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Ronald Koeman, truculent "Oranje" tombé de son piédestal

Tout gagner, en jouant bien si possible: des Pays-Bas à Barcelone, comme joueur puis comme entraîneur, Ronald Koeman s'est bâti une réputation d'insatiable ambitieux, alimentée par de multiples trophées, avant son limogeage foudroyant par le Barça.

Sous pression après le clasico perdu (1-2) à domicile face au Real Madrid trois jours plus tôt, le Néerlandais de 58 ans a été évincé mercredi par le FC Barcelone juste après une défaite 0-1 sur la pelouse du modeste Rayo Vallecano. Le Barça n'a jamais gagné à l'extérieur cette saison, et n'a même plus marqué loin du Camp Nou depuis août.

"Quand un match important approche, il ne pense qu'à une chose: gagner. Et le reste ne compte absolument pas", racontait pourtant Ronald Koeman junior à la télévision néerlandaise en février 2021, quelques mois après l'arrivée de son illustre père sur le banc du Barça.

Les victoires de "Rambo" se construisent d'abord balle au pied, à l'image de son coup franc supersonique face à la Sampdoria en 1992, qui offre sa première C1 au FC Barcelone.

Mais Koeman sait aussi remporter la bataille psychologique. Les Pays-Bas n'ont plus vaincu l'Allemagne depuis 32 ans ? Provocateur, le grand blond fait mine de s'essuyer le postérieur avec le maillot de la Mannschaft, tout juste terrassée en demi-finale de l'Euro-1988.

- "Il faut terminer premiers" -

Né en 1963, le gamin de Zaandam, en banlieue nord d'Amsterdam, a vu la génération Cruyff échouer deux fois en finale de la Coupe du monde (1974 et 1978).

Son "but ultime" sera donc "de gagner des matches et des trophées. On ne reçoit aucun trophée quand on finit quatrième, il faut terminer premier", théorise ainsi le Néerlandais quand il est nommé entraîneur de Barcelone.

Joueur de Johan Cruyff, compagnon de table de Pep Guardiola, Koeman ne peut qu'aspirer à développer un football léché, en plus d'être efficace.

"Je veux voir mon équipe bien jouer mais rester réaliste quant à la manière de décrocher un bon résultat", confie-t-il sur le site du Barça.

Son bilan parle pour lui: comme joueur, il remporte l'Euro-1988, deux Ligues des champions, une pluie de titres nationaux aux Pays-Bas et en Espagne.

Devenu entraîneur, il emmène les Pays-Bas en finale de la Ligue des nations, offre des titres nationaux à l'Ajax et au PSV Eindhoven et atteint les quarts de finale de la C1 avec Amsterdam et le Benfica.

Alors comment gérer la défaite, ou les licenciements qu'il a connus à Valence puis à l'AZ Alkmaar ?

- Vin rouge et golf -

"Je l'attends à la maison avec du vin rouge et un bon fromage", raconte sa femme Bartina à la radio néerlandaise NPO 2. "Il visionne à nouveau quelques images (du match perdu) et quand il a un peu de temps (...) il va jouer au golf le lendemain".

Père de trois enfants (Debbie, Tim et Ronald), Koeman conserve des liens forts avec sa famille et son pays natal.

"C'est très important pour moi de revenir aux Pays-Bas, ma famille est là", affirme-t-il en 2006 pour justifier son passage du Benfica au PSV Eindhoven, un an à peine après son arrivée à Lisbonne.

"J'ai tellement manqué (de moments familiaux) quand mes enfants étaient petits. Maintenant ils sont adultes et c'est toujours la même chose", regrettait Koeman en 2017 dans l'hebdomadaire belge Sport/Voetbal Magazine.

"Travailler comme entraîneur au plus haut niveau a un coût quotidien, physique comme mental", poursuivait-il.

Koeman a d'ailleurs connu une alerte au cœur en 2020, sept ans après la mort d'un arrêt cardiaque de son père. Au chapitre des épreuves, sa femme Bartina a contracté un cancer du sein en 2010 et lui-même a attrapé le Covid, sous une forme pas trop grave.

Arrivé au Barça en août 2020, le songe d'une nuit d'été manque déjà de tourner au cauchemar pour le Néerlandais dès ses débuts: la superstar Lionel Messi clame ses envies d'ailleurs, les résultats ne sont pas au rendez-vous, avec comme seul trophée une Coupe d'Espagne 2021, et les stades sont vidés par la pandémie.

"J'ai besoin de défis dans ma vie", avait alors rassuré dans l'Algemeen Dagblad l'entraîneur, qui avait qualifié les Pays-Bas pour l'Euro disputé en 2021 après deux grands tournois manqués par les "Oranje".

"J'ai travaillé dans beaucoup de clubs, connu beaucoup de choses, appris de ces expériences. Dans ma tête, je suis totalement indépendant".

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