Accueil Actu

Les larmes de douleur des blessés du séisme meurtrier en Afghanistan: "La situation était horrible, il y avait des cris partout"

Les sauveteurs tentaient désespérément jeudi de venir en aide aux victimes du séisme qui a fait au moins un millier de morts dans le sud-est de l'Afghanistan, mais leurs efforts étaient entravés par le manque de moyens, le terrain montagneux et les pluies abondantes. Les blessés qui ont perdu les leurs sont minés par le chagrin.

"Désormais je suis seule, je n'ai plus personne". Sur son lit d'hôpital à Sharan, Bibi Hawa a le visage déformé par les larmes. Au moins une douzaine de membres de sa famille sont morts dans le tremblement de terre qui a frappé mercredi le sud-est de l'Afghanistan.

"Où vais-je aller, où vais-je aller? Mon coeur est faible", répète Bibi Hawa, 55 ans, en pleurs. Elle habitait dans le district de Gayan, l'un des plus touchés par le séisme.

Une infirmière tente de la calmer, en lui parlant et en lui caressant le front doucement avec la main.

Dans la salle, comme elle, une douzaine de femmes sont allongées sur un lit. La plupart dorment, enfouies sous une couverture, certaines avec une perfusion reliée à leur bras.

Nous pensions que cet enfant était mort, mais tout à coup il a pleuré

Shahmira, elle, est assise. Elle n'est pas blessée et tient son petit-fils d'un an allongé devant elle. Il a un grand pansement sur une tempe. Sur le lit d'à côté, sa belle-fille dort. Son fils, blessé également, est soigné dans une salle de l'hôpital.



"Nous étions en train de dormir quand nous avons entendu un grand bruit. J'ai crié, j'ai pensé que ma famille était enfouie sous les décombres et que j'étais la seule" à avoir survécu, raconte-elle, un grand châle coloré sur la tête.

"Nous pensions que cet enfant (son petit-fils) était mort (...) Mais tout à coup il a pleuré. Nous avons aspergé d'eau son visage et il s'est mis à respirer", ajoute-t-elle.

Dans une salle voisine, une dizaine d'hommes sont là aussi étendus sur leur lit. Un père tient son fils sur ses genoux. L'enfant porte un pantalon moutarde avec des petits coeurs noirs. Le bas de sa jambe gauche est plâtré.



"C'est comme un tsunami"

Un garçon est allongé sous une couverture bleue. Son bras gauche est plâtré. Sa chemise kaki est encore poussiéreuse. Sur son front a été collé un pansement blanc avec le mot "urgence" écrit au feutre noir. Ses yeux sont rougis de fatigue et de pleurs.

Dans une autre salle, Arup Khan, 22 ans, est venu accompagner à l'hôpital sa cousine blessée. Deux membres de sa famille ont péri.

"Quand je me suis relevé, j'étais couvert de poussière. Des personnes sont arrivées et nous ont sortis de là. La situation était horrible (...) Il y avait des cris partout, les enfants et toute ma famille étaient sous la boue", dit-il.



"C'est tellement triste", lâche Mohammad Yahya Wiar, le directeur de l'hôpital de Sharan. Il a été alerté vers 3h00 du matin et a tout de suite envoyé des équipes sur place. Elles sont arrivées seulement vers 9H00, tant les zones touchées sont difficiles d'accès.

Quand les blessés sont arrivés, ils "pleuraient, et nous aussi nous avons pleuré", dit-il.

Les personnes le plus grièvement atteintes ont été dirigées vers les hôpitaux des villes de Gardez et Ghazni, équipés de bloc opératoires.

"Notre pays est pauvre et manque de ressources. C'est une crise humanitaire. C'est comme un tsunami. On ne peut décrire comment c'est, mais c'est vraiment une situation difficile", conclut le médecin.

Devant l'hôpital, une centaine d'hommes attendent. "Ils sont venus pour donner leur sang. Environ 300 l'ont déjà donné depuis ce matin", explique un taliban.

Au moins un millier de morts et 1.500 blessées

Le tremblement de terre, d'une magnitude de 5,9, est survenu aux premières heures de mercredi cette région rurale pauvre et difficile d'accès, frontalière du Pakistan. Déjà aux prises avec une crise économique et humanitaire, l'Afghanistan est frappé par une nouvelle tragédie, qui constitue un lourd défi pour les talibans, au pouvoir depuis la mi-août.

Il s'agit du séisme le plus meurtrier qu'ait connu l'Afghanistan en plus de deux décennies.

Au moins un millier de personnes ont été tuées et 1.500 blessées dans la seule province de Paktika, la plus affectée, selon les autorités qui craignent que le bilan ne s'élève encore, nombre de personnes restant piégées sous les décombres de leurs maisons effondrées.

Le gouvernement taliban a fait appel à l'armée, mais il n'a que peu de moyens. Ses ressources financières sont très limitées, après le gel de milliards d'avoirs détenus à l'étranger et l'arrêt brutal de l'aide internationale occidentale, qui portait le pays à bout de bras depuis 20 ans et ne revient plus qu'au compte-gouttes depuis le retour au pouvoir des islamistes.

À lire aussi

Sélectionné pour vous