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Près de deux semaines après la démission de Gérard Collomb, le remaniement du gouvernement est attendu pour le début de la semaine. Alors que l'opposition pointe des hésitations et désaccords au sommet de l'Etat, les soutiens d'Emmanuel Macron ont fait dimanche l'éloge de la lenteur.
Guetté depuis des jours, considéré comme quasiment acquis dès mardi dernier, le dénouement de ce remaniement, qui va toucher plusieurs postes ministériels, pourrait être une question d'heures. Une fenêtre de tir s'ouvre d'ici la prochaine session de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale mardi à 15H00.
Le Premier ministre Edouard Philippe, qui assure l'intérim de M. Collomb au ministère de l'Intérieur, doit se rendre lundi matin à Nantes dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Mais il sera de retour à Paris à la mi-journée pour son déjeuner hebdomadaire à l'Elysée avec Emmanuel Macron, une occasion peut-être d'accorder une dernière fois leurs violons avant de recevoir le président sud-coréen dans l'après-midi.
Pour remplacer Gérard Collomb, qui a quitté la place Beauvau le 2 octobre, le nom de Christophe Castaner, délégué général de LREM, est celui qui revient avec le plus d'insistance. L'option consistant à associer à son profil très politique une personnalité extérieure a conduit différentes sources à citer l'hypothèse d'un duo avec l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard, un proche de Nicolas Sarkozy.
- "Bras de fer" -
Cette piste a été jugée suffisamment crédible pour que le patron des Républicains, Laurent Wauquiez, se fende d'un texto à ses troupes les invitant à insister, en cas de nomination de M. Péchenard, sur le fait qu'il est le vice-président à la région Ile-de-France de Valérie Pécresse, sa concurrente au sein de LR. Par erreur, M. Péchenard a lui-même reçu le texto.
Parmi les sortants possibles figurent Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture). Ce dernier, selon son entourage, pourrait prendre des responsabilités à LREM en cas d'entrée de M. Castaner place Beauvau.
Les centristes du MoDem pourraient récupérer un ou deux portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée, alors que les noms des ex-socialistes Juliette Méadel et Didier Guillaume sont également cités.
L'opposition n'a eu de cesse ces derniers jours de pointer le "conflit" qui opposerait Emmanuel Macron et Edouard Philippe sur l'architecture du prochain gouvernement, censée obéir à de savants équilibres portant sur la sensibilité politique (gauche/droite/centre), la parité hommes/femmes et le parcours (professionnels de la politique ou issus de la société civile).
"Le Premier ministre a organisé pendant dix jours un bras de fer avec le président de la République. C'est un signe d'affaiblissement quasi-total de l'Etat", a fustigé dimanche le patron des Insoumis Jean-Luc Mélenchon. Valérie Rabault, chef de file des députés PS, a elle dénoncé une attente "irresponsable", ajoutant qu'aucun député socialiste n'avait "envie de rejoindre le gouvernement".
- "L'accessoire et l'essentiel" -
L'exécutif, sans nier des "discussions", a balayé ces rumeurs de désaccord. Les choses avancent "dans le calme", a insisté vendredi Emmanuel Macron.
Dimanche, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a, dans la même veine, décliné le thème de la sérénité. "On fait beaucoup de bruit autour de la date du remaniement. Mais vous savez, moi je suis ancienne DRH, et quand on choisit quelqu'un pour une équipe à haute responsabilité, on prend le temps de choisir la personne", a-t-elle déclaré.
Le président du MoDem François Bayrou a pour sa part loué le refus d'Emmanuel Macron de céder à la "pression" et sa volonté de faire le tri entre "l'accessoire", c'est-à-dire "l'agitation" du microcosme, et "l'essentiel" que sont "les missions" qui incombent au futur gouvernement.
Pour constituer le nouvel équipage, l'allié du président a plaidé pour un mélange d'expérience et de nouveauté, tout en reconnaissant une pénurie en poids lourds après le dynamitage du paysage politique opéré par le chef de l'Etat. L'éphémère garde des Sceaux d'Emmanuel Macron a pour sa part assuré qu'il n'avait "aucune envie de redevenir ministre".