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La douleur et la colère des parents de Sascha et Alexander, tués à l'aéroport de Zaventem en 2016: "Plus aucun événement ne vaudra la peine d'être fêté"

Lorsque sa fille Sascha lui a adressé un dernier signe de la main depuis le train qui l'emmenait à Zaventem, Edmond Pinczowski n'aurait jamais pu se douter que serait le dernier. Comme Marjan Fasbender n'aurait jamais pu imaginer qu'elle ne recevrait plus jamais de câlins de son fils Alexander. Les époux sont venus confier mercredi, devant la cour d'assises de Bruxelles, la douleur et la colère provoquées par l'assassinat de leurs deux seuls enfants le 22 mars 2016 à l'aéroport de Zaventem.

"J'ai appelé Alexander à propos d'une facture à son nom. Notre conversation a été courte, à 07h58, sa voix a disparu", a raconté Edmond Pinczowski. "Ce n'est que le vendredi qu'on nous a officiellement annoncé que nos enfants n'avaient pas survécu. Les jours suivant (l'attaque), nous avons écumé les hôpitaux qui accueillaient des victimes des attentats avec des photos d'Alexander et Sascha pour faciliter les recherches. Ce n'est que plus tard que nous avons réalisé l'état de choc dans lequel nous étions."  

"Durant l'été 2016, quelques mois après le meurtre de nos enfants, nous avons pu voir leurs derniers instants de vie sur la vidéosurveillance de l'aéroport. C'est une proposition que beaucoup de parents n'accepteraient pas, mais pour nous c'était important. Nous étions désespérés", a expliqué Marjan Fasbender. "Nous espérions voir des visages enjoués, savoir qu'ils étaient morts avec le sourire, instantanément, sans se rendre compte de ce qu'il se passait."  

Et la témoin de poursuivre : "Nous avons vu un des terroristes marcher vers eux, un jeune homme qui aurait pu être un de leurs amis. Je n'ai pu m'empêcher de penser 's'il vous plait partez de l'autre côté'. Ils n'ont eu aucune chance, ils étaient pratiquement face à face avec leur assassin, qui a enclenché sa bombe, les tuant sur le coup. Ils ne sauront jamais qu'ils ont servi de bouclier pour une famille qui se trouvait derrière eux, lui sauvant probablement la vie. Savoir cela les aurait rendus fiers."  

"Quand mon épouse et moi avons vu les images de surveillance du hall, avec les trois hommes qui ont mis fin à la vie de nos enfants, on a pas pu s'empêcher de spéculer sur ce qu'il se serait passé si ces hommes avaient été leurs amis et pas leurs ennemis autoproclamés", a ajouté Edmond Pinczowski. "On n'aurait alors pas dû recevoir quelques mois plus tard leurs bagages partiellement brûlés ou retourner à New-York pour récupérer des possessions de Sascha. Vous décrire ce que ces expériences font à une personne m'est impossible."  

"Le monde s'est arrêté", a poursuivi la mère des deux victimes. "Nous ne sommes plus les fiers parents d'enfants fantastiques, nous devons faire un effort pour nous lever le matin et vivre notre vie. Nous avons des mauvais jours et quelques bons, mais nos journées ne seront plus jamais incroyables", a-t-elle dit avant d'exprimer sa colère : "Si je pouvais en décider, les accusés seraient condamnés à la perpétuité en enfer. À cause de leurs actes, je suis devenue une pire version de moi-même. Plus aucun événement ne vaudra la peine d'être fêté. La seule joie que je pourrais avoir, c'est de savoir qu'eux seront derrière les barreaux."  

"Je ne pense pas comprendre un jour ce qu'il s'est passé et se passe toujours dans l'esprit de ces gens. Un crime d'une telle ampleur et tellement dénué de sens est lié à un état d'esprit qu'il m'est impossible de comprendre", a affirmé Edmond Pinczowsky. "J'ai des origines juives, mes parents étaient les seuls survivants de l'holocauste de leurs familles respectives. Je n'ai connu ni grand-parent, ni cousin, ni oncle, ni tante et maintenant je n'ai plus d'enfant."  

Le couple a ensuite évoqué la mémoire de ses enfants, présentant Alexander comme un jeune homme de 29 ans très intelligent, curieux et avec plein de projets.

"Un géant gentil, humble et toujours prêt à rendre service", alors que sa petite sœur, Sascha, 26 ans, "illuminait chaque pièce dans laquelle elle entrait avec son sourire et son rire". Ses parents l'ont décrite comme une jeune fille intelligente, belle, charismatique, passionnée et "faite pour les voyages". Tous deux ont été dépeints comme très ouverts d'esprit et notamment à propos de l'islam.  

Le témoignage s'est terminé par la lecture de deux longs textes dans lesquels Cameron Cain, l'ex-femme d'Alexander Pinczowsky, revenait sur sa relation pleine d'un amour intense avec le jeune homme et sur ses contacts privilégiés avec la sœur et les parents de ce dernier.

 

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1 commentaire

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  • Je comprend votre colère si cela avait été mon cas je crois que j'aurait commis n'importe quel délit pour pouvoir les rejoindre en prison et leurs faire la peau mais avec une justice aussi déliquescente que la nôtre il ne faut RIEN espérer de se coté mais sachez que nombre de Belge sont a vos cotés.

    Charles Poulain
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