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Dans les Pyrénées, le chantier d'un futur golf fait débat la pluie se laisse désirer: "C'est un projet insensé"

A l'horizon, un vaste terrain vide, où des terrassements ont déjà débuté pour faire émerger un futur golf: à Villeneuve-de-la-Raho, plusieurs milliers de personnes ont marché samedi contre ce chantier dans un département des Pyrénées-orientales qui affronte une sécheresse chronique.

"C'est un projet insensé", résume Astrid Osland, une opposante venue comme de nombreux autres (4.500 selon les organisateurs, 1.500 selon la gendarmerie) protester contre ce projet dont les travaux ont débuté, dans un périmètre désormais tenu à l'écart du public par une clôture de plastique orange.

Ici doit sortir de terre un golf de 18 trous et 600 logements, pour une trentaine d'hectares de bâti, un projet qui dérange dans ce département où la pluie se laisse désirer depuis près de trois ans.

"Avec la forte mobilisation d'aujourd'hui, le ministre de la Transition écologique va siffler la fin du projet", veut croire Me Mathieu Pons-Serradeil, qui a déposé deux recours pour deux associations, "Pays catalan écologie" et "Agissons 66". "A deux mois des élections européennes, ce serait un geste fort prenant en compte les préoccupations du département face à cette sécheresse interminable", a-t-il jugé.

"On a perdu 60% de la pluviométrie ces trois dernières années", a expliqué à l'AFP Nicolas Garcia, élu communiste et premier vice-président du département, chargé de l'eau. "Pour vous donner une idée, il faudrait 600 mm (de pluie) pour rattraper tout le retard, recharger les nappes (phréatiques) et au moins 350 mm pour passer l'été."

Or, depuis le début de l'hiver, Perpignan, limitrophe au nord, n'en a reçu qu'une cinquantaine et le préfet n'a cessé de prolonger et renforcer ses mesures de restriction sur l'usage de l'eau, en vigueur depuis le printemps 2022.

Eaux usées

D'où les sourcils froncés face à un golf où l'herbe devra nécessairement être plus verte que chez le voisin. Oui, mais l'arrosage se fera principalement grâce aux eaux usées de Villeneuve-de-la-Raho, a assuré sa maire Jacqueline Irles (LR), qui continue de défendre bec et ongles le projet.

"On me dit, +(le golf) tombe mal en ce moment, c'est la sécheresse+. Mais jamais il n'est tombé aussi bien! C'est lui qui va apporter des solutions!", proclame l'édile de cette petite commune de 4.000 habitants. Pour elle, en puisant dans les eaux usées, le 18 trous montre "que ça n'est pas dangereux" et ouvre la voie à la réutilisation de cette ressource pour l'agriculture.

"En toute humilité, je devrais être remerciée d'avoir fait ça, d'avoir anticipé à l'époque (en prévoyant dès 2009 l'utilisation d'eaux usées et de graminées peu consommatrices, NDLR). Et au contraire..." Elle imite le son et le geste de pleurs enfantins, qu'elle attribue à ses opposants. "Les bras m'en tombent." Si le projet devrait par ailleurs apporter environ 200 emplois directs et indirects, il n'en provoque pas moins une levée généralisée de boucliers.
 

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