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Anders Breivik, Michel Fourniret, Guy Georges ou encore Marc Dutroux: ils ont fait la une des journaux pour leurs actes criminels. Souvent détestés, derrière les barreaux, tous reçoivent pourtant des lettres d’amour et des demandes en mariage. Mais pourquoi?
Plusieurs études existent sur la question, mais il est difficile d’établir un profil type des expéditeurs de ces déclarations d'amour. "Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer ce phénomène. Il y a tout d'abord la fascination qu'exerce le crime et le criminel par rapport à la population. On peut se retrouver aussi par rapport à des femmes qui sont esseulées, en manque de contacts et on peut se tourner vers des détenus. Ça peut être également des femmes qui souhaitent aider leur prochain et qui se sentent investies d'une mission salvatrice", explique Vincent Seron, chargé de cours adjoint en criminologie à l'Université de Liège.
Mieux vivre psychologiquement la détention
Le phénomène porte un nom: l'hybristophilie. Comprenez l’attirance pour un individu qui a commis un crime.
Nous interrogeons Margot Parmentier. Assistante en criminologie à l’Université de Liège, elle a consacré son mémoire aux relations amoureuses entre un prisonnier et un partenaire hors des murs. Les messages d’admirateur ou d’admiratrice jouent un rôle essentiel. "Certains détenus amènent que ça les étonnent et qu'en même temps ça peut les flatter. Certains détenus amènent aussi le fait de mieux vivre psychologiquement la détention. C'est-à-dire que le temps va leur paraître peut-être moins long. Ils vont se sentir moins seuls dans un parcours qui, bien souvent, leur semble évidemment très long", indique-t-elle.
Des sites spécialisés aux USA
Aux Etats-Unis, le phénomène est tel qu’il est très organisé. Il existe des sites internet qui permettent à celles et ceux qui le désire d’entrer en contact avec un criminel. Une sorte de site pour rencontre avec une description des détenus, les raisons de la peine et la date de sortie. "Ce côté virtuel a quelque chose de rassurant parce qu'il y aura vraisemblablement très peu de contacts, voire jamais de contact, avec le détenu. S'il y a contact avec le détenu, ce sera dans un cadre assez rassurant. Et puis ça permet d'entretenir cette fascination, pour certaines, que l'on a du crime et du criminel", confie Vincent Seron.
Cette attirance pour des détenus est loin d'être nouvelle. Il y a un siècle déjà, Landru, condamné à la peine de mort pour 11 meurtres, avait reçu 800 demandes en mariage et 4.000 courriers en 3 ans à peine.