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Ornella Gilligmann, jugée aux assises à Paris pour un attentat raté près de Notre-Dame en 2016, a agi par amour pour un jihadiste, Abou Junayd, qui était en réalité Inès Madani, sa co-accusée, ont plaidé vendredi ses avocats.
La relation entre les deux accusées Ornella Gilligmann et Inès Madani a occupé une grande partie de ce procès qui a démarré le 23 septembre. La première, une mère de trois enfants, a rencontré un certain Abou Junayd sur internet. Elle en est tombée amoureuse au point de quitter son mari, sans même avoir vu cet homme... qui était en fait une femme, Inès Madani.
Leur relation a été "passionnelle, déséquilibrée, déterminante", pour l'avocate d'Ornella Gilligmann, Cosima Ouhioun. "Ornella Gilligmann va tout quitter pour cet homme. (...) Finalement, cette femme ne va pas être une bonne musulmane".
"Le passage à l'acte relève plus d'un crime passionnel", a estimé Me Ouhioun.
Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, les deux femmes garaient une voiture remplie de bonbonnes de gaz devant des restaurants près de Notre-Dame et tentaient de l'incendier avec du gasoil. Seul un mauvais choix de carburant avait permis d'éviter une explosion meurtrière.
"Contrairement à ce que déclare Inès Madani, ce n'est aucunement Ornella Gilligmann qui est à l'origine de ce projet d'attentat", a affirmé Cosima Ouhioun.
Elle "n’est pas innocente. Elle sait qu’elle va participer à quelque chose. (...) Mais elle pense que son rôle est circonscrit à une aide", complète Xavier Nogueras, qui défend également l'accusée. Ornella Gilligmann affirme avoir volontairement fait échouer l'attentat en optant pour du gasoil.
Le parquet a requis jeudi 25 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers contre cette femme de 32 ans.
"Vingt-cinq ans, c’est envoyer un message contre-productif. Cela veut dire que quel que soit le processus de déradicalisation, peu importe, c'est comme ça", a plaidé Cosima Ouhioun. Un aumônier musulman est venu témoigner à l'audience de son implication dans la déradicalisation. "Ornella Gilligmann, c'est à Fleury-Merogis une pestiférée pour des détenues radicalisées", a assuré l'avocate.
"Faut-il attendre que cette femme ait 55 ans pour sortir de prison, pour être utile à la société?", a-t-elle interrogé.
De même Joseph Hazan, l'avocat d'une autre accusée, Sarah Hervouët, a affirmé que celle-ci avait pris du "recul", réalisé "un travail d'introspection". "Permettez à Sarah Hervouët un retour à la vie!", a-t-il demandé aux magistrats.
L'audience reprendra lundi matin avec la plaidoirie de l'avocat d'Inès Madani. Le verdict sera rendu dans la journée.