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Le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet a mis en cause sans la citer Marie-George Buffet, "la ministre des Sports de l'époque", dans la poursuite des activités de Gilles Beyer dans les années 2000, lundi à sa sortie du ministère des Sports.
"Les premiers responsables sont ceux qui ont laissé commettre ces exactions. Je veux bien sûr citer le ministère, et la ministre des Sports de l'époque, qui, de par leur lâcheté, leur incompétence et leurs nombreuses volte-face ont permis de laisser des personnes sur la glace dans des sports à maturité précoce, donc plus exposés, alors qu'elles auraient dû être soignées et mises hors d'état de nuire", a accusé Gailhaguet dans sa déclaration à la sortie du ministère, où il venait d'être reçu par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui a exigé sa démission.
"Je parle de la ministre qui était en poste au moment des faits de M. Gilles Beyer", accusé de viol et d'abus sexuels la semaine dernière par Sarah Abitbol, trente ans après les faits, a-t-il seulement ajouté. Marie-George Buffet était ministre de 1997 à 2002.
Au début des années 2000, sur la base d'un signalement de parents, Gilles Beyer avait fait l'objet d'une enquête judiciaire qui n'a pas abouti, puis d'une enquête administrative, qui a conduit le ministère des Sports à mettre fin à ses fonctions de cadre d'Etat, un poste d'agent public rattaché à la Fédération, le 31 mars 2001.
- Brouillard -
"Elle lui a retiré (son statut), et elle nous l'a renvoyé (...) Il n'est pas resté à la Fédération, il est reparti dans son club d'origine dans lequel le ministère lui a redonné une carte professionnelle", a voulu corriger Gailhaguet, sans davantage de précisions.
Interrogé, le ministère des Sports a indiqué à l'AFP qu'"aussi loin que remonte le logiciel EAPS il n'y a pas de carte professionnelle affectée à Gilles Beyer, mais des recherches approfondies sont en cours sur son parcours".
Les "enquêtes et les divers témoignages concordent tous sur le fait que j'ai suspendu l'entraineur Gilles Beyer, diligenté une enquête administrative demandant expressément l'éloignement de cet entraineur et transmis l'affaire au parquet", a réagi de son côté Marie-George Buffet, dans un billet sur sa page Facebook, raillant "du brouillard pour échapper au fond de l'affaire".
Malgré cette mise à l'écart, Gilles Beyer a poursuivi sa carrière au club parisien des Français volants, présidé par son frère Alain, jusqu'à son éviction vendredi. Il a aussi effectué plusieurs mandats au bureau exécutif de la FFSG jusqu'en 2018.
"Une fédération sportive, ce n'est ni la police, ni la justice, elle n'a pas non plus les moyens humains et financiers du ministère des Sports pour faire des investigations", a encore affirmé Gailhaguet.
Gailhaguet a aussi soutenu que Gilles Beyer avait été "(remis) à disposition de l'Education nationale, là où il y a le plus de mineurs au m2, dans des lycées où se trouvent même des patineurs". Interrogé, le ministère des Sports a indiqué avoir entrepris des vérifications auprès de l'Education nationale.