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Beaucoup de demandes, peu de places: les facs de sport face au tri des candidats

Comment départager les milliers de candidatures dans les universités les plus demandées? Très recherchées, les filières des métiers du sport scrutent les compétences des lycéens pour opérer un tri, au cœur du blocage de quelques universités.

Comme les années précédentes, les Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) ont gardé les faveurs des jeunes qui ont inscrit leurs vœux sur la nouvelle plateforme d'admission post-bac Parcoursup: elle reste cette année une filière dite "en tension", avec le droit, la psycho et la Paces (première année des études de santé).

Or les universités manquent de places pour répondre à cet engouement pour une voie ouvrant à des métiers comme professeur de sport, entraîneur sportif, manager du sport ou encore ergonome du sport. A l'été 2017, on dénombrait près de 33.000 candidats Staps pour 17.000 places, ce qui en faisait déjà la voie la plus touchée par les listes d'attente et le système controversé du tirage au sort, qui avait cours dans le précédent système d'admission à la fac.

"Il y a un attrait presque déraisonnable pour les Staps", estime Thierry Maquet, le directeur de ce département à l'université de Créteil.

Le gouvernement a certes annoncé la création de 3.000 nouvelles places pour la rentrée prochaine dans cette filière qui nécessite des infrastructures importantes (stade, piscine...), mais cela permettra pas de satisfaire toutes les demandes.

Le 22 mai, les premiers résultats sur Parcoursup vont tomber. Les mieux classés recevront une réponse positive. Certains auront une réponse "oui si", signifiant que leur candidature est acceptée à condition de suivre des parcours d'accompagnement, même si peu de facultés semblent en mesure de les mettre en place cette année.

La grande majorité recevront donc une réponse "en attente" et devront ainsi espérer que des places se libèrent.

Pour respecter la nouvelle loi et ne plus recourir au tirage au sort, les facs très recherchées classent donc les dossiers en fonction de la maîtrise de certaines compétences en se servant d'un algorithme. Une "sélection" décriée par les opposants à la réforme, et qui a entraîné un mouvement de protestation dans certaines facs et le blocage de plusieurs établissements depuis plusieurs semaines.

Pour les Staps, une "conférence des directeurs et des doyens a travaillé pour définir des critères objectifs, qui respectent la diversité sociale propre aux métiers du sport", assure Thierry Maquet.

- "Diversité de profils" -

Les notes obtenues dans les matières scientifiques, littéraires et sportives permettent d'attribuer un certain nombre de points, de même que l'avis des professeurs principaux et chefs d'établissement. Sont aussi pris en compte l'éventuel investissement sportif ou associatif des candidats en dehors de l'école, qu'atteste par exemple un diplôme d'entraîneur ou de pompier volontaire.

"Cette nouvelle procédure met fin à une situation détestable", celle du tirage au sort, se félicite Thierry Maquet.

En plus de critères "nationaux", chaque faculté a pu intégrer des critères "locaux". Par exemple, à l'université de Nîmes, où une filière Staps doit ouvrir à la rentrée prochaine, la lettre de motivation est scrutée avec soin. "On veut s'assurer que les candidats ont bien compris quelles options nous proposons", souligne Emmanuel Roux, son président.

A l'université de Bordeaux, "une attention particulière a été portée aux dossiers des athlètes de haut niveau", indique Léo Gerville-Réache, président de la commission des examens pour les Staps. Les premières places du classement ne sont pas réservées à des titulaires de bacs généraux, selon lui. Il y aura aussi des dossiers de bacs professionnel ou technologique, pour assurer une "diversité de profils".

Mais pour Anne Roger, chargée du secteur Staps au sein du Snesup, syndicat d'enseignants opposé à la réforme de l'université, cette "sélection" est "pire que le tirage au sort". "De nombreux étudiants ont des dossiers très similaires et on les différencie sur des critères qui avantagent toujours les catégories d'élèves les plus favorisés", dénonce-t-elle, citant la détention du Bafa (diplôme d'animateur) ou des choix d'orientation faits préalablement.

Reste une question: combien de candidats confirmeront effectivement leurs vœux en Staps? C'est une grande inconnue puisque cette année, les lycéens ne devaient pas classer leurs choix sur Parcoursup par ordre de préférence et ont donc bien plus de marge de manoeuvre pour faire leur choix final.

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