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Grève chez Delhaize: le blocage du centre de distribution de Zellik levé après des menaces d'arrestations

Une centaine de grévistes ont paralysé le dépôt de Zellik vendredi soir dès 20h. Une opération coup de poing qui pour objectif d'empêcher les magasins Delhaize d'être ravitaillés en nourriture. Objectif atteint puisque ce samedi, certains supermarchés n'ont pas été approvisionnés. Ce sont surtout les produits frais qui sont concernés.

Le blocage du centre de distribution de Delhaize à Zellik a été levé au cours de la nuit de vendredi à samedi après que l'entreprise a décidé d'"intervenir", a indiqué un porte-parole de Delhaize, samedi. De source syndicale, on a précisé que la levée a été décidée après une menace de placement des personnes présentes en détention administrative.

Les syndicats de Delhaize avaient à nouveau mené une action vendredi soir au centre de distribution de produits frais à Zellik, commune limitrophe de la capitale. Selon la police locale, une petite centaine de personnes étaient présentes. Elles ont bloqué l'entrée et la sortie de la zone industrielle où se trouve le centre de distribution, ne laissant passer que les camions entrants. L'atmosphère devenant "plus menaçante", selon la police, des renforts de la police fédérale ont été demandés. Deux personnes ont été placées en détention administrative.    

Le blocus a été levé vers 2 heures du matin. Selon Geert Sanders, de la section Horval de la FGTB, un huissier était arrivé sur les lieux. "La police a ensuite menacé de placer tout le monde en détention administrative. Après cela, l'action a été interrompue", a-t-il expliqué.  

"Il était nécessaire d'intervenir afin de garantir la distribution dans les magasins", a commenté de son côté Roel Dekelver, porte-parole de Delhaize.    Selon celui-ci, les conséquences de l'action seront plutôt limitées. L'approvisionnement des magasins sera retardé.  

Entre-temps, le mouvement de grève du personnel des magasins se poursuit. Sur les 128 magasins appartenant à l'entreprise, 96 resteront fermés samedi, a indiqué Delhaize. À Bruxelles, tous les magasins de la chaîne de supermarchés sont fermés, et en Wallonie, un seul magasin est ouvert. En Flandre, environ la moitié des magasins restent fermés. "Le nombre de magasins inaccessibles est plus élevé que durant la semaine", a encore dit le porte-parole.

La tension monte

Depuis 20 heures ce vendredi, le dépôt de Delhaize était complètement paralysé par une opération coup de poing. L’objectif des grévistes : empêcher tout approvisionnement des magasins Delhaize. Pour y arriver, ils étaient une centaine à filtrer la moindre entrée. Mais parfois, la tension montait. "Il y a un camion qui va encore essayer de passer mais il ne passera pas, c'est tout. Tout est bloqué... C'est pas mal, c'est bien. Il y en a qui font demi-tour là-bas au bout", dit Mattéo, travailleur Delhaize.

Après 3 heures de blocage, les nerfs lâchent... Un chauffeur de camion s'est présenté au centre de distribution de produits frais de Delhaize. Mais il n'a pas pu passer, alors il s'énerve et crie dans tous les sens. "C'est une tentative de passage en force par un chauffeur et de la brutalité, explique Eric Breugelmans, délégué permanent CNE. Ce sont des choses qui arrivent, mais la tension est rapidement descendue."

Une colonne entière de camions s'est rapidement formée. Tout le monde était à l’arrêt. "Les chauffeurs étrangers s'énervent un peu, effectivement. Mais bon, ce sont juste des klaxons", relativise Julien Dejon, délégué permanent CNE. 

La file remontait jusqu’au ring de Bruxelles. Des chauffeurs ne travaillant pas pour Delhaize étaient, eux aussi, bloqués. "Ok, ils font grève... Mais ils peuvent penser à nous, un minimum... Il y en a qui travaillent encore", rouspète un chauffeur. "Mais je vais à la maison, j'en ai rien à foutre avec tout ça, moi, je vais à la maison", lance un autre, également bloqué. 

Face à l’ampleur des perturbations, la police est appelée en renfort. Mais pas question de quitter les lieux. Sur place, un feu de fortune s’est même organisé. "On va gagner nous autres!" Certains ont même amené des marshmallow à faire cuir en guise de réconfort.

Les syndicats déposent un préavis de grève

Pour rappel, la direction de l'enseigne au lion a annoncé il y a environ deux semaines son intention de mettre sous franchise ses 128 magasins intégrés. 

Les syndicats chrétiens ACV Puls et libéral CGSLB ont déposé un préavis de grève pour l'ensemble du secteur du retail, soit l'ensemble des chaines de grands magasins en Belgique. Ils entendent ainsi adresser un message clair, à quelques semaines du démarrage de la concertation sociale dans le secteur. L'information diffusée dans ce sens par les journaux du groupe Mediahuis a été confirmée samedi par l'ACV Puls.

"Il est clair que le problème du recours à la franchise est une tendance plus large que le seul Delhaize. Nous voulons adresser un signal clair", a déclaré samedi la coordinatrice générale de l'ACV Puls, Kristel Van Damme.  

Le préavis de grève intervient à l'occasion de la concertation sectorielle appelée à démarrer le 17 avril prochain. "Ce jour-là, il y aura certainement des actions", a commenté Kristel Van Damme, précisant ne pas encore savoir s'il y aurait effectivement des grèves à ce moment-là. Selon elle, c'est le déroulement de la concertation sectorielle qui déterminera si d'autres actions suivront.  

L'ACV Puls souhaite un statut unique pour tous les travailleurs du secteur. Il préconise le maintien de la Commission paritaire 202, la plus favorable dans le commerce de détail.  

"Bien entendu, nous n'avons pas l'intention d'accepter que les gens doivent faire des efforts supplémentaires", a ajouté la coordinatrice générale. "Les salaires dans le secteur sont déjà bas." À ses yeux, il n'est pas exagéré de demander que tout le monde obtienne au moins le salaire du commerce de gros. 

"Nous espérons parvenir à un bon accord, mais nous craignons que les négociations ne soient pas faciles", a conclu Mme Van Damme.

Le prochain conseil d'entreprise extraordinaire est prévu mardi.

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Commentaires

5 commentaires

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  • Assez de la tyrannie syndicale habituelle ! En effet, seule leur représentation risque de souffrir du morcellement des responsabilités. individuellement les droits acquis des travailleurs est garanti par la loi ! Dès lors on cherche quoi ? Les patrons sont indispensables au maintien de l'outil, à défaut c'est la faillite généralisée

    Marc BEYNS
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  • L'hymne des Wallons : "je ne veux pas travailler" !

    roger rabbit
     Répondre
  • Une minorité de gens, bloque une majorité de gens. Nous sommes les champions de la grève avec la France, il suffit de regarder l’état de notre pays ainsi que celui de la France!

    jonathan desmet
     Répondre
  • Les syndicats luttant pour leurs pertes de pouvoir et finance, pas pour les employés, poussent les moutons à monter au front. A l'arrivée de la police et des arrestations prévues, les moutons savent qu'ils seront lâchés par les "protecteurs rouges-verts" et se retirent !

    Michel Scavée
     Répondre
  • Il est grand temps d’arrêter cette grève inutile.Un de ces jours vous aurez tous votre c4 ou bien l’entreprise établira un plan Renault....mais rassurez-vous vos délégués garderont le leur vu qu’ils sont protégés.

    Alain OPDEBEECK
     Répondre