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Aux Etats-Unis, la bataille sur l'avortement gagne les élections de mi-mandat

"Courrons aux urnes": à quatre mois d'élections législatives très périlleuses, le camp de Joe Biden espère que la bataille sur l'avortement qui déchire l'Amérique provoquera le sursaut politique dont le président a désespérément besoin.

"Les électeurs doivent se faire entendre", a appelé le dirigeant démocrate dès vendredi, assurant que "les libertés personnelles seront sur les bulletins" de vote lors des élections de mi-mandat de novembre.

Traditionnellement, ce scrutin lors duquel les Etats-Unis renouvellent la totalité des sièges de la Chambre des représentants ainsi qu'un tiers du Sénat est défavorable au pouvoir en place, et mobilise peu.

Mais "l'avortement est un des rares thèmes susceptibles de capter l'attention" à la faveur des démocrates, souligne auprès de l'AFP Shana Gadarian, professeure de sciences politiques à l'université de Syracuse, "car c'est une question sur laquelle un grand nombre de personnes ont un avis tranché".

Or, souligne-t-elle, "l'opinion publique est globalement favorable au droit à l'avortement, et cela est vrai même chez les républicains".

Selon un sondage CBS News/YouGov réalisé immédiatement après que la Cour suprême a enterré le droit à l'avortement vendredi, 50% des démocrates se disaient plus susceptibles de voter après la décision du temple du droit américain.

- Pilules, stérilets, FIV -

Bien conscients de ces statistiques, les candidats démocrates à travers le pays ont décidé d'axer leur campagne sur ce sujet, espérant transformer la colère de leur électorat en votes.

"Les attaques ne s'arrêteront pas là", a alerté Cheri Beasley, candidate pour le très disputé siège de sénateur de Caroline du Nord. "L'accès aux pilules contraceptives, aux fécondations in vitro, aux stérilets est aussi menacé", a-t-elle assuré, invitant les électeurs à "courir aux urnes" en novembre.

"Les enjeux ne pourraient pas être plus décisifs, envoyez-moi à Washington pour protéger les valeurs démocrates", plaidait ce week-end le démocrate de Pennsylvanie John Fetterman, qui affrontera en novembre un chirurgien superstar, soutenu par Donald Trump, pour un siège de sénateur.

Le 8 novembre, les Américains seront aussi appelés à se prononcer sur toute une série de scrutins locaux et éliront dans une trentaine d'Etats leur gouverneur, poste à très fort enjeu puisqu'il octroie un droit de veto aux lois votées par ses assemblées locales.

Dans l'Etat clé du Michigan, la gouverneure Gretchen Whitmer, candidate à sa réélection, a promis "de se battre de toutes ses forces" pour protéger le droit des femmes à avorter. Elle a déjà saisi les tribunaux pour empêcher la mise en oeuvre d'une loi de 1931 interdisant l'avortement.

- "Brûler l'Amérique" -

Dans le camp républicain, qui a largement applaudi l'annulation du droit des Américaines à avorter, on cherche au contraire à s'assurer que la décision de la Cour suprême ne devienne pas un cadeau empoisonné qui risquerait de repousser les électeurs les plus modérés de leur base.

"Les républicains vont faire tout ce qu'ils peuvent pour ramener le débat autour de l'inflation, l'économie, et les prix de l'essence", thèmes sur lesquels ils attaquent Joe Biden depuis des mois, prédit la sondeuse Carly Cooperman.

Candidat à une élection serrée dans le Nevada, où l'avortement est largement protégé, le républicain Adam Laxalt a ainsi appelé à ce que la décision de la Cour ne "détourne pas l'attention des électeurs des prix exorbitants, de la hausse de la criminalité ou de la crise (migratoire) à notre frontière".

Plusieurs conservateurs de haut rang, comme le républicain Lindsey Graham ont aussi rapidement replacé le thème de la sécurité au coeur des discussions, accusant des manifestants pro-avortement "anarchistes" de vouloir "brûler l'Amérique", bien que les débordements en marge des manifestations aient été très limités.

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