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Inondations: voici où en est l'enquête judiciaire et les conclusions de la commission parlementaire

Il y a un an, une série d'inondations ont frappé la Belgique, principalement dans l'Est du pays. 39 personnes ont perdu la vie. Aujourd'hui encore, les responsabilités du drame n'ont pas été établies. En plus d'une enquête judiciaire, toujours en cours, une commission d'enquête parlementaire a eu lieu. Quelles en sont les conclusions?

Des quantités d’eau colossales qui tombent en quelques heures. C'est bien plus qu’annoncé: les précipitions sont exceptionnelles. Voilà un premier élément qui explique les inondations historiques.

Mais aurait-on pu limiter la gravité de la catastrophe? Des fautes ont-elles été commises? Un juge d’instruction liégeois mène l’enquête depuis un an pour homicide involontaire. "Beaucoup d'auditions ont été réalisées. Des perquisitions ont été faites, notamment au barrage d'Eupen et au barrage de la Gileppe, pour saisir des documents. Pour l'instant, deux experts ont été désignés aux fins d'analyser ces documents et déterminer ce qui s'est passé réellement", indique Catherine Collignon, premier substitut du procureur du roi de Liège.

La commission parlementaire pointe une "responsabilité collective"

En attendant les conclusions de la justice, un rapport nous permet déjà d’y voir plus clair. C’est celui de la commission enquête "Inondations" du Parlement wallon. Il a été rédigé après des mois d’auditions. "On n'a pas un coupable. Il n'y a pas une personne qui a fait quelque chose qu'elle n'aurait pas dû faire", réagit Eric Lomba, député wallon PS, membre de la commission d'enquête.

"Il y a une responsabilité collective, où à chaque niveau de pouvoir, à chaque maillon de la chaîne de décision, il y a des dysfonctionnements qui sont liés à un manque de préparation", explique Olivier Bierin, député wallon Ecolo, lui aussi membre de la commission.

J'ai constaté que le barrage avait lâché de l'eau

Dans les jours qui suivent les inondations, de nombreux habitants touchés point du doigt dans la même direction: les barrages. "Ce n'est pas les déchets qu'il faut regarder, ce sont les responsables des barrages", nous lançait le 23 juillet un homme âgé. "J'ai constaté que le barrage avait lâché de l'eau, et que derrière ça il y avait une vague de 80 cm qui a tout rasé sur son passage", nous disait un autre habitant.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet, le barrage d’Eupen arrive à saturation. Ses gestionnaires finissent par relâcher énormément d’eau. D’où cette question: le barrage est-il responsable de la gravité des faits dans la vallée de la Vesdre?

Nous interrogeons Sabine Laruelle, députée wallonne MR, vice-présidente de la commission d'enquête. "C'est une vallée encaissée, qui a déjà les pieds dans l'eau. Un territoire totalement inondé. Il pleut 200 mm le mètre, et on relâche 196 m³ par seconde, et donc évidemment que ce lâché a eu un impact très négatif sur le reste de la vallée", nous dit-elle.

"Il en est en partie responsable. Si on ne lâche effectivement pas les eaux de manière plus rapide, il y a moins d'eau en aval, évidemment. Donc oui, ça fait partie de la montée des eaux, mais pas que", ajoute le député socialiste Eric Lomba.

"Il y a eu un énorme orage à ce moment-là sur l'ensemble de la vallée. Y compris sur des rivières comme la Hoëgne à Theux, par exemple, qui n'ont pas de barrage mais qui ont connu le même phénomène, où l'eau est montée très fort en quelques dizaines de minutes", précise de son côté Olivier Bierin.

Les barrages auraient-ils dû prévoir et se vider?

Mais dans les jours qui précèdent, les gestionnaires du barrage auraient-ils dû vider en partie le réservoir d’eau pour éviter la surcharge?

"Très clairement, pour moi, au niveau des barrages gérés par le Service public de Wallonie, il y a eu un manque d'anticipation", estime Sabine Laruelle. "Il aurait fallu, idéalement, délester préventivement, mais aucune procédure ne le prévoyait", réagit Olivier Bierin.

Des procédures inadaptées

Des procédures inadaptées ont aggravé la situation. La commission d’enquête le souligne à plusieurs reprises. Un exemple: la communication. Avec une transmission des informations qui manque d’efficacité entre l’Institut Royal Météorologique (IRM), l’administration wallonne, les responsables provinciaux et communaux... et les habitants.

"On n'a pas cette culture du risque. Et donc on pense toujours que ça n'arrivera pas. C'est ça notre gros souci. C'est qu'on est amateur dans la gestion de crise", affirme Eric Lomba.

Evacuer très vite les zones concernées aurait permis de sauver des vies. Certaines communes l’ont fait, d’autres pas. Là aussi, des députés pointent des manquements dans la gestion de crise.

Encore un an d'enquête, au minimum

Ces inondations vont-elles mener à des sanctions? Ce sera à la justice de trancher. Aujourd’hui, le juge d’instruction prévoit encore au minimum.. une année d’investigations.

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