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Les Rohingyas de l'Etat de Rakhine, secoués par des violences en Birmanie, ont exprimé dimanche la crainte de voir l'épidémie de coronavirus gagner les camps surpeuplés où ils sont confinés, une vague de contaminations ayant provoqué le confinement de Sittwe, la capitale de cet Etat.
Quelque 130.000 Rohingyas, une minorité musulmane persécutée, vivent dans des camps autour de Sittwe dans des conditions qualifiées d'"apartheid" par Amnesty International.
Durant la semaine passée, 48 cas de coronavirus ont été recensés à Sittwe, soit plus de 10% de la totalité des quelque 400 cas enregistrés jusqu'à présent en Birmanie.
Les autorités se sont rendues dans le camp de Thae Chaung cette semaine pour souligner la nécessité de respecter la distanciation sociale (totalement impossible puisque 10 familles en moyenne s'entassent dans une seule maison) et distribuer du désinfectant pour les mains et des masques de protection.
"Si le confinement est imposé pour une longue période, nous aurons (...) besoin d'aide", a expliqué un Rohingya, Kyaw Kyaw, indiquant que les habitants du camp s'étaient enfermés chez eux.
La rue principale de Sittwe ce dimanche © AFP
Les rues de Sittwe étaient vides dimanche, et les habitants sortis faire des courses, un masque sur le visage, se sont heurtés à des routes barricadées.
Les vendeurs ambulants proposaient des écrans de protection en plastique et des masques chirurgicaux.
Depuis vendredi, un couvre-feu nocturne a été imposé dans la ville, et tous les transports publics sont à l'arrêt.
Nous ne pouvons pas retourner dans nos villages
A Mrauk-U, où trois cas ont été détectés cette semaine, les habitants ont indiqué craindre un arrêt des distributions d'aide alimentaire aux camps de déplacés. "Nous n'avons nulle part où aller si le virus se propage, car nous ne pouvons pas retourner dans nos villages", a déclaré le chef du camp, Hla Maung Oo.
L'Etat de Rakhine est depuis longtemps secoué par des conflits ethniques et religieux. La minorité musulmane des Rohingyas dans cet Etat de l'ouest de la Birmanie est étroitement contrôlée, ne bénéficiant que d'accès limités aux services de santé, à l'éducation et au logement.
Un député local de cet Etat a rendu cette semaine les Rohingyas responsables de la propagation du coronavirus, dans un commentaire sur Facebook qui a été par la suite supprimé.
Quelque 750.000 Rohingyas s'étaient réfugiés en 2017 au Bangladesh, fuyant la répression militaire (que l'ONU a qualifié de "génocide") dans l'Etat de Rakhine à la suite de troubles.