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"On a dû fermer des jours": 3 PME sur 10 sont en difficulté en Belgique, les crises en cascade commencent à peser

3 petites et moyennes entreprises (PME) sur 10 sont en difficulté suite à la crise énergétique. C'est un constat dressé par l'Union des Classes moyennes (UCM). Des entreprises qui jusque-là avaient bien résisté après la pandémie, mais la succession des crises commence à peser...

Des galettes dorées à souhait, cuites dans un four professionnel devenu un véritable flambeur de billets. La crise énergétique pèse sur la boulangerie de Jonathan. 9.000€ de factures en aout, par exemple. "On a dû fermer partiellement des jours. On a fermé un magasin complètement", regrette Jonathan Mahy, chef d'entreprise en boulangerie.

L’indépendant s’adapte, pour maintenir 4 points de vente, et 12 employés. Le mode survie est activé. En Belgique, 3 petites ou moyennes entreprises sur 10 sont aujourd’hui dans la même situation. "Niveau investissement, forcément, ça ne nous donne plus envie de continuer. On a peur de s'enterrer", poursuit le chef d'entreprise. 

Concrètement, les PME sont sorties de la crise covid sans trop de dégâts. Grâce notamment aux aides du gouvernement. Puis, en 2022, la crise énergétique et économique est en train de les achever. On parle alors d’entreprises saines financièrement, mais en manque accru de réserve de liquidités. "Les chocs qu'on a vécus dernièrement nous démontrent que justement cette réserve redondante est hyper importante afin de pouvoir subvenir à des chocs soudains imprévus", informe Eric Van den Broele, directeur de recherche et développement pour un fournisseur de données commerciales.

Les entreprises de 1 à 4 employés sont les plus impactées. En Belgique, 90 à 95% des entreprises sont des PME. Elles emploient donc moins de 50 personnes. C’est 50% du marché de l’emploi. L’union des classes moyennes craint pour la survie de ces emplois, notamment face à l’indexation des salaires de plus de 10 % en 2022. "Aujourd'hui, on a un vrai problème: vous avez une entreprise de 10 personnes, tout d'un coup, il y en a une 11e à payer qui ne produira jamais rien. Car 10%, c'est une personne en plus", expose Arnaud Deplae, secrétaire général de l'UCM.

Malgré tout, l’union des classes moyennes reste persuadée que les PME ont de l’avenir. Mireille, patronne d’une entreprise familiale de vêtements de travail, en est persuadée aussi. Il y a 10 ans, elle investit dans des panneaux photovoltaïques. Et aujourd’hui, ils assurent 17% de sa consommation d’énergie. "J'étais à l'école de mes parents qui m'ont toujours dit de laisser l'argent dans l'entreprise et de faire fructifier l'entreprise. On ne se distribue pas des grands dividendes comme il y a dans des grandes sociétés. On laisse l'argent dans l'entreprise de telle façon qu'on peut chaque fois réinvestir de manière intelligente", explique Mireille Rousseau, cheffe d'entreprise en textile.

Pendant la crise covid, par exemple, Mireille s’est réinventée. Nous l’avions rencontrée en 2020 alors qu’elle fabriquait des masques en tissu. Pour elle, le secret de la survie, c’est l’anticipation et l’agilité. "J'ai énormément travaillé, de quasiment 4h du matin jusque 9 ou 10 heures du soir chaque fois sans prendre de week-end. Mais c'était aussi une opportunité pour se dire qu'on peut aussi signifier quelque chose", dit-elle.

Autre lueur d’espoir : elle concerne les PME d’une seule personne. Ces indépendants, consultants par exemple, travaillent pour eux-mêmes. Ils représentent 9 PME sur 10 en Belgique, un record ! Et ce sont eux qui s’en sortent le mieux.

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