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Italie: Salvini lorgne sur le pouvoir avant les élections en Emilie-Romagne

La fragile coalition au pouvoir en Italie se prépare à des élections régionales cruciales, dimanche en Emilie-Romagne, dont La Ligue (extrême droite) espère qu'elles déclencheront un séisme politique et permettront à son leader Matteo Salvini de revenir au pouvoir.

Cette riche région du nord du pays, baignée par l'Adriatique, a longtemps été un bastion inexpugnable de la gauche italienne dont les valeurs prévalent toujours sous les gracieux portiques de ses villes, même si la droite a fait de sérieuses incursions dans ses villages et ses campagnes.

Les derniers sondages (ils sont interdits depuis le 11 janvier) donnaient la candidate de la droite et sénatrice de la Ligue Lucia Borgonzoni au coude-à-coude avec le président de région sortant Stefano Bonaccini, membre du Parti démocrate (centre gauche), qui gouverne l'Italie avec le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, anti-establishment).

Les marchés financiers surveilleront de près un éventuel basculement historique de la région à l'extrême droite, aux possibles conséquences politiques dans la troisième plus grande économie de la zone euro.

Le vote de dimanche "est un grand test pour la coalition en difficultés", a expliqué à l'AFP l'économiste Florian Hense, de la banque Berenberg.

"Une défaite du Parti démocrate pourrait être la goutte d'eau qui fait déborder le vase et mettre fin à la coalition", a-t-il ajouté.

Le principal facteur de stabilité de la coalition est la crainte commune d'élections anticipées qui pourraient permettre à Matteo Salvini de revenir aux affaires.

Le Premier ministre Giuseppe Conte (proche des "5 Etoiles") a écarté l'éventualité d'une crise gouvernementale en cas de victoire de la Ligue, affirmant que l'élection ne concernait que la région d'Emilie-Romagne et n'aurait donc aucune incidence au plan national.

Les observateurs considèrent toutefois que si la Ligue l'emportait, les tensions au sein de la majorité s'accroîtraient, le PD reprochant alors probablement au M5S d'avoir refusé de présenter un candidat unique, divisant ainsi le vote anti-Salvini.

- Une implosion du M5S? -

Les analystes estiment aussi qu'un tel résultat pourrait provoquer l'effondrement du M5S, rongé par les luttes internes et dont une quinzaine de parlementaires ont fait défection ces dernières semaines.

"Une défaite en Emilie-Romagne pourrait accélérer leur implosion et si le gouvernement perdait du même coup sa majorité au Sénat, il serait difficile de survivre", a déclaré à l'AFP Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du département du Trésor italien.

Afin d'éviter la crise, le chef du M5S Luigi Di Maio, fortement critiqué au sein du mouvement contestataire, a cédé à la pression et a quitté son poste mercredi. Giuseppe Conte a quant à lui annulé le lendemain sa participation au Forum économique mondial de Davos "pour s'occuper d'affaires gouvernementales urgentes".

Battant ardemment la campagne, Matteo Salvini assure que la victoire est proche pour ses troupes en Emilie-Romagne, deuxième région plus riche d'Italie, avec des taux de chômage parmi les plus bas de la péninsule.

Mais les experts relèvent que cette région compte également de nombreuses entreprises familiales et artisanales ayant durement subi la pression de la mondialisation.

Le chef de la Ligue est déterminé à revenir au pouvoir depuis qu'il a fait éclaté en août la coalition que son parti formait avec le M5S, ne réussissant pas à provoquer des législatives anticipées. Il espère cette fois parvenir à ses fins.

Alors qu'il tenait jeudi soir son dernier rassemblement pré-électoral, une contre-manifestation avait été organisée par le mouvement des Sardines, lancé il y a deux mois à Bologne par quatre jeunes inconnus et devenu depuis un symbole de l'opposition à l'extrême droite.

Les Sardines ont rassemblé dimanche 40.000 personnes dans cette ville pour dénoncer le discours "de haine et la division" de Matteo Salvini. Et l'élection du 26 janvier se résume pour beaucoup à un affrontement entre le leader souverainiste et le jeune mouvement contestataire.

En cas de victoire de sa candidate, M. Salvini a prévenu qu'il se rendrait dès le lendemain au Palais Chigi à Rome, siège de la présidence du Conseil, pour remettre un "avis d'expulsion" à Giuseppe Conte, Luigi Di Maio et à Nicola Zingaretti (patron du Parti démocrate).

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