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Les émissions de gaz à effet de serre de 3M sous-estimées durant des années

(Belga) Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du groupe industriel 3M en Flandre ont été sous-estimées durant de nombreuses années, a confirmé l'administration fédérale de l'Environnement dans un rapport dont la ministre Zakia Khattabi a fait état mardi en commission de la Chambre. L'écologiste a mis en avant la responsabilité de la Région flamande et les conséquences pour le moins étonnantes dans le calcul de la trajectoire belge de réduction de ces émissions.

A la suite d'un article paru sur le site d'Apache, la ministre a demandé à son administration une analyse des données relatives au groupe américain au nord du pays, a-t-elle expliqué en réponse à une question de Kim Buyst (Ecolo-Groen). Selon le dernier inventaire de 2019, les émissions de 3M ont atteint 1,4 million de tonnes équivalents CO2 et représentaient 34% des gaz fluorés émis en Belgique. Les gaz fluorés, dont les "hydrocarbures fluorés" ou HFC, sont des gaz créés par l'homme dont l'impact en termes de réchauffement climatique est bien plus puissant que celui du dioxyde de carbone.  A peine quelques entreprises dépassent le million de tonnes de GES en Belgique. Elles sont actives dans la raffinerie, la pétrochimie ou la sidérurgie. 3M est resté sous les radars en raison du fait qu'elle ne tombe pas dans le régime ETS (Emission Trading System, soit un système européen d'achat et de vente de quotas d'émissions de CO2 applicable à certains gaz et certains secteurs très polluants).  "C'est la Région flamande qui, via l'accord de coopération sur la répartition des objectifs belges en matière climatique et énergétique, portait la responsabilité des émissions de 3M, qui tombent sous les objectifs européens contraignants de réduction d'émissions", a expliqué Mme Khattabi.  Dans les inventaires de 2015 et 2016, il apparaît qu'en 2014 déjà 3M constatait que ses émissions de gaz fluoré étaient peut-être sous-estimées. Il faudra attendre l'inventaire de 2020 pour que des mesures le confirment. Les émissions pour 2017 ont été revues dix fois à la hausse ainsi que les émissions pour les périodes précédentes jusqu'à l'année de référence 2005. Ce nouveau calcul a eu des effets significatifs sur la trajectoire de réduction des gaz à effet de serre de la Belgique. "Selon mon administration, de 6,5 millions à 6,8 millions de tonnes équivalents CO2 autorisées se sont ajoutées pour la période 2021-2030. En d'autres termes, en rapportant plus de pollution en 2020, on peut davantage polluer durant la période suivante", a souligné la ministre. En revanche, le calcul des émissions de gaz à effet de serre pour la période 2013-2017 s'est fait sur la base du rapportage de 2019, où les émissions de 3M étaient recensées à un niveau largement inférieur. De la sorte, la Région flamande n'a pas dû délivrer de droits d'émission pour environ 5 millions de tonnes de GES. "Je suis abasourdie par ce que permettent les règles actuelles d'émission de gaz à effet de serre et le fait que le rapportage d'une entreprise impliquée dans un scandale écologique puisse avoir un tel impact. D'une part, 5 millions de tonnes de GES pour lesquelles il n'a fallu fournir aucun droit d'émission tombent du ciel, d'autre part, le rapportage pour une année rend possible un niveau de pollution plus élevé pour la période suivante. Nous parlons d'11 millions de tonnes d'équivalents CO2, soit l'émission de tout le parc automobile belge pendant un an", a expliqué Mme Khattabi. (Belga)

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