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Horizon 2024. Après avoir renoncé à un projet d'agrandissement aussi ambitieux que contesté de la Gare du Nord à Paris, la SNCF met en oeuvre son "plan B", en améliorant l'existant pour les Jeux olympiques.
Les voyageurs peuvent déjà remarquer les premiers changements: des palissades ici et là, des boutiques fermées et surtout de nouveaux panneaux lumineux, beaucoup plus grands, qui dirigent vers le RER et le métro.
Gaël Desveaux, responsable de studio chez Arep --l'agence d'architecture de la SNCF--, ne lésine pas sur les superlatifs: il veut "une gare plus visible, plus fluide, plus verte, plus ouverte sur la ville".
Le gigantesque bâtiment qui devait doubler la surface de la gare la plus fréquentée d'Europe est bien oublié, et avec lui la polémique sur un projet jugé pharaonique et déconnecté de son environnement urbain par des élus et associations.
La SNCF a dénoncé en septembre 2021 le contrat la liant à Ceetrus --la foncière d'Auchan-- pour réaliser cette "Gare olympique", invoquant un manque de maîtrise du projet, une envolée des coûts et des retards très importants.
Tandis que le contentieux avec Ceetrus est parti devant les tribunaux, elle se concentre depuis sur des aménagements bien plus modestes, en concertation avec la Ville de Paris, Ile-de-France Mobilités et les transporteurs.
Le nouveau projet apporte "des réponses plus simples, plus frugales, et directement orientées vers l'expérience client", explique Hélène Marbach, responsable du chantier chez SNCF Gares & Connexions.
"On a tout repris à zéro", dit-elle. Recenser les espaces disponibles, étudier les flux de voyageurs, mieux tenir les vélos en compte...
Le grand quai transversal des grandes lignes de la gare de 1865 ne devait servir qu'aux arrivées dans le projet abandonné. Puisque le terminal des départs ne sera pas construit, il faut donc le dégager, explique-t-elle.
Deux kiosques vont disparaître pour faire un peu de place, tandis que de nouveaux panneaux invitent déjà les passagers empruntant les transports en commun à se diriger le plus rapidement possible vers le niveau inférieur, "sous-utilisé".
- A temps pour les JO -
Des espaces commerciaux qui avaient dû fermer dans la perspectives des grands travaux annoncés vont d'ailleurs rouvrir d'ici la coupe du monde de rugby (en septembre et octobre 2023). Un marchand de journaux Relay et un café vont ainsi remplacer l'ancienne brasserie de Thierry Marx, ce qui va permettre d'autres déménagements.
L'idée est aussi de déborder devant la gare, avec davantage d'accès et des terrasses. "L'objectif, c'est que le parvis reprenne vie", une fois débarrassé de ses voitures par la mairie de Paris, note M. Desveaux.
Comme Gare de Lyon, on va numéroter les espaces. Le quai transversal devrait ainsi s'appeler "hall 1". Des visuels sur une palissade de chantier montrent aussi un "hall 3B" pour certains trains de banlieue.
L'attention se porte surtout sur les grandes lignes et le terminal transmanche --agrandi--, une bonne partie des transformations concernent les RER et les trains de banlieue, sur le côté droit de la Gare du Nord, qui transportent bien plus de voyageurs tous les jours. Le gestionnaire des gares françaises veut notamment y faciliter les correspondances avec de nouveaux escaliers roulants, plus directs. Le terminal des bus sera entièrement refait juste au-dessus, accompagné d'un vaste espace gardé pour les vélos.
Tout doit être fini en avril 2024, à temps pour les JO.
Les travaux sont estimés par la SNCF Gares & Connexions à 50 millions d'euros, auxquels il faut ajouter la rénovation du parvis par la Ville. Par comparaison, le coût du projet précédent avait dérapé de 600 millions à 1,5 milliard d'euros lorsqu'il a été abandonné, selon le ministre délégué aux Transports de l'époque, Jean-Baptiste Djebbari.
La Gare du Nord a retrouvé ses 700.000 voyageurs quotidiens d'avant la crise sanitaire. La SNCF en prévoyait 900.000 en 2030, mais elle entend refaire ses calculs pour intégrer les effets contradictoires du Covid, de l'essor du télétravail et de l'objectif de doubler la part du marché du ferroviaire en une dizaine d'années.
SNCF Gares & Connexions commence à réfléchir à un nouveau projet d'agrandissement après les JO. "On a repris la démarche à zéro", indique Hélène Marbach.