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Deux fois moins de personnes traitées pour un AVC à Liège: "Des patients risquent de se retrouver avec des handicaps qu'on aurait pu éviter"

Le coronavirus en Belgique commence à impacter négativement le reste des soins urgents pratiqués dans les hôpitaux. Julien Ly neurologue, spécialiste en accidents vasculaires cérébraux, au CHU de Liège, a répondu en direct aux questions de Fabrice Grosfilley dans la matinale de BEL RTL.

De plus en plus de patients, avec des symptômes parfois alarmants, hésitent à se rendre à l’hôpital. Au CHU de Liège, les spécialistes le confirment. "On remarquait déjà le mois passé une désertion des patients en consultation de suivi et ces temps-ci on voit une désertion des patients admis pour un AVC en urgence", explique le docteur Ly.

Combien de patients devriez-vous avoir normalement ? Est-ce qu’on peut faire une comparaison dans les chiffres ?

En Belgique, il y a environ 19.000 AVC par an, soit 52 par jour. Au CHU de Liège, on accueille notamment 1.200 patients pour cette raison, cela fait une centaine par mois. En mars, on en a dénombré moins de 50, donc c'est une réduction de moitié au moins.

Quels types de dégâts un AVC peut-il causer ?

Il y a deux grands types d’AVC. Il y a les accidents hémorragiques cérébraux, donc c’est un vaisseau qui se rompt. Cela représente environ 15 % des AVC, alors qu’il y a environ 80 à 85 % d’AVC dits ischémiques, donc ce sont des thromboses cérébrales, donc c’est une artère qui se coupe, le sang n’arrive plus au cerveau, et il y a un dysfonctionnement cérébral. On estime que par minute de perdu, où le sang n’arrive plus on a 2 millions de neurones qui sont perdues, donc c’est énorme.

Il n’y a pas moins d’AVC, il y a moins d’admission. Le confinement et la pandémie de coronavirus ne peuvent pas suffire à expliquer une telle diminution d’incidence des AVC donc on en déduit que des patients ne viennent pas.

Quels sont les signes auxquels les personnes doivent être attentives ?

Les trois signes principaux sont une bouche de travers, une faiblesse d’une moitié de corps, des troubles du langage, des troubles de la parole. Donc si l’on a un ou plusieurs de ces symptômes, il faut noter immédiatement l’heure d’apparition de ces symptômes et appeler immédiatement le 112. Il ne faut pas avoir peur de se présenter à l’hôpital, le flux des patients suspects du coronavirus et les patients des urgences générales, dont les AVC, sont parfaitement séparés, que ce soit aux urgences ou en hospitalisation.

Vous craignez qu’il y ait une deuxième crise avec un engorgement des hôpitaux causés par l’afflux de patients qui ont tardé à se faire soigner en raison de la pandémie ?

On parle beaucoup des patients qui arrivent à l’hôpital, on parle beaucoup moins des patients qui n’arrivent pas. Ces patients-là laissent parfois évoluer des maladies chroniques, qui vont jusqu’à la décompensation. L’AVC est un parfait exemple, comme chaque seconde compte dans la prise en charge, plus on attend, plus on risque d’avoir des patients qui décèdent ou qui développent des handicaps irréversibles. On va probablement avoir un retour de flammes de patients qui se sont présentés trop tard avec des conséquences très graves et des handicaps qui auraient pu être évités, donc ce sera un poids énorme pour la société.

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