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"Les défis restent nombreux": au sortir de la pandémie, un discours du roi contrasté pour la fête nationale

Il n’est pas encore l’heure de crier victoire, à en croire le discours du roi de ce 20 juillet. Parce que si "nous retrouvons enfin notre liberté", les difficultés de la société subsistent, que cela soit au sein du pays ou à l’international: la précarité, la guerre, l’inflation, la "résurgence de régimes et de réflexes autoritaires"...

C’est une réserve que l’on sent tout au long de ce discours qui met en relief les leçons tirées de cette dure crise de deux années et les réalités qui persistent. Malgré un contexte de tension, le roi Philippe a tout de même tenu à véhiculer des messages positifs et encourageants. "La vie normale reprend, notre économie a retrouvé un certain élan", se félicite le roi Philippe que l’on sent fier de la solidarité au sein du royaume notamment pendant les inondations de l’été dernier, ainsi que du travail des institutions et de la "cohésion sociale".

Voici la totalité du discours:

"Mesdames et Messieurs,
Cet été, nous retrouvons enfin notre liberté, après plus de deux ans de lutte contre le Covid. Même si, malheureusement, il continue à nous poursuivre.

La vie normale reprend. Notre économie a retrouvé un certain élan. Les autorités y ont aussi fortement contribué, en prenant des mesures de soutien efficaces.

Aujourd’hui, nous renouons progressivement avec la croissance. Même si des déséquilibres subsistent sur le marché du travail, l’emploi continue d’augmenter.


Cependant, un certain nombre de nos concitoyens, notamment parmi les jeunes, sortent fragilisés de la pandémie. Ils ont besoin d’être écoutés, d’être compris dans leur vécu et d’être encouragés.
Je suis fier du travail que fait mon épouse, la Reine Mathilde, pour soutenir la prise de conscience et la prévention dans le domaine du bien-être mental.


C’est tout notre modèle de société qui a été mis à l’épreuve pendant le Covid. Mais c’est surtout lui qui nous a permis de tenir bon.

La lutte contre le coronavirus nous a montré que, même en temps de crise, nous faisons preuve de cohésion. Celle-ci requiert une coopération entre nos institutions, entre tous les acteurs concernés, mais aussi un discours public fédérateur.

Si nous avons pu gérer une crise comme celle de la pandémie, dans le respect de la démocratie, c’est avant tout grâce à notre cohésion sociale.

Une cohésion qui s’est exprimée aussi dans l’aide apportée aux victimes des inondations en Wallonie. Lors de notre récente visite dans la région, nous avons pu constater que de réels progrès ont été réalisés, même si des difficultés subsistent.


Avec la guerre en Ukraine, nous sommes entrés dans une nouvelle période de l’histoire. Pour l’Ukraine d’abord, mais aussi pour notre pays, pour l’Europe, pour le monde entier. 

La guerre est tristement revenue à l’avant-plan de l’actualité, très près de chez nous, causant des souffrances inouïes. Les Ukrainiens se battent et meurent pour sauver leur pays, mais aussi pour sauvegarder la démocratie et les valeurs que nous partageons avec eux.

Nous ne nous laisserons pas diviser par le chantage que nous impose une puissance nucléaire pour rompre notre solidarité avec l’Ukraine.

Nous continuerons de soutenir le peuple ukrainien.

Beaucoup de pays dans le monde souffrent des conséquences de ce conflit, certains de façon dramatique. Pour notre part, nous ressentons déjà les effets directs de l’inflation, aggravée par les tensions internationales.

La forte augmentation du coût de la vie risque de fragiliser notre économie, mais aussi notre société. La montée des prix rend la vie difficile pour nombre de nos concitoyens. En premier lieu les ménages à bas revenus, les familles monoparentales et les personnes vivant d’un revenu de remplacement.

Nous devons absolument éviter que les écarts continuent à se creuser entre les différentes couches de la population. Que de nouvelles poches de pauvreté s’installent, ou s’étendent. Notre modèle de société, basé sur l’inclusion et la solidarité, peut absorber ces nouveaux chocs. Mais cela ne se fera pas tout seul. La hausse du coût de l’énergie rendra inévitable des choix difficiles.

Autour de nous, nous entendons de plus en plus de discours agressifs. Nous voyons aussi une résurgence de régimes et de réflexes autoritaires, qui ne poursuivent que leur propre intérêt aux dépends des autres. À ces défis, répondons par une foi inébranlable en la démocratie. En favorisant la cohésion et l’inclusion. En n’attisant pas ce qui pourrait nous diviser. En osant cultiver
la nuance et la bienveillance.

Dans ce contexte de crise, c’est précisément la cohésion au sein de l’Union européenne qui nous a permis de formuler des réponses communes dans les domaines de la santé, de la défense, de l’énergie et de l’accueil des réfugiés.

Cette cohésion est essentielle pour éviter que les inégalités entre les Etats Membres ne grandissent, au détriment de nos populations. Enfin, dans ce monde en pleine tourmente, ne perdons pas de vue la lutte contre le réchauffement climatique. Et, espérons, à ce sujet, que l’augmentation des prix des énergies fossiles contribuera à accélérer la transition énergétique.

Lors de notre voyage au Congo nous avons pu tourner une page importante de notre histoire commune avec la RDC. Les choses ont été dites, des gestes forts ont été posés.

Avoir un regard apaisé sur notre passé commun permet de construire ensemble des projets pour l’avenir. Le peuple congolais a de grandes attentes vis-à-vis de notre pays. Travaillons ensemble pour l’aider à progresser vers plus de sécurité, de justice et de démocratie. Avec notre coopération au développement, avec notre diplomatie et avec notre armée, qui font un excellent travail.

Oeuvrons, avec la communauté internationale, à la résolution du conflit si meurtrier qui se déroule à l’Est du Congo.

Les défis auxquels nous sommes confrontés restent nombreux. Mais si nous gardons le cap, si nous préservons notre cohésion, nous pouvons assurer notre avenir.

La Reine et moi vous souhaitons une joyeuse fête nationale et un bel été. Vive la Belgique !"

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