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Faire payer le 2ème mois de maladie aux patrons? "On est en train de saboter l’idée d’être employeur"

Pierre-Frédéric Nyst, le président de l’Union des classes moyennes (UCM), était l’invité de Bel RTL matin. Au micro d’Antonio Solimando, il a critiqué la proposition du ministre de la Santé qui veut faire prendre en charge le deuxième mois de maladie par les employeurs. 

Le ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, avance une proposition de prise en charge par l'employeur du deuxième mois de maladie en guise de lancement de la seconde phase de sa politique en matière d'incapacité de travail qu'il espère voir aboutir avant la fin de cette législature. Ce serait donc deux mois de prise en charge, au lieu d’un seul, en échange d’une baisse des cotisations salariales. 

L’Union des classes moyennes signerait-elle cette réforme ? "Absolument pas, on est tout à fait opposé. On pense que le ministre Vandenbroucke devrait peut-être prendre un peu de vacances, ce serait très bien. C’et une très mauvaise mesure, parce qu’aujourd’hui vous avez le salaire garanti le premier mois. L’idée aujourd’hui dans un cadre beaucoup plus large de remise au travail de malades de longue durée, c’est de dire : vous allez prendre en charge le 2ème mois (ce n’est pas tout à fait le même montant, c’est le mois de maladie-invalidité, pas nécessairement de salaire, mais cela reste un coût important) et vous aurez des récompenses, si vous remettez au travail des malades de longue durée. Mais dans une PME ,si vous avez quelqu’un qui se casse le pied, qui ne sait pas venir un mois et doit prolonger un deuxième mois, c’est quelqu’un qui reviendra de toute façon dans l’entreprise et on n’est pas dans la problématique de remise au travail de longue durée. Par contre, on aura un coût qui va doubler pour l’employeur et donc nous disons non très clairement par rapport à ce genre de mesure", indique Pierre-Frédéric Nyst.

Vous estimez donc que cette mesure ne va pas atteindre l’objectif prévu par le ministre?

"Dans nos PME, nous craignons que cela ne fasse qu’alourdir le coût. Je peux accepter l’idée d’un retour au travail des malades de longue durée, mais c’est un travail compliqué et pour lequel il faut mettre trous les acteurs autour de la table : les employeurs, les travailleurs, les mutuelles, les médecins doivent jouer le jeu. Aujourd’hui, on a l’impression qu’on prend un peu une solution de facilité, en disant : on va une fois de plus demander un effort aux employeurs et ça, ça ne va pas", estime le président de l’UCM.

Quels sont les efforts que doivent faire les travailleurs ou les médecins?

"Je crois que c’est un vrai débat de société. On connaît tous des gens qui font appel à des certificats de complaisance. On connaît tous des gens qui disent : ce n’est pas trop grave, on est beaucoup dans la boîte, si je ne suis pas là, d’autres feront le travail. Je crois qu’il faut un retour aux vraies valeurs, et notamment à la valeur travail. Une forme de conscience professionnelle", affirme Pierre-Frédéric Nyst.

Est-ce qu’on ne parle pas d’une minorité ? Vous n’êtes pas en train de caricaturer, ce qui est un préjugé?

"Malheureusement, ça existe. On a un autre débat, c’est le débat des trois fois trois jours sans certificat médical. Nous on a dit aussi, on ne veut pas ça dans nos entreprises, dans nos PME. Pourquoi ? parce qu’on le pratique déjà avec les gens qui sont de bonne composition. Quand quelqu’un effectivement n’abuse pas et téléphone en disant : je ne suis vraiment pas bien cette fois-ci, il n’y a pas de problème, on règle ça en interne. Si vous donnez un cadre beaucoup plus large, vous donnez la possibilité à celui qui est un peu de mauvaise composition d’abuser et ça c’est une réalité. On veut éviter tout ça. Aujourd’hui, on est en train de saboter l’idée d’être employeur, c’est un défi d’être employeur aujourd’hui. C’est compliqué. Nous accompagnons des indépendants qui font le grand pas en avant pour devenir des employeurs, et bien on est en train de nous saboter véritablement tout le travail qui est proposé pour devenir employeur et on n'aura plus d’employés si on continue comme ça", avance-t-il.


 

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Commentaires

3 commentaires

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  • pourquoi le patron devrait il payer le 2 eme mois alors que l employer est en maladie faut pas pousser la

    dominique decarnoncle
     Répondre
  • Ce gouvernement fait tout pour dégoûter les investisseurs de venir chez nous.

    roger rabbit
     Répondre
  • Imaginez la tension au boulot entre l'employeur et l'employé qui revient de 2 mois de maladie "payé à ne rien".... et imaginez l'ambiance entre les employés qui ont bossés 38h semaine pour avoir quasi le même salaire que leurs collègues restés à la maison ! Ambiance Ambiance !!

    Cedric Hoffelt
     Répondre