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L'Agence France-Presse a accusé une perte nette de 2,6 millions d'euros en 2018, réduite par rapport à 2017 grâce à une croissance de ses recettes commerciales, et se montre prudente pour 2019 en raison d'une détérioration du marché de la presse.
L'an dernier, les recettes commerciales de l'AFP ont progressé, une première depuis 2014, avec une hausse de 3,1% à 170 millions d'euros, soutenue par la photo (+6,2%) qui a tiré parti des JO et de la lutte anti-piratage, et la vidéo (+11,1%), a indiqué l'agence à l'issue d'un conseil d’administration.
"L'AFP est désormais solidement ancrée dans le trio de tête mondial des producteurs de vidéo et son offre, parfaitement compétitive en volume, en nombre d'heures de direct, en rapidité d'édition, est devenue une offre de substitution, et non plus de complément pour les télévisions", salue la direction dans un communiqué.
L'image représente désormais 41% du chiffre d'affaires commercial. L'objectif est de porter cette part à 50% en 2023.
Les charges ont légèrement augmenté l'an dernier (+1,5%), à 278,8 millions d'euros, ce qui, combiné à la hausse des recettes, a permis une hausse de la marge d'exploitation (+3,8 millions d'euros), à 21,2 millions d'euros.
La perte de 2,6 millions en 2018 (contre 4,8 millions en 2017) s'explique notamment par des éléments comptables, des régularisations fiscales et sociales dans le réseau ainsi qu'un contentieux juridique à solder.
Si la progression des recettes est jugée "encourageante" par le PDG Fabrice Fries, il estime qu'il faut rester "prudent" pour 2019, car "la crise de la presse s'accélère et va peser sur les comptes" d'autant que l'agence va supporter de nouvelles charges.
"Nous sommes dans un scénario de transition où la vidéo connaît une croissance à deux chiffres mais sur un volume plus faible que le texte qui lui recule. Il faut voir quand les courbes vont se croiser", a-t-il indiqué.
Arrivé l'an dernier à la tête de l'AFP, Fabrice Fries a lancé "un plan de transformation" qui prévoit une hausse des recettes de 25 millions grâce à la vidéo et une baisse des dépenses de 19 millions d'ici à 2023, via notamment un plan de départs volontaires qui prévoit la suppression de 95 postes nets.
La direction souhaite ouvrir ce plan au 1er juillet pour de premiers départs début 2020.
Les représentants du personnel au conseil d'administration ont indiqué dans un communiqué avoir demandé à ce que le nombre de départs non remplacés soit revu à la baisse, ce à quoi le PDG a répondu, selon eux, qu'il était "ouvert au dialogue" mais qu'il n'y avait "pas beaucoup de marge".
"Avec la suppression nette d'une centaine de postes, c'est la capacité d'une des trois grandes agences de presse mondiales à assurer sa mission d'intérêt général qui risque d'être compromise, alors qu'elle est plus attendue que jamais pour défendre le journalisme de terrain et lutter contre la désinformation", a déploré de son côté l'intersyndicale de l'AFP.
Les syndicats avaient appelé à une grève de 12 heures fin mars, au jour de l'ouverture de la période d'information-consultation.
Pour réduire les dépenses, l'Agence étudie également la possibilité d'un déménagement. Si le regroupement des équipes parisiennes au sein du siège historique actuel, place de la Bourse, est privilégié par la direction, les représentants de l'Etat au CA ont demandé à ce qu'une nouvelle étude fiscale sur la vente de l'immeuble leur soit présentée, ont rapporté les représentants des salariés.
La décision sur ce point a été reportée au prochain conseil d'administration en juin.