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Italie: Matteo Renzi le mal aimé, poussé vers la sortie aux législatives

Il a réussi à se mettre tout le monde à dos en quelques années après avoir été l'enfant chéri de la politique italienne: Matteo Renzi sort grand perdant des législatives et ce revers pourrait l'obliger à céder la direction du Parti démocrate (PD).

Aux élections européennes de 2014, le PD avait remporté 40% des voix sous l'impulsion de son bouillonnant leader. Mais dimanche, il est tombé à 19%, un échec cuisant pour M. Renzi, 43 ans, même si le score resterait enviable pour nombre de ses partenaires de centre gauche en Europe.

"Matteo est devenu en quelques mois le leader politique le moins aimé d'Italie", écrivait fin janvier l'hebdomadaire L'Espresso, pourtant proche du Parti démocrate (PD, centre gauche).

"Je ne m'explique pas vraiment cette haine envers Matteo Renzi", confiait récemment à l'AFP Giovanni Orsina, professeur de sciences politiques à l'université Luiss de Rome.

Il y a certes la personnalité jugée souvent arrogante et un brin autoritaire de ce Toscan.

Il y a aussi ces promesses trahies, comme celle avancée en 2012 de faire de l'Italie "le pays où on trouve du travail parce qu'on connaît quelque chose et non parce qu'on connaît quelqu'un", avance L'Espresso. Or, il s'est surtout lui-même entouré de fidèles, souvent Toscans comme lui, un "cercle magique" aujourd'hui source d'une partie de ses déboires.

Matteo Renzi a toujours nié tout favoritisme, affirmant avoir toujours choisi "les meilleurs" et assurant faire preuve "d'esprit d'équipe" quand d'autres l'accusent d'agir trop souvent seul, sans tenir compte des différentes sensibilités au sein de son propre parti.

Il n'a ainsi pas pu empêcher des "frondeurs" du PD de claquer la porte l'an dernier pour créer un nouveau mouvement à gauche, "Liberi e uguali" (Libres et égaux).

- 'Renzusconi' -

Sa longue descente aux enfers a commencé en décembre 2016, quand son rêve d'une Italie "plus efficace et plus simple" s'est brisé sur le rejet sans appel de sa réforme constitutionnelle lors d'un référendum.

Arrivé à la tête du PD fin 2013 alors qu'il n'était que maire de Florence, sans avoir jamais siégé au Parlement ou été ministre, il promettait de "mettre à la casse" les caciques de son parti, et quelques autres.

Ce diplômé en droit, fier de ses années de scoutisme catholique, marié à une enseignante et père de trois enfants, a pour cela écarté des poids lourds comme l'ex-Premier ministre Massimo D'Alema, qui ne le lui a pas pardonné, ou l'ancien maire de Rome Walter Veltroni.

En février 2014, il a pris la tête du gouvernement, poussant sans ménagement vers la sortie Enrico Letta, ex-N.2 du PD, auquel il avait pourtant twitté un désormais fameux "Enrico stai sereno" ("Enrico, sois tranquille") moins d'un mois plus tôt.

Ultra dynamique, ambitieux, Matteo Renzi a gardé des airs d'éternel adolescent, avec un accent toscan teinté d'un léger zozotement.

Grand utilisateur des réseaux sociaux, il est aussi infatigable, capable d'enchaîner les meetings du nord au sud de la péninsule, sans négliger les médias plus traditionnels où il est très présent.

Un temps allié avec Silvio Berlusconi sur la réforme des institutions, il ne devrait pas pouvoir compter sur une alliance "europhile" à l'allemande avec le centre droit du vieux milliardaire, lui aussi délaissé par les électeurs. Selon les projections des médias à partir de résultats partiels, le pôle "Renzusconi" est loin du compte.

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