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Pini Zahavi, le "super-agent" aussi discret qu'influent

La venue de Neymar au PSG, il en fut un acteur clé. L'avenir de Bruno Genesio, s'il ne reste pas à Lyon, il va y travailler. Le très discret Pini Zahavi, "super-agent" israélien de 76 ans, a bâti un empire qui suscite admiration et méfiance.

Dans le milieu, on l'appelle "Mister Fix-It", celui qui arrange les coups.

A l'été 2017, le transfert record de Neymar dans la capitale française a mis en lumière cet ancien journaliste sportif devenu multi-millionnaire, fumeur de cigares et porteur de noeud papillon, un homme fuyant face à une presse souvent fascinée.

Pinhas (dit "Pini") Zahavi s'est d'abord fait un nom dans les colonnes sportives du grand quotidien Yediot Aharonot, avant de bifurquer vers le métier d'agent une fois passée le cap de la quarantaine.

"Ma défunte mère voulait que je sois Premier ministre... Mais je voulais simplement quelque chose dans le football; c'est l'amour de ma vie", explique-il dans le livre "La Mano Negra - Ces forces obscures qui contrôlent le football mondial" de Romain Molina (2018, éd. Hugo&Cie).

Le natif de Ness Ziona, à une trentaine de kilomètres au sud de Tel-Aviv, a réalisé son premier gros coup en participant au transfert d'Avi Cohen, passé en 1979 du Maccabi à Liverpool, avant d'oeuvrer à d'autres transferts de footballeurs israéliens vers la Premier League.

Si Zahavi possède toujours une maison à Tel-Aviv, il réside désormais à Londres, son pied à terre quand il ne négocie pas des deals aux quatre coins du monde.

- "Ma carte de visite" -

En Angleterre, où il est enregistré auprès de la Fédération comme intermédiaire, l'homme s'est fait connaître en bouclant les principaux transferts de Manchester United dans les années 2000, notamment celui de Rio Ferdinand pour un montant record sur l'île, à l'époque. Son nom est également associé au rachat de Chelsea, en 2003, par le milliardaire russe Roman Abramovitch dont il est considéré comme un proche.

"Zahavi est le premier, et unique, super-agent du football", le présentait en 2006 le magazine britannique The Observer, décrivant un homme "poli, drôle et candide".

Côté pile, il est perçu comme aimable et fiable: "Personne au monde ne peut dire que je l'ai baisé. Personne. Et ça après plus de 30 ans d'activité. C'est ma carte de visite (...)", lâche-t-il ainsi à Molina, un des rares journalistes à l'avoir approché... via l'application de messagerie WhatsApp.

Mais côté face, certains décrivent un homme plus attiré par les gros sous que par la carrière de ses poulains. "Pini est loin d'être un agent (...) Il est un homme d'affaires, au top bien sûr, mais pas uniquement dans le football. Le concernant, je n'ai jamais entendu parler de développement de joueurs", tacle ainsi Roger Wittmann, agent de plusieurs joueurs parisiens, dans France Football.

Les pratiques de Zahavi, entre montages financiers complexes et recours à la controversée TPO (tierce propriété, acquisition d'une partie ou de la totalité des droits économiques d'un joueur) avant qu'elle ne soit bannie, ont aussi beaucoup fait parler dans la profession.

- Enquête en Belgique -

L'homme semble jongler avec les règlements, comme il l'a fait pour l'arrivée de Neymar au PSG en s'associant, faute de licence à l'époque, avec un agent français reconnu par la Fédération française. Le "transfert du siècle" lui aurait rapporté 12 millions d'euros, selon L'Equipe, même si sa signature n'apparaît nulle part dans la transaction.

L'intermédiaire en question, Laurent Gutsmuth, "a juste récupéré la commission à cause des lois françaises", reconnaît-il dans un échange reproduit par Molina.

Parfois suspecté, rarement inquiété, le septuagénaire israëlien est tout de même dans le viseur de la justice belge qui le soupçonne de contrôler illégalement le Royal Excel Mouscron (1re division).

Selon la presse locale, Zahavi l'a repris en 2015 par l'intermédiaire d'un fonds maltais, avant de le céder un an plus tard à une société gérée par son neveu. Le club est ensuite passé aux mains d'un homme d'affaires thaïlandais.

"Des sociétés étrangères auraient permis de camoufler le contrôle du club de Mouscron par un agent de joueurs, le dénommé P.Z." a indiqué en novembre le parquet fédéral. Une enquête sur de "potentiels faux, usage de faux et escroquerie" est ouverte depuis avril 2018.

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