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Le ralentissement de l'économie mondiale risque de contraindre davantage de travailleurs à accepter des emplois de moindre qualité, mal rémunérés, précaires, et dépourvus de protection sociale, s'inquiète lundi l'Organisation internationale du Travail (OIT) dans un nouveau rapport. L'organisation prévoit aussi une légère hausse du chômage en Europe.
Le rapport "Emploi et questions sociales dans le monde" de l'OIT dessine des tendances difficiles pour le marché de l'emploi en 2023. Il prévoit que la croissance de l'emploi mondial se limitera à 1%, moins de la moitié du niveau de 2022, et que le chômage devrait augmenter d'environ 3 millions d'unités, pour atteindre 208 millions (taux de chômage de 5,8%). Il s'agirait d'une inversion de la baisse du chômage mondial observée entre 2020 et 2022.
Ces prévisions varient beaucoup selon les parties du globe, avec la région Europe et Asie centrale particulièrement touchée par les retombées économiques du conflit en Ukraine. L'emploi devrait y diminuer en 2023 mais les taux de chômage ne devraient augmenter que légèrement. L'étude prédit par contre une croissance de l'emploi d'environ 3% en Afrique et dans les États arabes, sans toutefois de réel recul des taux de chômage en raison de l'augmentation de leur population en âge de travailler. Le rapport interpelle également sur la qualité des emplois, "important sujet de préoccupation".
L'OIT indique que la pénurie chronique de meilleures possibilités d'emploi devrait s'aggraver et que de nombreux travailleurs devront accepter des postes de moindre qualité, mal payés, avec parfois des durées de travail insuffisantes. La situation est par ailleurs particulièrement difficile pour les travailleuses. A l'échelle mondiale, le taux d'activité des femmes restait éloigné de celui des hommes en 2022: 47,4% contre 72,3%. Les jeunes de 15 à 24 ans sont également confrontés à de graves difficultés pour trouver un emploi décent et le conserver, ajoute l'OIT. Leur taux de chômage est trois fois supérieur à celui des adultes.
Cette détérioration globale du marché du travail s'explique principalement par l'émergence de tensions géopolitiques et la guerre en Ukraine, la reprise inégale de la pandémie et la persistance de goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. "En raison du ralentissement de la croissance de l'emploi mondial, nous n'espérons pas pouvoir compenser les pertes subies pendant la crise du Covid-19 avant 2025", commente Richard Samans, directeur du département de la recherche de l'OIT et coordinateur du rapport.
"Le fléchissement de la croissance de la productivité nous préoccupe également beaucoup, car la productivité est essentielle pour faire face aux crises interdépendantes auxquelles nous sommes confrontés en matière de pouvoir d'achat, de durabilité écologique et de bien-être humain."