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Plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés jeudi à Erevan, la capitale de l'Arménie, où les protestations contre l'ex-président Serge Sarkissian, devenu Premier ministre avec des pouvoirs renforcés, se poursuivaient pour le septième jour consécutif.
Jeudi matin, des centaines de manifestants, descendus dans la rue à l'appel du député et leader de l'opposition Nikol Pachinian, ont tenté de bloquer l'entrée du siège du gouvernement, dans le centre-ville. Ce mouvement a provoqué l'intervention des forces de la police antiémeute qui ont arrêté plusieurs dizaines de personnes, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les protestataires accusent Serge Sarkissian, qui vient d'achever son deuxième et dernier mandat présidentiel et a pu revenir au pouvoir en se faisant élire mardi Premier ministre par le Parlement à la suite d'une révision constitutionnelle controversée, de vouloir rester au pouvoir à vie.
"La police croit que les interpellations nous feront peur et que nous allons perdre le moral. Mais nous ne nous arrêterons pas, nous sommes résolus à poursuivre notre lutte pour obtenir des changements", a déclaré à l'AFP un manifestant, Souren Haroutiounian, 24 ans.
Pour sa part, M. Pachinian a appelé la police à "arrêter de protéger les bâtiments gouvernementaux, parce qu'ils appartiennent au peuple, non pas à Sarkissian qui s'est emparé du pouvoir en Arménie".
Des centaines de manifestants ont défilé dans la matinée dans Erevan, perturbant la circulation automobile dans les quartiers d'habitation de la ville. Ils posaient des tracts en faveur des changements sur le pare-brise des bus et scandaient des slogans antigouvernementaux.
Plusieurs automobilistes klaxonnaient en signe de soutien aux manifestants, répondant ainsi à l'appel de Nikol Pachinian : "Si tu es contre Serge, klaxonne !"
La première réunion du gouvernement de M. Sarkissian doit avoir lieu jeudi dans l'après-midi.
Mercredi soir, au moins 16.000 personnes s'étaient rassemblées dans le centre d'Erevan pour protester contre le nouveau Premier ministre, à l'appel de Nikol Pachinian, qui a proclamé le "début d'une révolution de velours" en Arménie et prôné une campagne nationale de "désobéissance civile".
"Notre révolution de velours se répand", avait assuré M. Pachinian devant la foule qui était toutefois moins importante que mardi, quand 40.000 personnes s'étaient réunies à Erevan, la plus grande manifestation de ces dernières années dans ce petit pays du Caucase.
Depuis une révision de la Constitution, le président de cette ex-république soviétique exerce des fonctions essentiellement protocolaires tandis que le chef du gouvernement dispose de pouvoirs étendus.
L'opposition affirme que cette réforme avait pour unique but de maintenir au pouvoir Serge Sarkissian, un ancien officier de l'armée qui occupait le poste de chef de l'Etat depuis 2008 après avoir déjà été Premier ministre en 2007-2008.
Depuis le début du mouvement de contestation, des actions de protestation ont également eu lieu dans les deux autres plus grandes villes d'Arménie, Gioumri et Vanadzor, même si jeudi, la situation était relativement calme en province, y donnant l'impression d'un essoufflement.