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La CGT bat le pavé dans le calme pour tenter de se faire entendre

Fonctionnaires, lycéens, salariés du privé... Des milliers de personnes ont manifesté vendredi en France pour réclamer des hausses de salaires à l'appel de la CGT,dans un paysage syndical bousculé par le mouvement des "gilets jaunes", dont quelques-uns ont battu le pavé à ses côtés.

Il y a eu 170 rassemblements et manifestations dans toute la France, selon la CGT. Celle-ci a dénombré 15.000 manifestants à Paris, et la Préfecture de police 6.000.

Ils étaient 2.500 à Lyon, 1.400 à Toulouse, autant à Grenoble ou Saint-Etienne, 1.200 à Tours, 1.500 à Rouen et 2.000 au Havre, selon la police ou les préfectures. Tous s'étaient ralliés au mot d'ordre du jour : "Tous mobilisés pour le libre accès à l'éducation, l'emploi, les salaires, les services publics, la retraite par répartition".

Solidaires et la FSU, premier syndicat dans l'Éducation nationale, ont participé à cette journée d'action, ainsi que les étudiants de l'Unef et les lycéens de l'UNL. Des unions départementales de FO étaient également présentes, ainsi que des membres du PCF, de La France insoumise (LFI), du NPA et des "gilets jaunes".

"Les mobilisations ne s'opposent pas. C'est bien qu'il y ait des actions collectives, des +gilets jaunes+, +gilets rouges+, +gilets bleus+, peu importe. Maintenant, il faut que ces actions puissent converger", s'est exclamé le numéro un de la CGT Philippe Martinez juste avant de manifester à Paris, de la République à Nation.

Parmi les pancartes, certaines dénonçaient la "poudre aux yeux" et "l'enfumage" des annonces d'Emmanuel Macron, notamment sur "l'augmentation bidon du Smic".

Les lycéens étaient nombreux partout, affichant des banderoles comme "Sélection, piège à cons". "ParcourSup, c'est vraiment galère. On a beaucoup d'amis qui sont déscolarisés cette année parce qu'ils n'ont pas eu ce qu'ils voulaient après le bac", a expliqué à l'AFP Elya Rebet, 17 ans, en droit à Lyon 3.

À Paris, des dizaines de lycéens se sont agenouillés mains sur la tête, en écho aux interpellations de Mantes-la-Jolie la semaine dernière, avec une pancarte : "Alors les CRS, ça gaz ?"

À Rennes, près de 400 personnes ont défilé sans incident, dont des enseignants, des pompiers-secouristes, des personnels des hôpitaux, a constaté l'AFP.

À la Société générale, les salariés étaient appelés à la grève par la CGT, la CFDT et la CFTC. Côté RATP et SNCF, où la CGT seule avait appelé à la grève, le trafic était normal, sauf pour 5% des TER en province et pour la ligne du RER B en Île-de-France, en partie perturbée.

- "Aller au devant" des "gilets jaunes" -

Les syndicats, et la CGT en particulier, sont bousculés depuis un mois par le mouvement des "gilets jaunes". "Il est évident que l'avenir est sombre pour les organisations syndicales, car les +gilets jaunes+ ont fait la démonstration que, par des mobilisations horizontales via les réseaux sociaux, il est possible de parvenir à créer des dynamiques ou des rapports de forces, qu'elles-mêmes n'arrivent plus à créer", expliquait récemment à l'AFP Stéphane Sirot, spécialiste du syndicalisme.

Seul Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui a par ailleurs détrôné cette semaine la CGT comme premier syndicat, tous secteurs confondus, a essayé de se placer dans le jeu gouvernemental depuis le début.

La stratégie de la CGT est difficilement lisible : la centrale de Montreuil paraît dépassée par un mouvement social inédit, qui compte à certains endroits des militants CGT dans ses rangs, tandis qu'ailleurs, la discussion est impossible.

Côté CGT, les militants sont réticents. Pascal, 59 ans, travaillant à la CPAM, a résumé vendredi la difficulté d'une convergence. Il "partage 80% des revendications" des "gilets jaunes", "mais n'adhère pas à certains propos comme la baisse des cotisations sociales", a-t-il expliqué à l'AFP lors de la manifestation à Lille.

En interne, plusieurs fédérations ont souhaité que "des discussions puissent se tenir partout" avec les "gilets jaunes", pour que "chacun contribue dans son domaine à développer le rapport de forces". "La CGT ne peut pas détourner le regard de cette colère sociale", ont écrit plusieurs dizaines de ses militants, dont l'ancien délégué des "Conti" Xavier Mathieu, dans une "lettre ouverte" relayée par le quotidien Libération.

En fin de journée, la CGT a invité dans un communiqué à poursuivre la mobilisation le 18 décembre - dédié aux droits des migrants - dans les entreprises et les administrations, à travers des appels à des grèves.

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