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Annoncée comme la future pépite du judo français, Romane Dicko a signé une entrée éclatante sur la scène européenne en se parant d'or dès sa première apparition, à 18 ans seulement, samedi à Tel Aviv (Israël). Comme l'avait fait un certain Teddy Riner.
Après deux journées au ralenti, le rayon de soleil Clarisse Agbegnenou (or en -63 kg) mis à part, les Bleus ont appuyé sur l'accélérateur : ils ont amassé deux médailles d'or et deux en argent au dernier jour de compétition. Cinq récompenses, c'est leur plus faible total au niveau européen depuis huit ans, mais c'est suffisant pour sauver leur rang de deuxième meilleure nation du continent, derrière la Russie (4 or, 1 argent, 3 bronze).
Même s'il est absent, l'ombre de Riner plane sur Tel Aviv. Impossible de ne pas dresser un parallèle entre l'éclosion de celui qui est devenu depuis la superstar du judo mondial et celle de Dicko, conseillée en coulisses par un autre Teddy, Tamgho, son cousin champion du monde 2013 du triple saut.
Quand il participe à ses tout premiers Championnats d'Europe en 2007, Riner n'a que 18 ans. Et c'est avec l'or autour du cou qu'il achève la compétition.
Comme son illustre aîné, la benjamine des Bleus, qui s'était révélée fin 2016 quand elle était devenue championne de France seniors à 17 ans seulement -alors qu'elle était encore cadette-, coiffe la couronne continentale dès sa première tentative, moins d'un an après avoir conquis le titre européen juniors.
- "Tracer mon chemin" -
Et si, onze ans plus tard, Dicko marchait sur les traces de Riner ?
"La comparaison était déjà faite, elle va continuer à être faite, c'est incontournable", reconnaît la jeune judoka, qui "apprend à gérer la pression".
"Teddy a fait de belles choses jeune, moi aussi. Mais je n'aurai pas forcément le même chemin. J'essaie de tracer mon chemin", souligne Dicko à l'AFP.
Si elle n'a encore que dix-huit ans, la "petite soeur" de l'équipe de France, prise sous son aile par Agbegnenou notamment, mesure celui parcouru depuis ses premières compétitions dans la cour des grands, en particulier son premier tournoi de Paris, à l'hiver 2017.
"Je suis plus sereine dans ma tête. Aujourd'hui (samedi), je ne me suis pas éparpillée, je suis restée concentrée, je me suis pas emballée", se félicite-t-elle.
Résultat: sur son parcours, Dicko a battu trois des six meilleures mondiales de sa catégorie (Slutskaya, Savelkouls, Ceric).
"C'est l'éclosion d'une championne qui a beaucoup d'avenir", résume le directeur des équipes de France Stéphane Traineau.
Avant elle, trois autres combattants tricolores avaient, enfin, fait grimper le compteur de médailles françaises samedi.
- Les hommes inquiètent -
En -78 kg, on attendait Audrey Tcheuméo (28 ans) sur la plus haute marche, mais la vice-championne olympique en titre et quadruple championne d'Europe (2011, 2014, 2016, 2017) doit cette année se contenter de l'argent (comme en 2012), au profit de sa compatriote Madeleine Malonga. A 24 ans, cette dernière s'est offert son premier titre international au bout d'une journée traversée tambour battant (trois ippons expéditifs), conclue sur une finale remportée aux pénalités.
La quatrième médaille du jour est venue du pilier des Bleus, Cyrille Maret, habitué des podiums. Mais le médaillé de bronze olympique 2016 et désormais quintuple médaillé européen (argent en 2017 et 2018, bronze en 2013, 2014 et 2015) a vu, comme il y a un an, la première marche se dérober sous ses pieds, battu en finale par le Belge Toma Nikiforov par ippon.
Cette moisson tardive n'évite pas au judo français de connaître sa plus maigre récolte continentale depuis 2010 (4 médailles). "On ne peut pas se contenter de ça", juge le directeur des Bleus.
Surtout, elle ne répond pas aux inquiétudes lancinantes côté messieurs, où sept des neuf sélectionnés sont tombés dès leur premier combat. "Il va falloir qu'on s'interroge", anticipe Traineau. L'encadrement espérait voir naître une dynamique sur les tatamis israéliens. On n'en perçoit pas même un frémissement.