"C'est le retrait du plan ou rien": syndicats et travailleurs remontés contre la direction de Delhaize, le conseil d'entreprise n'a rien donné

Plusieurs centaines de travailleurs se sont rassemblés devant le siège de Delhaize à Zellik, en Brabant flamand, ce mardi, où un nouveau conseil d'entreprise a eu lieu. Des bus étaient organisés pour permettre aux employés de se rendre ensemble sur place. "Il y a des Delhaiziens, mais pas seulement. Il y a aussi des délégués d’autres secteurs, de l’industrie, du commerce d’autres enseignes qui, par solidarité, veulent être présents à ce conseil d’entreprise", explique Giovanni Buscemi, secrétaire permanent SETCa. 

Cette action vise à marquer leur colère et leur tristesse, après l'annonce de la direction, mardi dernier, de faire passer les 128 magasins intégrés du groupe sous le statut de franchisés. Quelque 9.000 employés sont concernés par ce changement. "On veut montrer un signal fort, comme Delhaize l’a fait par rapport à l’annonce. Pour montrer clairement que les Delhaiziens ne se laisseront pas faire et clairement, purement et simplement : il faut que Delhaize fasse marche arrière par rapport à l’annonce qu’ils ont fait de franchisés les magasins", poursuit le secrétaire permanent SETCa.

Vers 8 heures, des centaines de personnes étaient déjà présentes. Les protestataires se font entendre au moyen de sifflets, klaxons et applaudissements. Deux camions n'ont pour l'instant pas pu passer à cet endroit.

Les employés sont déterminés et ils ne laisseront pas faire, assurent les syndicats. "Les magasins sont fermés depuis une semaine et les travailleurs n’en démordront pas", renchérit Giovanni Buscemi. "On est là pour ne rien lâcher, pour ne pas franchiser, ce n’est pas ce qu’on veut et on ne voudra jamais ça. Point de vue perte de salaire, ouvrir les dimanches, on n’est pas des pions…", insiste Antonietta, employée au Delhaize d’Hornu. "Si on laisse faire ça, tous les autres commerces vont suivre." 

Un modèle intégré peu rentable

Les dirigeants de Delhaize estiment que le modèle intégré n'est plus assez rentable. Les magasins franchisés, gérés donc par des indépendants, vont-ils pour autant supplanter définitivement les magasins intégrés dans l'ensemble de la grande distribution ? Pas forcément pour Christophe Sancy, rédacteur en chef du magazine de la distribution Gondola. "Les deux modèles vont continuer à co-exister, affirme-t-il. On va avoir, comme c'est déjà le cas aujourd'hui, une part du marché qui est constitué de Discounter : des hard discounter comme Aldi et Lidl, et des soft discounter comme Colruyt. Puis des magasins qui seront principalement des franchisés, mais pas exclusivement, dans des enseignes plus généralistes. On peut même noter d'ailleurs que Colruyt a une branche de magasins intégrés où ils font du prix bas permanent, qui est Colruyt meilleur prix. Et une branche de franchisés, qui est Spar."

Dans la matinée, un conseil d'entreprise entre syndicats et direction de Delhaize a eu lieu, mais celui-ci a tourné court. Après un quart d'heure, les deux parties se sont quittées. Le désaccord est total et la mobilisation continue, ont fait savoir les syndicats à leur sortie. "C'est la direction qui n'est pas ouverte aux négociations. La direction a imposé son plan. Donc, ce n'est pas nous. C'est eux qui ne sont pas ouverts aux négociations", a fustigé Myriam Djegham, secrétaire permanente du syndiat CNE. 

"Ils sont venus avec des slides, point à la ligne. On ne leur a pas laissé lire. On a fait une déclaration disant que pour nous c'était le retrait du plan ou rien, parce qu'ils ont les moyens de continuer à exploiter les magasins en intégré. C'est un dialogue de sourd", explique encore Myriam Delmée, vice-présidente du syndicat socialiste SETCa.

Tension sur place

Sur place, une tension extrême se fait sentir dans les rangs des travailleurs. "Conseil d'entreprise expéditif, où la revendication en front commun n'a été que balayer d'un revers de la main par la direction", regrette Stéphane Breugelmans, coordinateur CNE pour Liège. Les syndicats vont désormais discuter ensemble pour établir un plan d'action. Et du côté des travailleurs, la mobilisation va continuer. 

Une petite centaine de magasins (95, précisément) restent à nouveau inaccessibles aux clients de Delhaize ce mardi, a indiqué un porte-parole de l'enseigne.