Cet homme a déjà passé 27 ans dans le couloir de la mort. Presque la moitié de sa vie. "Je suis un optimiste. Je ne vais pas finir ici et, pour commencer, je n'aurais jamais dû y être mis. Et ça aura été un long chemin."
Retrouvé en 1995 près des corps de sa compagne et des deux enfants de celle-ci, Hank Skinner jure qu'il était inconscient après avoir absorbé de l'alcool et de la codéine. Il ne cesse de clamer son innocence. "Je pense que si les gens savaient comment c'est ici, ils ne voteraient pas pour la peine de mort. J'ai toujours cru ça. J'ai toujours cru en l'humanité", détaille Hank Skinner.
Hank Skinner décrit des conditions déplorables: 22 à 23 heures par jour dans une petite cellule sans contact physique ni télévision. Et un vacarme assourdissant. "Il y a ici des personnes qui sont dérangées mentalement. Elles frappent les murs, donnent des coups de pieds aux portes, crient, hurlent à pleins poumons", décrit-il.
L’homme de 60 ans aurait déjà dû mourir 5 fois. 5 dates d’exécution ont été prononcées. En 2010, la Cour suprême des Etats-Unis l’épargne 23 minutes avant l’injection létale. Son avocat lui annonce la nouvelle par téléphone.
"J'ai fait tomber le téléphone et j'ai glissé le long du mur. Je n'ai pas réalisé, mais des larmes coulaient de mes deux yeux. J'ai eu l'impression que quelqu'un m'enlevait un poids de mille kilos de la poitrine. Je me sentais si léger. J'ai cru que j'allais flotter", raconte le détenu.
Sandrine Ageorges-Skinner est sa femme depuis 14 ans. Française, elle milite contre la peine de mort et est convaincue de l’erreur judiciaire. Elle établit déjà des plans pour la sortie: "On va devoir s'isoler au calme et se trouver une petite maison dans une forêt et passer du temps ensemble tous les deux. Lui, il va falloir aussi qu'il se réhabitue à vivre. Quand on a été enfermé dans un petite cellule, une boîte en béton pendant de nombreuses années, le monde extérieur, lui fait un petit peu peur."
Hank Skinner se trouverait-il dans ce couloir, s’il y a 27 ans les tests ADN existaient ? La cour d’appel du Texas doit se prononcer.