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Les étudiants bloqués dans une station de ski en France enfin de retour en Belgique: "C'était très pénible"

Ce samedi, nous vous parlions du retour chaotique d'Isabelle d'une station de ski. Dans la nuit de samedi à dimanche, ce sont plusieurs centaines d'étudiants belges et néerlandais qui ont vécu une situation similaire. En Savoie, faute de transport, quelque 900 étudiants belges et néerlandais, en séjour au ski, ont passé une partie de la nuit dehors, bloqués entre 21h00 et 5h00 dans la station de Saint-Sorlin-d'Arves (Savoie), selon les pompiers locaux. Cinq d'entre eux, souffrant d'hypothermie, ont été évacués vers le centre hospitalier de Saint-Jean-de-Maurienne.

Finalement, 600 étudiants ont quitté la station durant la nuit pour repartir dans leur pays, tandis que d'autres ont été hébergés à Saint-Jean-de-Maurienne, ont ajouté les pompiers et la préfecture. Ce serait un problème d'organisation dans le chef du voyagiste qui a mené à cette situation, selon Le Dauphiné. Les chauffeurs avaient trop roulé et n'étaient pas en assez grand nombre pour assurer le retour des vacanciers, affirme le quotidien local.

Ils auraient dû prévoir une solution de secours


Ce dimanche en fin d'après-midi, des étudiants sont rentrés à Louvain-la-Neuve, heureux que le calvaire se termine. Plusieurs ont accepté de parler à nos reporters. "Le départ était normalement prévu vers 19h. On était occupé à manger sur les pistes quand on a reçu un SMS disant qu'on devait partir d'urgence à 14h. Donc à partir de ce moment-là on a rendu nos skis et tout. Ensuite on a attendu beaucoup de temps avec nos valises dehors, dans le froid, sans aucune information. On est parti au final de la station même à 19h pour descendre un peu plus bas, et au final attendre beaucoup de temps. C'était vraiment très pénible", explique cet étudiant.

Là, la patience des jeunes voyageurs est à nouveau mise à rude épreuve. Pour notre témoin, le départ s'est finalement fait vers 21h30. "On a eu la chance de partir dans les premiers, on était très content, on est parti à 21h30", précise le jeune homme. "C'était un fiasco total".

Lorsque nous interrogeons les jeunes, ils ne comprennent pas pourquoi cette situation n'a pas été prévue. "Le climat a fortement joué, évidemment c'était à cause de ça. Mais Totally (NDLR: Totally Skikot, l'association organisatrice du voyage) n'a pas bien anticipé cette possibilité qu'il y avait en fait. Ça fait deux jours qu'il neige sans arrêt, des dizaines et des dizaines de centimètres. Ils auraient dû prévoir une solution de secours, ce que eux n'ont pas fait", estime un autre étudiant.


"On a fait 5km en 8h"

Après avoir passé une semaine organisée par l'association Totally Skikot, ces centaines d'étudiants devaient donc prendre la route du retour à 19H ce samedi. Ce dimanche matin, Louis, un étudiant, s'est confié par téléphone à notre rédaction. Samedi en fin d'après-midi, lui et ses amis ont vite compris que les choses n'allaient pas se passer comme prévu. "On a fait 5km en 8h", a-t-il expliqué ce dimanche. À un moment, le bus ne pouvait plus avancer. Le groupe a dû descendre en direction de la boîte de nuit du village. "On a dû faire 2km avec nos valises dans la station", explique Louis. Mais à l'intérieur, il n'y avait pas assez de place. "C’était assez petit. Certains n’ont pas pu rentrer et ont dû trouver un autre endroit en attendant", ajoute-t-il. Sans internet, les étudiants ont dû patienter pendant 4 heures.



Une guide assure que les étudiants ne se sont pas retrouvés sans eau et nourriture

D'après Alice, une guide de Totally présente sur place, ces jeunes ne sont par contre pas restés sans eau ni nourriture comme l'affirment certains. "Dès 16h, nous avons commencé à leur dire de prévoir leur repas du soir au cas où les choses ne se passeraient pas comme prévu et dans les endroits où ils ont pu être abrités, tard certes, le personnel des bars/boîte de nuit/bowling leur mettaient de l’eau gratuite à disposition", assure-t-elle.



"Des ambulanciers étaient prêts à intervenir en cas de malaise"

Alice tient aussi à souligner l'implication des organisateurs. "Des ambulanciers étaient prêts à intervenir en cas de malaise et tous les guides responsables ne se sont pas assis une seule fois en 15 heures afin d’être disponibles pour répondre aux questions des jeunes, subir leur colère et les rassurer du mieux qu’on pouvait", confie-t-elle. "Le problème d’immobilisation des cars était presque hors de notre portée, et pourtant nous avons pu finalement trouver une solution pour quitter la station avec seulement quelques heures de retard", ajoute la guide. 

Finalement, les étudiants et les organisateurs ont en effet pu remonter dans le bus, mais ils ont encore dû rester immobiles les 3 heures suivantes. Un groupe doit arriver normalement à Liège ce dimanche vers 14h. 

Selon Pascale, qui a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous vers 9h30, il restait encore "une cinquantaine de jeunes qui n'ont toujours aucune nouvelle de leur car!". Ce dernier est arrivé sur place vers 10h20 avant de prendre la route vers la Belgique.

Alice admet en tout cas avoir vécu une nuit très difficile. "Tant les clients que les personnes responsables ont vécu un cauchemar. Même moi en tant que psychologue, j’étais à deux doigts de la crise d’angoisse portée par l’inquiétude des groupes".

Ça fait partie des risques de la montagne

Ce dimanche après-midi, la responsable communication chez Totally s'est exprimée à notre micro. Selon elle, la communication avec les autorités locales n'a pas bien fonctionné. "La vérité c'est que le fait que des étudiants restent bloqués pendant une nuit en station, désolé de dire ça comme ça, mais en soi ce n'est pas un problème. À partir du moment où il y a une tempête de neige, à partir du moment où c'est trop dangereux, ça peut arriver. Ils sont au courant et ça fait partie des risques de la montagne. Nous, ce qu'on déplore, c'est justement ce manque d'aide et de coordination", a expliqué Marie Collin.

Totally estime avoir fait le nécessaire pour protéger ses clients. L'agence a annoncé son intention de porter plainte contre la préfecture.


Un chauffeur de car décrit ce week-end difficile

Un chauffeur de car a tenu à réagir via notre bouton orange Alertez-nous. Thomas Huberty vient de déposer son groupe d'étudiants à Bruxelles vers 18h ce dimanche. C'est la conclusion d'un week-end très pénible pour ce professionnel. "Nous sommes arrivés samedi vers 8H à Saint-Jean-de-Maurienne (NDLR: commune située à proximité de Saint-Sorlin-d’Arves) pour déposer un groupe de voyageurs venu de Belgique. Là, la gendarmerie nous a interdit de monter vers la station jusqu'à 13h30. Nous avons déchargé notre groupe vers 14h45. En montant, la société Totally Skikot nous a contactés. Ils nous ont dit que leurs étudiants allaient redescendre vers Saint-Jean-de-Maurienne avec des navettes dans un complexe sportif", explique ce témoin.

Thomas Huberty, qui vient de faire le trajet Belgique-France, explique respecter les règles de sécurité et prendre les neuf heures de coupure obligatoires. "Avec mon collègue on s'est rendu au complexe sportif à 16h et on a fait nos neuf heures dans l'autocar et pas à l'hôtel pour gagner du temps et ne pas pénaliser le groupe. On a prévenu Totally qu'à partir de 1h du matin on pouvait charger et partir", indique Thomas.

Vers 21h15, le chauffeur affirme cependant ne pas avoir de nouvelles de l'organisateur de voyages. "À 1h du matin, on nous appelle pour dire que les plans ont changé. Les étudiants ne vont pas descendre en navettes, c'est nous qui devons monter en station pour les charger. On a dû chaîner le véhicule car il a commencé à neiger. On est arrivé à Saint-Sorlin-d'Arves vers 2h30. Et là on a appris que le préfet refusait que les cars redescendent", confie Thomas.

Après déjà quelques péripéties, le chauffeur attend alors jusqu'à 6h30 du matin ce dimanche. "Là on a pu charger les étudiants et on a quitté Saint-Sorlin-d'Arves vers 7h15. On a ensuite fait le trajet et on est arrivé à Bruxelles vers 18h", explique-t-il.

Thomas tient à rappeler les efforts fournis par les chauffeurs dans cette affaire. "Nous les chauffeurs belges, on a fait ce qu'on pouvait. On n'a pas beaucoup dormi depuis vendredi. On a pris à peine un repas chaud, si on peut l'appeler ainsi. On a respecté les mesures de sécurité, car on a tous en tête les accidents déjà survenus dans le passé, tout en faisant de notre mieux pour améliorer la situation", conclut-il.

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