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Enfants narcissiques, individualistes, perturbateurs… L'éducation positive est-elle un danger pour nos démocraties?

Des chercheurs de l’UCLouvain se sont penchés sur l’évolution des pratiques éducatives qui mettent l’enfant au centre de tout. Vécues à l’extrême, elles constitueraient même une menace pour nos sociétés démocratiques. Isabelle Roksam, professeure de psychologie à Louvain-la-Neuve était sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" pour en débattre en présence d'Antoine Stévenne, enseignant.

"Après avoir été négligés durant des siècles, les intérêts de l'enfant sont placés au-dessus de tous les autres", rapportent les chercheurs de L'UCLouvain dans un rapport publié en juin 2021. En effet, en 1965, les mères passaient 54 minutes par jour avec leurs enfants contre 104 minutes en 2012.

Les fruits d'une éducation plus permissive au fil du temps qui, si elle a permis de réduire les violences à l'encontre des enfants, provoquerait bien d'autres effets néfastes tels que l'anxiété, le narcissisme ou encore des problèmes physiques comme l’obésité.

Des enfants "cotons"

Selon Isabelle Roksam, professeure de psychologie à Louvain-la-Neuve, les trois-quarts des parents feraient face à la presqu'impossibilité d'imposer des contraintes à leurs enfants. "L'idée d'aller à l'encontre des contraintes, des punitions, de la frustration, mais aussi d'être toujours à l'affût du moindre besoin, d'éviter d'encourir le moindre risque ou la moindre difficulté créer des enfants incapables de faire face au stress et à l'imprévu", explique la psychologue.

"Ce sont des enfants que l'on appelle, 'enfants cotons'. Au-delà du fait d'être très centrés sur leur ego, ils sont très mal préparés à vivre dans une société faite de défis. Cela a beaucoup de répercussions sur eux-mêmes", poursuit-elle.

"On ne leur fait pas du bien, et on ne fait pas du bien à ceux qui s'occupent d'eux comme les parents et les enseignants", précise Isabelle Roksam.

Antoine Stévenne, enseignant, témoigne des effets néfastes d'une éducation trop permissive en vogue actuellement. "Avant, il y avait 3 ou 4 élèves perturbateurs dans une classe, aujourd'hui c'est 6 ou 7", explique l'enseignant. "On passe notre temps à 'gendarmer', à répondre à des courriels des parents qui se plaignent de tout et n'importe quoi parce qu'il faut défendre leur progéniture", explique-t-il.

D'après lui, les enfants souffriraient d'un fort individualisme. "Aujourd'hui, je suis obligé de faire faire les travaux de groupe en classe, car il n'est pas question qu'ils se retrouvent chez des amis, car les parents pensent surtout au travail individuel de leurs enfants", ajoute l'enseignant.

Une menace pour la démocratie?

L'an dernier, la RTBF montrait dans un sondage que 47% des jeunes âgés de 25 à 34 ans estimaient que la société serait mieux gérée si le pouvoir était aux mains d'un seul leader. Ce culte des enfants les rendrait-ils moins solidaires et plus sensibles aux idées anti-démocratiques?

Pour Isabelle Roksam, il ne faut pas faire de raccourcis. "Ce qui est évident, c'est que cette manière qu'on a d'éduquer les enfants aujourd'hui les rend très narcissiques. Ils se donnent une importance au-delà de tout, car c'est de cette façon qu'on les élève, au-dessus de tout", explique la psychologue.

"Le bien commun passe après leurs propres besoins. Cet individualisme, qui monte, a des tas de répercussions et est clairement un danger pour notre démocratie dont le principe est de pouvoir penser au bien commun avant de mettre ses propres narcissiques en avant", ajoute-t-elle.

Trouver le juste milieu

Alors que faire? Pour Isabelle Roksam, il est important de trouver un juste-milieu. "Le juste-milieu, c'est ce qui doit être juste pour l'enfant, mais aussi pour la personne qui prend soin de l'enfant ainsi que le collectif", conclut la psychologue.

 

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