La vision du parquet fédéral à l'égard de Mohamed Abrini, l'homme qui a renoncé à se faire exploser à l'aéroport de Zaventem le 22 mars 2016, est "caricaturale, simpliste, stéréotypée et, en plus, contredite par le dossier", a asséné ce mardi son avocate devant la cour d'assises chargée de juger ces attaques. Me Laura Pinilla a ainsi dénoncé les "mensonges" et "opinions" que les procureurs fédéraux ont tenté de faire passer pour des vérités lors de leur réquisitoire.
"Je suis désolée mais on vous prend pour des buses!", s'est-elle exclamée face au jury populaire, évoquant les "merveilles" entendues ces dernières semaines lors des interventions du ministère public et des parties civiles. "Mais, heureusement, le parquet fédéral est objectif et ne peut pas mentir", a ironisé la pénaliste.
"C'est de l'enfumage!"
"Quand il s'agit de croire M. Abrini sur un élément à décharge, on vous dit qu'il ment. 'C'est de l'enfumage!' Mais, inversement, quand il s'agit de construire la maison de briques de l'accusation, on se fonde sur quoi? Sur les déclarations de M. Abrini", s'est étonnée l'avocate. "J'ai inspecté la maison de briques.... 29 fois, les déclarations de M. Abrini ont été utilisées dans les réquisitions. Si M. Abrini ment tellement, alors la maison de briques est faite de paille. On souffle et tout s'envole", a-t-elle illustré.
Me Pinilla a également pointé le fait que l'accusation considérait par contre qu'Osama Krayem, qui a renoncé à se faire exploser dans le métro, disait, lui, toujours vrai. Or, cet accusé a pourtant affirmé n'avoir jamais vu Mohamed Abrini confectionner les explosifs, contrairement à ce qu'a soutenu le parquet dans son réquisitoire. "J'ai l'impression qu'il y a deux poids, deux mesures."
Comme son collègue à la défense de "l'homme au chapeau" quelques minutes plus tôt, Me Pinilla a répété qu'elle n'entendait pas demander l'acquittement de son client.
