontre en 2004 Johan Cruyff qu'il sollicite à travers sa fondation pour monter un circuit mondial. La légende du football lui conseille de s'inspirer du tennis fauteuil, que le Français découvre à cette occasion.

"Là j'ai commencé à rêver, se souvient-il. C'est super bien organisé, c'étaient mes premières amours, c'est un sport qui est professionnel, joué aux Jeux, au programme des Grand Chelem.."

A la même période, il rencontre sur les greens un joueur doté d'une prothèse dernière génération et décide de passer le pas de l'amputation. "Ca faisait huit ans que j'avais une jambe raide avec des douleurs dorsales, et aucun intérêt fonctionnel", explique-t-il.

Il commence le tennis fauteuil dès l'année suivante, en 2005. Seize ans après, il ne prévoit pas s'arrêter de sitôt, même à 50 ans.

"L'avantage, c'est de pouvoir mettre ma prothèse après le match et de pouvoir marcher, je repose mes membres supérieurs", décrit Stéphane Houdet après sa médaille d'or.

"On jouera à Paris en 2024, commence-t-il sérieusement. Los Angeles ensuite et puis on a vu qu'il y avait Brisbane en 2032. Ca tombe bien, on aime le soleil."

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