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Insultes racistes: le gouvernement britannique se défend d'être hypocrite

Le gouvernement britannique a rejeté mardi les accusations d'hypocrisie qui ont visé le Premier ministre Boris Johnson après sa condamnation du déferlement d'insultes racistes sur les réseaux sociaux contre trois joueurs noirs de l'équipe d'Angleterre à la suite de leur défaite face à l'Italie en finale de l'Euro.

Jadon Sancho, Bukayo Saka et Marcus Rashford ont été visés par un torrent d'attaques racistes en ligne, unanimement condamnées, du gouvernement aux instances sportives.

Entrés en fin de rencontre dimanche à Wembley, les trois joueurs avaient raté leurs tirs au but, scellant la défaite de l'Angleterre face à l'Italie et brisant ainsi le rêve de tout un pays qui espérait décrocher un deuxième titre majeur, 55 ans après son succès à domicile durant la Coupe du monde 1966.

Durant l'Euro, les Three Lions avaient posé le genou à terre pour dénoncer le racisme, une attitude abondamment commentée, et parfois critiquée, en Angleterre.

Après la condamnation des insultes racistes par le gouvernement, un équipier des trois footballeurs, Tyrone Mings, a accusé la ministre de l'Intérieur, Priti Patel, d'avoir "attisé le feu".

Le défenseur international d'Aston Villa, âgé de 28 ans, a rappelé que Priti Patel n'avait pas soutenu les joueurs anglais dans leur décision de poser un genou à terre lors de l'Euro, un "geste politique" selon elle, défendant même ceux qui les avaient hués.

"Vous ne pouvez pas attiser le feu au début du tournoi en qualifiant notre message antiraciste de +politique du geste+ et ensuite prétendre être écoeurée lorsque la chose contre laquelle nous militons se produit", l'a interpellé sur Twitter le joueur noir.

- "Totalement honteux" -

Boris Johnson n'avait pas non plus condamné explicitement les prises de position contre le genou à terre. Mais lors d'un conseil des ministres, mardi, il a déploré les commentaires racistes contre les trois joueurs, jugeant que "ces abus sont totalement honteux et ont émergé des endroits les plus sombres d'internet", selon son porte-parole.

Il devait rencontrer en début de soirée des représentants des sociétés de réseaux sociaux, auprès desquels il va "réitérer le besoin urgent d'action, avant l'entrée en vigueur de lois plus strictes" au Royaume-Uni.

A Withington, quartier de Manchester, une fresque murale à l'effigie de Marcus Rashford a été recouverte de graffitis racistes. Une foule s'y est pressée mardi soir lors d'une manifestation pour dénoncer le racisme. "Dégoûtée" par les propos contre Rashford et ses co-équipiers, Kate Caine, employée d'une collectivité locale, s'est dite "fière" de ce que l'attaquant de la ville a "fait pour le pays".

"Il a besoin du soutien de tout Manchester pour lui montrer qu'on apprécie immensément tout ce qu'il a fait", a déclaré Victoria Schofield, une étudiante de la ville.

Marcus Rashford, a détaillé lundi soir à quel point il était désolé d'avoir raté son tir au but, mais a affirmé qu'il "ne (s'excuserait) jamais d'être celui qu'il est".

"Je suis Marcus Rashford, un homme noir de 23 ans originaire de Withington et Wythenshawe, dans le sud de Manchester. Si je n'ai rien d'autre, j'ai ça", a écrit la star de Manchester United dans un émouvant message sur Twitter.

"On peux critiquer ma performance toute la journée, mon penalty n'était pas assez bon, il aurait dû rentrer, mais je ne m'excuserai jamais d'être celui que je suis", a lancé le joueur, qui également tweeté une photo de cette fresque en noir et blanc, où les graffitis ont été recouverts de drapeaux anglais ou de messages multicolores, souvent en forme de cœur.

Fier d'avoir fait partie de la première sélection anglaise à atteindre une finale depuis 55 ans, Rashford a loué "l'incassable (...) fraternité" qui le lie désormais aux autres internationaux.

Une enquête policière est en cours après cette dernière vague d'insultes racistes.

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