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"Apparemment, il y a des jours pour faire la manche": plusieurs communes adoptent un règlement sur la mendicité et ce serait ILLÉGAL

Depuis 1993, la mendicité est dépénalisée en Belgique. Mais elle pose parfois problème et de très nombreuses commune (265) ont décidé, pour la limiter, de la réglementer. Selon la Cour européenne des Droits de l’Homme, ces règlements ne sont pas légaux. Nous avons réalisé un reportage à Liège, où l'on croise beaucoup de mendiants.

Environ 8 euros... C'est ce que Nino a reçu en tendant la main aux passants pendant 3 heures. Il a aussi reçu une feuille expliquant le règlement communal sur la mendicité. "C'est la police qui m'a arrêté ce matin. Apparemment, il y a des jours pour faire la manche, à tel endroit ou tel endroit. Apparemment, il faut s'asseoir, poser un pot, mais ne rien dire. Alors comment les gens peuvent avoir un contact ? Il n'y a pas de contact", dénonce Nino, sans-abri.

À Liège, il est interdit de mendier dans certaines zones à certains moments, avec un animal qui pourrait devenir agressif, en compagnie d'un mineur de moins 16 ans. Interdit également de présenter un bol ou un gobelet susceptible d'intimider les passants. Le non-respect des règles entraîne des sanctions. "Oui, vous allez 12 heures au cachot quand vous vous faites attraper plusieurs fois sur un mois, par exemple. À la deuxième fois, vous allez au cahot pendant 12 heures", raconte Gianni, un autre mendiant.

Un groupe de jeunes filles distribue du café aux plus démunis dans les rues de Lièges. Ce sont des futures assistantes sociales. Elles font cela dans le cadre d'un projet pour l'école. Elles ignoraient que la mendicité était réglementée. "Mettre des jours où on peut mendier, ce n'est pas normal. Vraiment, vous m'avez bouleversé en disant ça me choque énormément, et ça enlève plein de droits... Vraiment, ça m'énerve en fait", déplore Carrie-Béa Oliver, étudiante assistante sociale.

Selon l'Institut fédéral des Droits humains (IFDH), 265 communes belges réglementent ou même interdisent la mendicité. Et elles seraient dans l'illégalité en regard du droit européen. Si certains s'offusquent de ces règlements, beaucoup se disent importunés par les mendiants au centre-ville. En première ligne, ce sont les commerçants. "Tout simplement parce que les gens harcèlent la plupart. 85%, ce sont des gens qui sont toxicomanes ou touchés par l'alcool. Donc, inévitablement, c'est dérangeant. Et on n'aide pas ces gens en leur donnant de l'argent", souligne Jean-Luc Vasseur, président de l’association des commerçants de Liège.

La ville de Liège a adopté son règlement en 2001. Il a permis de limiter le nombre de mendiants. Aujourd'hui, il est menacé par la Cour européenne des Droits de l'Homme. "Nous verrons bien... Mais il est clair que nous avons besoin de solutions. Si ce n'est pas sur règlement, nous devons être aidés puisque nous avons, à Liège, des problèmes qui sont liés à la précarité sociale, mais surtout à des problèmes de santé mentale et à des problèmes de toxicomanie", affirme le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer.

Après de nombreuses tentatives infructueuses, Gianni et sa compagne reçoivent les deux pièces de 2 euros qu'ils demandaient. "Parfois ça nous sert pour la drogue, oui, on ne va pas se mentir...", confie le sans-abri. Ces pièces-ci auront un autre usage : "Ce sera pour payer notre place aux restos du cœur. Parce que les restos du cœur sont payants, les gens l'ignorent mais ce n'est pas gratuit", poursuit-il.

Pour anticiper une éventuelle suppression du règlement sur la mendicité, le bourgmestre de Liège a déjà prévu d'interpeller tous les ministres concernés : Justice, Intérieur, Santé et Affaire sociale. 

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Commentaires

1 commentaire

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  • Donner de l'argent à des drogués et des alcooliques, ce n'est pas les aider.. bcp importunent les gens. Laisser un pot et ne rien demander : celui qui veut donne. La solution, ça serait peut-être aller travailler, non?

    إدريس بومة
     Répondre